De retour de New Delhi

Ahmed Ouyahia aujourd’hui à New York Entre le président Abdelaziz Bouteflika et Ahmed Ouyahia la confiance semble régner. Et pour cause, le chef du RND est en passe de devenir le vrai ministre des Affaires étrangères... Moins d’une semaine après avoir été dépêché à New Delhi par le président de la République pour le représenter personnellement au sommet «Inde-Afrique», Ahmed Ouyahia s’envole aujourd’hui à destination de New York pour conduire une autre mission en son nom.En effet, un communiqué de la présidence de la République a indiqué hier que le chef du RND va conduire la délégation algérienne à la réunion de «Haut niveau» du Conseil de sécurité des Nations Unies sur les relations entre l’ONU et les organisations régionales, en particulier l’Union africaine, dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales, qui se tiendra aujourd’hui à New York. Ce qui confirme que la mission de l’Inde est loin d’être un simple hasard de calendrier ni un quelconque problème de disponibilité des ministres du gouvernement Belkhadem. Le fait que Ahmed Ouyahia hérite d’une mission aussi importante dans un pays aussi important que les Etats-Unis, mais aussi les Nations unies, est un signe qu’il jouit d’une grande confiance de la part du président de la République. Cela constitue également un désaveu sans appel à Abdelaziz Belkhadem qui se voit ainsi doubler par un chef d’un parti rival qui, plus est, n’est titulaire d’aucun portefeuille ministériel. Pour Ahmed Ouyahia, parti en 2006 de la chefferie du gouvernement dans des conditions peu enviables, c’est là un retour en fanfare. Et ceux qui péroraient sur une prétendue brouille entre le président et Ouyahia doivent être maintenant édifiés que les deux hommes sont sur la même longueur d’ondes. L’envoi de Ahmed Ouyahia à New York peut s’interpréter également comme un indice que ce dernier qu’on présente comme le concurrent potentiel de Bouteflika à la présidentielle de 2009 est définitivement hors course. Mieux encore, Ahmed Ouyahia sera désormais un atout majeur de Bouteflika durant sa campagne, dès lors qu’il a accepté de lui prêter main forte sur le front diplomatique. Il faut rappeler cependant que la mission de Ouyahia à New York rentre parfaitement dans le champ d’intervention d’un homme qui a travaillé pendant cinq années au sein de la mission permanente de l’Algérie aux Nations unies. C’est dire qu’il est bien placé pour faire entendre la voix de l’Algérie, lui qui a tissé des liens entre 84 et 89 dans les rouages des Nations unies et connaît sans doute parfaitement les organisations régionales et internationales. Diplomate accompli, Ahmed Ouyahia a commencé sa carrière en 1975 au ministère des Affaires étrangères au niveau du département des Affaires africaines. Il est ensuite envoyé, en 1981, comme conseiller aux Affaires étrangères à l’ambassade d’Algérie en Côte d’ivoire, puis, en 1984, à la direction de la Mission permanente de l’Algérie aux Nations Unies à New York. De 1988 à 1989, il devient co-représentant algérien au conseil de sécurité des Nations Unies, puis, à partir de 1990, conseiller au ministère des Affaires étrangères à Alger, pour devenir directeur général du département africain du ministère. Au chapitre de ses mission à l’étranger, Ahmed Ouyahia a eu à diriger le département africain jusqu’en août 1992 lorsqu’il est envoyé comme ambassadeur au Mali, chargé de négocier la paix comme intermédiaire dans le conflit entre le gouvernement malien et le mouvement Touareg, Azaouad, réussissant à faire accepter le traité de «Pacte national» de Bamako. Le retour de Ouyahia aux Affaires étrangères annonce-t-il pour autant son éventuelle nomination au poste de chef de la diplomatie algérienne? Rien ne le dit mais cela renseigne parfaitement sur les relations entre lui et le président de la République. Entre Bouteflika et Ahmed Ouyahia, c’est la lune de miel. Amine Makri