La commune de Birkhadem a bradé sa vocation agricole pour se contenter de simples activités lucratives. Réputée pour ses terres fertiles, les dignitaires ottomans y avaient érigé des résidences secondaires. Le toponyme «puits de la négresse» remonte vraisemblablement à la période ottomane. D'après une tradition orale, une vieille négresse (el khadem) puisait l'eau d'un puits (bir) pour désaltérer les troupes de passage. Durant la période coloniale, ces mêmes étendues ont fait le bonheur des riches exploitants agricoles.«Depuis 1856, l'année où elle décrocha son statut de commune de plein exercice, Birkhadem n'a cessé de prospérer pour devenir un pôle économique important», a indiqué Hamid Gheroufella, un économiste reconverti en historien. Jusqu'en 1962, les noms de Fédélich, un richissime exportateur de fruits et légumes ou celui de Berthier, un fabricant de pompes hydrauliques, étaient fort réputés. D'aucuns affirment que le dynamisme et la prospérité qui caractérisaient cette ville de banlieue, s'estompèrent après les années 1970 avec le désintérêt affiché certainement pour le travail de la terre. Abandonnées, les exploitations agricoles furent progressivement envahies par le béton. De grandes cités furent élevées dans des anciennes fermes, ainsi que de nouveaux lotissements également créés.
Résultat : la localité de Birkhadem a connu une urbanisation tentaculaire et anarchique. Le coup de grâce a été donné pendant la décennie noire. Les délégués exécutifs communaux (DEC) appelés à gérer la commune ne sont pas parvenus à maîtriser la situation. Le phénomène de la dilapidation du foncier agricole a été déclenché au profit de particuliers, au point que les poches foncières se faisaient de plus en plus rares. Hormis deux unités économiques, à savoir le complexe laitier d'Alger Colaital, implanté aux Vergers sur les bases de la défunte Laico, déclarée en faillite en 1955, et l'unité commerciale de l'Onama (Office nationale du matériel agricole), la ville n'a rien d'un pôle économique attractif. Bien qu'employant 519 travailleurs, l'unité de Colaital est secouée par des grèves cycliques. A part quelques banques, la municipalité est dominée par les activités lucratives exercées par les petits commerces. Les membres de l'association Le défi, considérée comme la plus active à Birkhadem, montrent une bonne volonté pour redynamiser leur commune.
Pour actionner ce déclic, ils proposent la récupération de certains espaces permettant une valorisation des ressources humaines de la commune. Autour du fameux puits, qu'ils ont localisé au sein de l'Institut de la formation professionnelle, s'élèvent encore des merveilles architecturales. Citons entre autres, la résidence Ben Négro, occupée par un membre du Diwan (conseil) du dey, celle de Cheikh El Bled, conseiller municipal, Kaïd El Bab (préfet de la porte, Khaznadar (trésorier), Djenane Safar (l'orfèvre du dey). Non préservées, ces magnifiques résidences sont sérieusement délabrées. Les représentants du mouvement associatif ont beau lancer des appels pour récupérer ces structures, aucune suite n'a été donnée.
«A chaque festivité, nous saisissons l'occasion pour attirer l'attention des autorités, tout en leur proposant de récupérer ces édifices afin d'y aménager des espaces d'expression pour les jeunes, des musées, des auberges de jeunesse et des conservatoires. Quand ils sont encouragés et bien encadrés, les jeunes font des merveilles. Malheureusement, nous n'avons pas trouvé d'interlocuteur et notre commune sombre dans la léthargie. Les membres des associations les plus dynamiques sont démotivés», a regretté Hamza Ould Mohand, président de l'association Le défi. Pour sa part, le président de l'APC, Hamid Touati, déclare que la redynamisation de la commune pourra se concrétiser une fois l'arrêté de transfert des anciennes exploitations agricoles pour concrétiser certains volets du plan de développement communal signé.
«Nous avons bien étudié ce cas. Si l'arrêté de transfert est établi, nous pourrons satisfaire les demandes de logements, faire face aux problèmes de l'emploi et au manque d'activités», a affirmé le P/APC. Toutefois, durant ces mêmes moments, les regards se focalisent sur l'opération de relogement initiée par la wilaya d'Alger. Les occupants des 13 bidonvilles, implantés dans le territoire de la commune, sont accueillis à la bibliothèque communale. «Sur la base d'un recensement effectué en 2007 dans 13 bidonvilles, des listes ont été établies et envoyées à la wilaya. Après vérification, des omissions ont été constatées. Ces cas seront révisés mais d'autres, très épineux, présenteront certainement des complications à résoudre», a conclu l'élu local.
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Posté Le : 03/08/2013
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Lamine
Source : www.elwatan.com