Algérie

De nouveaux repères à inventer



Ramadhan exceptionnel à cause du couvre-feu imposé pour des raisons sanitaires, les Oranais, philosophes par nécessité, s'organisent pour des veilles de soirées peu conventionnelles.Soirées ramadhanesques placées sous le sceau de la convivialité par définition, le confinement a changé les habitudes depuis près d'un mois et les réflexes de s'adapter à cette donne en s'articulant autour de nouveaux repères sociaux.
Pour Abdelkader, 51 ans, enseignant de français dans un lycée de la banlieue d'Oran, "on ne peut que se rendre à l'évidence et il est impératif de respecter les consignes et le couvre-feu même si, parfois, c'est plus délicat pour d'autres". Personnellement, il ne se plaint pas de ce confinement forcé, lui qui n'est pas forcément porté sur les soirées du fait de son travail. "L'année dernière, je devais être au lit vers 23h, 23h30 parce que je travaillais le matin", explique-t-il, ajoutant regretter seulement la mosquée et "marcher pour digérer".
Pour Nadia, 32 ans, fonctionnaire dans une administration locale, le plus important est la fin de ce confinement : "Une amie algéroise m'a dit qu'il prendra fin le 14 mai prochain et qu'on nous laissera respirer un peu", espère-t-elle, indiquant que, pour sa part, cette situation ne la change pas de son quotidien ramadhanesque, puisqu'elle n'est pas spécialement adepte des sorties nocturnes.
"L'année dernière, je ne suis sortie que lors de la dernière semaine du mois sacré pour faire des achats en vue de l'Aïd", dira-t-elle, précisant que ce sont plutôt les jeunes qui sont pénalisés pour ce Ramadhan. Elle ajoute que pas loin du quartier où elle habite, au centre-ville d'Oran, des groupes de jeunes bravent l'interdiction de rassemblement et se retrouvent au pied de leurs immeubles pour deviser, prendre un café ou fumer un joint sous la surveillance d'un hélicoptère des services de sécurité qui était de sortie après la rupture du jeûne.
Pour Mustapha, 55 ans, travaillant dans une banque privée, ce confinement ne change absolument rien pour lui, un casanier convaincu. "Je ne suis sorti que deux fois l'année dernière", confesse-t-il. Comme lui, ils sont nombreux à ne pas réellement sentir une quelconque contrariété, mais pour les plus jeunes, la situation est parfois difficile à concevoir. Pour Mehdi, 23 ans, étudiant en master 1 en français à l'université d'Oran 2, le circuit amis - café - parties interminables de dominos est celui qui va lui manquer le plus ainsi qu'à ses cousins Salah et Zineddine.
"On est obligé de se confiner, et pour remédier à ça, nous avons nos parties de jeux vidéo en ligne", espérant que la situation se décantera dans les plus brefs délais. Un sentiment partagé particulièrement par les cafetiers et les magasins de vêtements qui réalisent leurs plus gros chiffres d'affaires pendant ce mois.face à l'urgence. L'élan de solidarité se poursuit.


Saïd OUSSAD


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