Algérie

De nouveaux soucis pour le gaz algérien


Pas plus tard que la semaine dernière, le ministre de l'Energie, Abdelmadjid Attar, faisait part de la difficile année à laquelle sont contraintes les exportations algériennes de gaz vers l'Europe, du fait des incidences de la pandémie et de la concurrence, notamment du gaz américain. Désormais, c'est avec une autre source concurrentielle que les exportations algériennes doivent compter.Quatre ans et demi après le lancement du chantier, le gazoduc trans-adriatique (TAP) destiné au transport du gaz de la mer Caspienne vers le marché européen est entré en exploitation il y a quelques jours. TAP transportera le gaz naturel du champ géant de Shah Deniz II dans le secteur azerbaïdjanais de la mer Caspienne vers l'Europe.
Long de 878 kilomètres, il se connecte au pipeline transanatolien (Tanap) à la frontière turco-grecque, traverse la Grèce et l'Albanie et la mer Adriatique, avant de débarquer dans le sud de l'Italie pour l'approvisionnement en gaz de plusieurs pays d'Europe du Sud-Est et potentiellement d'autres nombreux marchés encore plus larges.
Le nouveau gazoduc est à ce titre considéré comme un maillon essentiel du «corridor gazier sud de l'Europe», là où les intérêts du gaz algérien sont grands. Les Européens, en fait, dédient ce gazoduc au renforcement de leur sécurité énergétique, la diversification de l'approvisionnement ainsi que les objectifs de décarbonation. Un nouveau venu parmi les moyens de transport de gaz connectés à l'Europe, un marché d'importance majeure pour l'Algérie.
L'Algérie constitue, en effet, un fournisseur de gaz parmi les principaux de l'Europe, avec une part de marché de 12,3%, juste derrière les deux premiers fournisseurs que sont la Russie avec ses 39,3% de parts de marché et la Norvège qui en détient 19,2%.
Les partenaires européens, Italiens et Espagnols notamment, qui depuis quelque temps n'ont pas manqué de faire le forcing sur Sonatrach afin de réviser les prix de son gaz. C'est dans ce contexte, très singulier en prenant en compte les effets de la pandémie aussi bien sur les pays producteurs que les consommateurs, qu'intervient l'entrée en exploitation de ce gazoduc classé par la Commission européenne dans une liste de près de 200 projets d'infrastructures énergétiques essentiels, classés comme étant indispensables pour assurer la sécurité énergétique du Vieux-Continent. De quoi, en somme, ajouter de l'incertitude aux ambitions algériennes déjà mises à mal, comme l'expliquait Abdelmadjid Attar, la semaine dernière, par la demande réduite de la part des traditionnels clients européens de l'Algérie et la concurrence imposée par le gaz américain, moins cher. C'est une conjoncture qui fera que, si l'on se fie aux prédictions du ministre algérien de l'Energie, les exportations algériennes de gaz atteindront cette année 41 milliards de mètres cubes, soit 2 milliards de moins que l'année dernière. Ceci au moment où la production sera en baisse d'un milliard de mètres cubes, comparée à celle de l'année dernière, en raison du vieillissement des champs et de la rareté des investissements. Sans parler de la grosse part de la production que s'accapare la consommation intérieure, avec une augmentation annuelle de 5,3% annuellement depuis 2009 pour atteindre 46 milliards de mètres cubes l'année dernière.
Azedine Maktour
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