La phase d'instruction des très nombreux dossiers liés à la corruption transmis au pôle spécialisé du tribunal de Sidi-M'hamed tire à sa fin, apprend-on auprès de sources concordantes proches de ces affaires.Abla Chérif - Alger (Le Soir) - La tâche est ardue et le cheminement souvent très long et lié à des procédures qui ont parfois nécessité des mois d'attente du retour des éléments demandés par les magistrats instructeurs. Dans la majorité des dossiers, l'enquête judiciaire a, en effet, nécessité l'envoi de commissions rogatoires dans plusieurs pays étrangers.
Des Etats, où les prévenus sont soupçonnés de détenir des biens immobiliers achetés avec un argent issu de la corruption ou détenant des affaires liées à des activités douteuses en Algérie, ont été visités par ces commissions qui s'attellent également à faire le point avec le plus de précisions possibles sur les montants contenus dans les comptes bancaires des concernés.
Cette procédure nécessite naturellement la coopération des autorités compétentes des pays sollicités. Tous les anciens ministres et hommes d'affaires poursuivis pour corruption ont été ciblés par cette procédure, nous dit-on, et les résultats varient naturellement d'une catégorie à l'autre. À leur retour, les commissions rogatoires ont présenté des rapports qui ont établi l'existence d'une nette différence entre les avoirs (biens immobiliers et sociétés) de la plupart des hommes d'affaires et les ex-ministres « au sujet desquels très peu de choses ont été trouvées ». Dans le cas de Abdeslam Bouchouareb, on croit savoir que le résultat des recherches a carrément été voué à l'échec. « Il a très vite réagi à la nouvelle situation et a liquidé tous ses biens », nous dit-on encore à ce propos.
Ce qu'il faut également savoir est que les enquêtes judiciaires diligentées ont nécessité de très nombreuses séances d'instruction qui passent nécessairement par l'audition des prévenus. Depuis le mois d'août dernier, tout se déroule au niveau du pôle spécialisé mis en place au tribunal de Sidi-M'hamed après la suppression du privilège de juridiction des ministres et hauts responsables qui étaient auparavant écoutés au niveau de le Cour suprême. Ici, même les jours de week-end sont mis à profit pour avancer dans les très nombreux dossiers en cours. Les habitués des lieux évoquent l'existence de pas moins de 34 dossiers liés à la corruption en cours de procédure. Ce chiffre n'englobe pas les affaires qui se déroulent depuis le mois de décembre 2019. Ce sont des dossiers nouveaux, connus pour la plupart puisque tant le ministère de la Justice que le parquet d'Alger ont communiqué sur le sujet durant l'été 2020. Ils ont annoncé la réouverture des grandes affaires qui avaient défrayé la chronique en leur temps comme celles de Khalifa Bank, l'autoroute Est-Ouest, Sonatrach II, et informé l'opinion que d'autres instructions étaient en cours au sujet de l'ANA (Agence nationale des autoroutes) et de l'ANBT (Agence nationale des barrages et transferts). Depuis le déclenchement de l'opération de lutte anti-corruption, très peu de ministres de Bouteflika ont échappé à la justice. En tout, ils sont vingt à avoir été poursuivis. Dix-sept d'entre eux ont été incarcérés tandis que deux autres se trouvent en fuite à l'étranger (Chakib Khelil et Abdeslam Bouchouareb). La plupart d'entre eux continuent à être régulièrement auditionnés dans différentes affaires. Depuis sa mise sous mandat de dépôt, Houda Feraoun a, par exemple, été entendue à trois reprises et l'ancienne ministre de l'Industrie, Djamila Tamazirt, deux fois. Les deux ex-chefs de gouvernement viennent, cependant, en tête de liste dans les mouvements liés à ces procédures : « Il est arrivé que l'un ou l'autre de ces derniers soit auditionné le même jour pour plusieurs affaires différentes .»
A. C.
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Posté Le : 11/01/2021
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Abla Chérif
Source : www.lesoirdalgerie.com