Algérie

De lumière et de ténèbres



Quatre jours durant, le siège de la mairie de Constantine, la troisième ville du pays, a été plongé dans le noir faute d'électricité. La Société de distribution d'électricité et de gaz de l'Est (SDE) a carrément coupé le jus à une institution publique censée être la plus proche des citoyens de la ville, régler ses problèmes courants et pourquoi pas, améliorer ses conditions de vie.
Une APC qui oublie que l'électricité se paie et de préférence au bon moment, parce que le vendeur d'électricité ne vend pas son électricité pour des prunes, une entreprise qui oublie de fonctionner comme une entreprise au point d'accumuler des créances de près de quatre milliards et demi de centimes chez un seul client qu'elle ne considère pas toujours comme client.
Et voilà une municipalité précipitée dans les ténèbres et des Constantinois hilares qui se font renvoyer des services communaux, paralysés par l'obscurité et l'incurie des maîtres des lieux. Pour se donner raison, l'APC de Constantine a tout simplement déposé plainte contre la Sonelgaz à qui elle compte faire payer «les préjudices subis». Mais cette ténébreuse histoire aura tout de même servi à quelque chose. Elle a permis à faire' la lumière sur certains «détails».
D'abord que l'APC de Constantine consomme quelque 44 millions de dinars d'électricité en trois ans. Ensuite que «les affaires des citoyens» pouvaient constituer un préjudice pour lequel on peut demander réparation. Et enfin que la Sonelgaz qui se comporte rarement en entreprise au point de recouvrer ses créances avant qu'elles ne deviennent trop lourdes pour tout le monde est quand même capable de le faire. En défiant une institution de l'Etat qui plus est.
A propos de lumière toujours, on ne peut pas vraiment dire qu'elle a brillé sur l'hôtel Ryadh de Sidi Fredj où le «comité central» du FLN a tenu une session aussi sombre que les couloirs de la mairie de Constantine. D'abord les guillemets du comité central sont dus au fait que Abdelaziz Belkhadem ait rameuté beaucoup de ses soutiens qui ne sont pas membres de cette instance du parti pour pouvoir faire voter sa motion de confiance là où il était question de'
retrait de confiance ! Des députés fraîchement élus, des mouhafedhs et de sombres «militants» aux bras musclés ont réussi à lui faire franchir bien des barrières avant de parvenir à la tribune où apparemment il n'a pas eu trop de mal à imposer son maintien à la tête du FLN.
Un vote à main levée pas très «clair», de violents accrochages très nets, des membres du comité central interdits d'accès à la salle de conférences et d'une manière générale, beaucoup' d'électricité dans l'air ! Pendant que les contestataires broyaient du' noir sur le parvis de l'hôtel, Belkhadem entamait tranquillement son discours. Et il n'y a certainement pas que Sidi Fredj qui l'avait inspiré pour commencer par le commencement, c'est-à-dire revenir opportunément à son fonds de commerce favori : la criminalisation du colonialisme.
Il voulait tellement se tenir à distance respectable du sujet de l'heure qu'il est allé très loin. Pendant que plusieurs membres du comité central étaient conduits à l'hôpital en raison des blessures subies dans les bagarres, alors que l'hymne national était copieusement chahuté dans la salle même où on demandait le repentir de la France. Bien sûr, les deux parties en conflit se rejettent la responsabilité dans ce comportement scandaleux, sur lequel il faudra bien faire la lumière.
Les jeux de mots n'étant plus de mise, le fait que ce soit dans une réunion de «champions» des constantes nationales et des valeurs de Novembre que l'innommable arrive est révélateur. Révélateur des bagarres de chiffonniers que se livrent cycliquement les clans dans ce parti pour les intérêts les plus bas, révélateur de la nature réelle des enjeux qui les motivent, et surtout révélateur que la confrontation des idées au FLN est une vue de l'esprit.
Ce soir à Sidi Fredj, quelque chose d'irrémédiable s'est produit face à la mer. Une mer un peu trop agitée pour que le discours de Belkhadem, miraculeusement reconduit à main levée, soit audible. Il aurait fallu pour cela qu'il (le discours) traverse les couloirs et le parvis de l'hôtel Ryadh où résonnaient encore les coups bas et les coups tout court.




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