De plus en plus de dépenses, un marché toujours plus concentré et au final, un dernier carré de la Ligue des Champions réservé à quelques privilégiés: tel est le tableau des transferts dans le football dessiné par une étude pour la Commission européenne, qui propose des mesures de régulation. Pogba, Neymar, Coutinho... Dans le «Big five» (Angleterre, Allemagne, Espagne, Italie, France), le montant des transferts est passé de 2 à 4,3 milliards d'euros entre 2012 et 2016, puis a encore augmenté de 40% en seulement un an, à 5,9 milliards d'euros en 2017, note cette étude diffusée sur le site de la Commission. Avec une Premier League dominante - 1,7 milliards en 2017 - malgré les transferts en France de Neymar et Mbappé, estimés à plus de 400 millions d'euros. L'inflation s'inscrit dans un contexte d'explosion des revenus dans ces championnats, dus notamment aux droits télés, qui sont passés de 4,2 à 8,5 milliards d'euros entre 2011/2012 et 2017/2018. Mais l'étude, réalisée par les cabinets KEA et Ecorys, relève aussi une hausse des investissements étrangers, avec 44 clubs désormais concernés, dont 39 depuis 2008. Pour 2016, on relève 10 nouvelles acquisitions, dont huit de la part d'investisseurs chinois. Dans leur synthèse, les auteurs de l'étude évoquent une «concentration des ressources dans les championnats les plus puissants et un petit nombre de clubs», ainsi qu'un «écart croissant entre les meilleurs clubs au sein des ligues majeures, mais aussi entre les différentes ligues en termes de performances économiques et sportives». Sur la période 1985-1996, les clubs du «big five» ont ainsi atteint 22 fois les demi-finales de la Coupe des clubs champions, contre 10 pour les autres championnats; mais entre 2006 et 2017, le dernier carré de la Ligue des champions n'est plus réservé qu'aux clubs du Top 5. Et encore, la France ne s'y est invitée que deux fois, contre 30 pour l'Espagne et l'Angleterre. Dans ce contexte, les règles du fair-play financier de l'UEFA, décidé en 2010, ont le mérite d'«améliorer la stabilité financière des clubs», mais pas d'équilibrer la compétitivité. Quant à l'interdiction de la tierce propriété (TPO), c'est-à-dire la cession par un club d'une partie des droits d'un joueur à un tiers - personne physique ou fonds d'investissement - l'étude relève que la règle peut être contournée en faisant rentrer des ««clubs fantômes» dans la manoeuvre. L'étude propose notamment de mieux réguler le milieu des agents de joueurs, avec un plafond plus strict sur les commissions. «L'actuelle réglementation n'a pas résolu le potentiel conflit d'intérêts dans le rôle des agents», notent les auteurs, qui résument: «plus de transferts signifie des revenus plus élevés pour les agents», et moins de stabilité pour les joueurs. Une hausse des mécanismes de redistribution prévus par la FIFA (indemnité de formation, contribution de solidarité) est également préconisée, tout comme des règles plus strictes sur les prêts de joueurs. «Des abus sont toujours récurrents sur le marché des prêts, cela permet à de grands clubs d'accroître leur écart avec les plus petits clubs sur le long terme et empêche parfois de jeunes joueurs de développer pleinement leur talent», expliquent les auteurs de l'étude. Enfin, la dernière mesure proposée est une «luxury tax», autrement dit une taxe sur les transferts les plus élevés. Une proposition qui figurait déjà dans le précédent rapport commandé par la Commission européenne sur le sujet, en 2013.
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Posté Le : 31/03/2018
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : L'Expression
Source : www.lexpressiondz.com