Algérie

De père en fils


De père en fils
Vocation - Le labourage traditionnel de la terre est un créneau généralement transmis de père en fils.
Ce métier pénible ne peut pas être exercé par n'importe qui, car le «fellah» a besoin de s'être habitué et d'avoir appris ce métier dès son plus jeune âge. En Kabylie, comme dans d'autres régions montagneuses du pays, les familles possédant les moyens de cette activité ont toujours été considérées comme «riches et nobles».
Durant la période du colonialisme français, la plupart des hommes travaillaient chez ces familles qui possédaient de vastes terres agricoles. «Il fallait commencer comme un simple employé en contrepartie d'une petite quantité de légumes secs (blé, orge, pois chiches, etc.). Pour pouvoir acheter une paire de b'ufs, on devait faire des économies afin d'acquérir d'abord une ou deux brebis et quand on disposait d'un cheptel de moutons, on pouvait alors aspirer à atteindre cet objectif», témoigne Aâmi Amar, septuagénaire, ancien laboureur habitant dans le village Aït Alouane (Bouira). Et puis, même après avoir acheté les b'ufs et la charrue, les villageois devaient apprendre à exercer convenablement. «Aux premières années de l'indépendance, un bon nombre de villageois possédaient ces outils de travail. Mais les anciens fellahs ne craignaient nullement l'effet de la concurrence, car ils étaient souvent sollicités au vu de leur savoir-faire», ajoute notre interlocuteur.
«Généralement, les jeunes, issus des familles exerçant dans ce domaine, n'ont pas quitté le pays, comme l'ont fait des centaines d'autres à l'époque. Ils n'étaient pas prêts à tenter une aventure en France, alors qu'ils avaient les moyens leur permettant de mener une vie digne. Et puis, ces derniers se chargeaient même de labourer les terres des émigrés soit en contrepartie de sommes d'argent ou une partie de la récolte», affirme, pour sa part, Aâmi Mohand, habitant le même village. C'est ainsi donc que cette profession s'est transmise de père en fils. Les parents initiaient leurs enfants à ce travail dès leur jeune âge dans des conditions très dures. «Les petits enfants acceptaient de nous accompagner avec une joie indescriptible. D'ailleurs, le premier jour où un jeune accomplissait à lui seul le labourage d'une petite parcelle, on le gratifiait d'un dîner spécial afin de l'encourager à aimer ce travail», ajoute ce vieil homme qui a passé, dit-il, près plus d'une quarantaine d'années dans ce domaine. Aujourd'hui, ceux qui continuent d'exercer dans ce créneau le font par amour et ne sont pas prêts à travailler ailleurs. «C'est un métier que j'ai appris avec mon père, que Dieu ait son âme. J'ai eu des propositions d'aller travailler dans des chantiers de bâtiment ou comme agent de sécurité, mais j'ai refusé, car ce métier me permet de bien gagner ma vie. Pour moi, c'est un honneur de travailler la terre. J'estime que tous les fellahs ont un lien affectif avec les b'ufs et la terre. Ça circule dans le sang !», dit Farid, la quarantaine, habitant au village Assif El-Djemâa (au sud de Draâ-El-Mizan). Aujourd'hui, il ne reste que quelques personnes qui exercent ce métier, la plupart des jeunes ont préféré quitter leurs villages et n'accordent plus d'intérêt à la terre. C'est dire combien ce créneau est voué à une disparition inévitable.
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