Algérie

De Pouillon à Chaâbane



Certains quartiers d'Alger étaient naguère de véritables repères en termes de renouveau architectural. Des cités conçues et réalisées au milieu du siècle dernier ont été construites suivant un style urbanistique moderne et avant-gardiste unique en son genre. L'ensemble d'immeubles de Diar El Mahçoul construits durant les années 1950, ou encore celui de Diar Es Saâda qui, tous deux, portent le sceau du grand architecte Fernand Pouillon, en sont l'exemple illustre. La notion d'espace urbain y a été magistralement mise en exergue afin de valoriser un aménagement en faveur du bien-être des habitants. Aujourd'hui, ces cités tendent à se bidonvilliser. A l'image de la décadence qu'a connue le pays ces dernières années sur tous les plans et à tous les niveaux, la sauvegarde de l'agencement initial de ces cités n'a pas échappé au déclin généralisé des multiples facettes de la vie des Algériens. La fadeur et l'insipidité ont eu au bout du compte, raison de ces « 'uvres ». C'est ainsi que des rajouts difformes viennent tantôt se greffer aux immeubles mêmes, tantôt aux espaces immédiats de ces derniers.La fluidité et la continuité urbaine se retrouvent subitement entrecoupées par des éléments intrus, donnant à ces cités des allures disproportionnées, tant le paramètre de la mise en valeur de l'espace urbain a été totalement foulé, par de nouveaux « concepts » qui relèvent purement et simplement de l'anarchie. Cet ensemble nouveau disgracieux est assurément le résultat d'un laisser-faire avéré, sinon comment la raison aurait-elle admis l'implantation de kiosques et autres commerces d'alimentation générale, là où Pouillon avait prévu des espaces verts et des aires de jeux. Dans l'enchevêtrement des allées à la parfaite symétrie, des mansardes aux toitures de tôle ondulée qui servent d'extension aux logis des rez-de-chaussée, viennent altérer davantage la beauté originale des bâtiments. Quand on n'arrive pas à faire mieux ou au moins pareil, essayons de sauvegarder ce qui existe déjà. Sous d'autres cieux, ces cités auraient été sans aucun doute classées patrimoine national, chez nous, elles se retrouvent livrées aux actes de dégradation par la faute et la cupidité de nos responsables et déclassées également au rang de ghetto.


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