Algérie

De plus en plus précis



Autant la mobilisation populaire du 22 février écoulé n'a point décru, donnant la nette impression de renaître chaque vendredi, autant l'esprit créatif et ingénieux des millions de manifestants force tout simplement l'admiration et le respect par son adaptation aux nouvelles donnes.M. Kebci - Alger (Le Soir) - Hier, pour son septième vendredi et son tout premier d'une Algérie sans Bouteflika à la tête des affaires du pays, la révolution tranquille du 22 février dernier a, une fois de plus, étalé un de ses atouts qui forcent l'admiration et le respect aux quatre coins de la planète : l'esprit créatif et ingénieux des millions de manifestants qui, chaque semaine, actualisent leurs slogans et mots d'ordre à la lumière des développements intervenus, conférant ainsi à ce sursaut un contenu politique insoupçonné.
Et la démission du président de la République, mardi dernier en début de soirée, n'a, en fait, fait qu'attiser davantage cet esprit créatif chez notamment les jeunes qui ont redoublé d'ingéniosité en confectionnant des mots d'ordre où la dérision, qui a joué le beau rôle, jusqu'ici, cède le pas à des slogans politiques de plus en plus élaborés et précis. Ecrits en gros caractères sur des banderoles, ou à l'aide de marqueurs, voire de simples stylos sur des bouts de cartons, des feuilles ou des morceaux de tissus, ces slogans sont également, pour certains d'entre eux, repris à gorge déployées par ces millions de manifestants.
«Lorsque le gouvernement pousse le peuple à la ruine par tous les moyens, la désobéissance de chaque individu n'est pas un droit mais un devoir national», pouvons-nous lire, sur une grande banderole accrochée à un balcon sur la rue Didouche-Mourad. Un peu plus loin, au niveau de l'esplanade faisant face à la Grande-Poste, une grande banderole était lisible de loin où on pouvait lire «Pour le départ du gouvernement Bedoui, pour une instance indépendante d'organisation des élections. Non à la reproduction du scénario égyptien». « Goulna ga3, c'est ga3 (On a dit tout le monde, c'est tout le monde) », lit-on sur une banderole. «En Algérie, c'est toujours le peuple qui écrit son histoire », lit-on sur une autre. Les manifestants, jeunes, enfants, adultes et vieux et des deux sexes. Il faut dire que nombreux sont les manifestants qui portaient des pancartes et autres écriteaux revendicatifs. Comme celui-ci «Les deux clans du système à la poubelle de l'histoire, un seul vainqueur, le peuple», porté par un jeune, les deux drapeaux national et amazigh portés en bandoulière, ou encore «Le peuple, ministre de la Défense nationale» brandi fièrement par une dame d'un certain âge au moment où celle qu'elle présente comme étant sa fille aînée, portait un autre slogan : «La lutte jusqu'à la chute du régime». Un autre slogan, «FLN, RND, TAJ et MPA, partis de Bouteflika, pas de place à vous dans le changement» est porté par un vieux à la barbe hirsute alors qu'un jeune, qui était à ses côtés, à hauteur de la place Maurice-Audin portait une pancarte où on pouvait lire : «Ni islamistes, ni militaires, ni opportunistes un seul mot : la démocratie». D'autres slogans attirent l'attention, comme celui porté par une jeune étudiante qui était accompagnée d'amis à elle : «Etat profond=article 102, le peuple=article 2019». Ou encore celui porté sur une feuille par un jeune : «Système dégage, vérifie bien tes bagages et n?oublie pas tes compagnons de voyage». D'autres manifestants ont tout simplement porté leurs mots d'ordre préférés sur des t-shirts comme celui-ci : «Vous partirez tous» porté par six jeunes habillés de la même tenue. «Un général ne se rend jamais, même pas à l?évidence», ou encore «Gaïd Salah, le peuple n'est pas dupe» étaient également portés respectivement par une dame et un homme d'un certain âge, dans des messages clairs à l'endroit du chef d'état-major et vice-ministre de la Défense nationale.
Et certains de ces slogans étaient également repris à tue-tête par ces millions de manifestants comme les principaux slogans du jour : «Djeich chaâb khawa khawa». «Yetnehaw gaâ». «Bedoui, Belaïz, Bensalah dégagez» ou encore «Nous voulons une transition démocratique émanant du peuple», ou «Pour que la bande rende des comptes».
M. K.


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