Le 17 mai, un «jour fatidique» pour le changement? C'est, selon unedépêche, ce qu'aurait dit M. Moussa Touati, de Médéa, à propos d'une électionqui fait, toujours, plus bâiller qu'emballer.« Fatidique»? Ce serait vraiment faire de l'humour au second degré pourune élection très tranquille où tous les «adversaires» ou presque, défendentavec la même ardeur de commande, le programme du président de la République. Comment faire la différence entre ceux qui sont dans le «consensus»derrière «l'homme du consensus»? L'exercice n'est pas facile et les concernés,eux-mêmes, paraissent éprouver cette difficulté à être «différents» tout enétant unis derrière le président. Impossible que le 17 mai puisse être celuid'un quelconque chambardement puisque le MSP et le RND ont, bien avant le débutde la campagne, concéder que le FLN sera le «1er» et qu'eux les seconds. Doncle seul petit «mystère» serait de connaître qui, d'Ouyahia ou de Soltani, serale second. Pas de quoi faire du 17 mai un moment «renversant» et d'ailleurs le«1er», Abdelaziz Belkhadem, l'a dit au bon peuple de Blida: «celui qui veut lastabilité, qu'il vote pour le FLN». La stabilité, n'est-ce pas, quand on luiôte les aspects d'ordre public, l'éloge et la défense du statu quo? Cela auraitpu être matière à débat, mais comme on le sait, tous ou presque, sont comme leFLN, des serviteurs du programme du président de la République. Et cela nedonne pas de champ et les fameux «équilibres nationaux» ne doivent guère êtrebousculés. C'est donc faire preuve d'humour involontaire que de qualifier le 17mai de «jour fatidique». On le doit sûrement au rédacteur de la dépêche -ou au«traducteur» - qui a choisi ce terme un tantinet révolutionnaire plutôt que letrès classiquement conventionnel «décisif» ou «Hassem» dans la langue du Jahiz.Pour ce jour «décisif-fatidique», Moussa Touati attend du peuple de fairedes «voix de construction». Il a dit que le changement que les Algériensveulent doit «s'opérer à travers les urnes et non par la force des armes». Elémentaire... Tout comme le couplet général et codé que l'on retrouvechez pratiquement tout le monde sur la «nécessité» du respect de latransparence et du choix du peuple... «Codé» car il paraît qu'il est,désormais, inconvenant de parler de «fraude». Mais Saïd Sadi a décidé d'en parleren estimant qu'un taux de participation conséquent et une présence des citoyenslors de la surveillance des urnes permettraient de «s'opposer à toute tentativede fraude». Le «mot» a donc été dit et on peut pronostiquer que le RCD usera dece thème, après les élections, selon qu'il s'estimera satisfait ou non. Dans ces premiers discours de campagne, les chefs de partis «animent»mais ne sortent pas des sentiers battus. Personne donc ne sera surpris dudiscours souverainiste de Louisa Hanoune, de son refus du bradage des richessesnationales et des entreprises publiques et des agences privées de l'emploi.Sans oublier ce SMIG à 25.000 dinars qui doit faire rêver les damnés algériensdu SNMG à 12.000 dinars. C'est une proposition concrète. Ahmed Ouyahia quiconsidère que le programme du RND convient à tout le monde «du boulanger, auchômeur, à l'agriculteur, à l'enseignant, en passant par les fonctionnaires», adécidé de briser un «tabou»: «il est inconcevable qu'un professeur en médecineou un cadre de n'importe quelle institution, habite dans un simpleappartement». Est-ce une promesse aux cadres? Des villas cossues enperspective? Mais comme on pense aussi bien au boulanger qu'au chômeur, le RNDbaissera la TVA, apportera un soutien au loyer et au logement social et donnerades bourses aux enfants scolarisés... C'est intéressant, même s'il ne débordepas à «gauche» de Louisa Hanoune, mais toutes ces idées-promessess'accompagnent d'une sacrée ambiguïté: est-ce un programme de gouvernement quiest énoncé alors que l'on sait -et jusqu'à nouvel ordre- le programme duprésident est aussi celui du gouvernement... En tous cas, pour les cadres etprofesseurs universitaires, il y a une promesse de villa dans l'air... Qui est donc l'opposant dans cette campagne? Peut-être, Rédha Malek quidécouvre ce qui était déjà en cours sous son gouvernement: les institutionsreflètent les «choix qui se font en haut», le parlement qui ne fait«qu'enregistrer ce que dicte le gouvernement», les députés des «fonctionnairesqui n'ont jamais été à l'origine d'initiatives constructives», le désintérêtdes jeunes, etc. Constats justes mais apparemment la difficulté est deconvaincre les jeunes que le prochain parlement n'en sera pas de même... et quel'Algérie «qui est dans une situation d'inertie» pourrait connaître lechangement. Aboudjerra Soltani, a-t-il des idées neuves? Il promet que sonparti «ne se contentera pas de participer au gouvernement, mais oeuvrera pourarriver au pouvoir de façon pacifique et démocratique». Les électeurs ont-ilssaisi la nuance entre «participer au gouvernement» et «arriver au pouvoir»?Encore un message codé? Vraiment, «fatidique», c'est beaucoup et «décisif» esttrès peu sûr. Météo générale, campagne pépère où les acteurs ont de la peine àêtre «différents» et avoir des idées différentes... Pourquoi donc? L'Algérien'est-elle pas un pays «stable», même si les habitants regardent ailleurs...
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Posté Le : 28/04/2007
Posté par : sofiane
Ecrit par : MSaâdoune
Source : www.lequotidien-oran.com