Algérie

De la place du 1er Mai à... la place du 1er Mai



De la place du 1er Mai à... la place du 1er Mai
Des petits rassemblements se forment autour des leaders politiques et des prises de parole sont improvisées.Solidarité interdite. La marche pour la Palestine a été empêchée, hier à Alger, alors que la rumeur avait circulé, la veille, laissant croire que les autorités permettaient les manifestations pro-palestiniennes. Plusieurs figures politiques, essentiellement de la mouvance islamiste, accompagnées de leurs militants, ont convergé vers la place du 1er Mai pour une marche qui devait aboutir à la place des Martyrs ; ils se heurtent à un barrage infranchissable dressé par les forces de l'ordre.L'accès à la rue Hassiba Ben Bouali est carrément barré par des fourgons cellulaires, suscitant l'indignation des manifestants, provoquant une confusion générale et une mésentente entre les organisateurs. Des petits rassemblements se forment autour des leaders politiques et des prises de parole sont improvisées. Mohand-Arezki Ferrad, ancien parlementaire, s'est dit «choqué» de l'empêchement de la marche.«C'est une catastrophe, on nous empêche même d'exprimer notre solidarité pour un peuple meurtri.C'est du despotisme», a-t-il accusé. Même sentiment d'indignation exprimé par l'ancien ministre Noureddine Bahbouh, qui dénonce l'interdiction d'une «marche pacifique». Djamila Bouhired, héroïne de la guerre d'indépendance, qui fait partie des initiateurs de la manifestation, ne trouve pas de mots pour exprimer sa colère. Bousculée et étouffée par des manifestants qui voulaient se rapprocher d'elle, elle a fini par partir pendant que le chef de file du Front pour la justice et le développement (FJD), Abdallah Djaballah, accompagné de Abdelkader Boukhemkhem et de Khaled Ben Smaïn, arrivent à la place du 1er Mai. Nourddine Benbrahem des Scouts et par ailleurs ancien parlementaire du RND, accourt vers Boukhemkhem pour lui faire la «bise».Abderezak Makri, président du MSP qui a ramené le gros des troupes, tente de franchir le barrage, mais c'est peine perdue. Impossible.Les officiers de police se montrent fermes et intraitables. «La marche est interdite», lui lance un officier. Makri rebrousse chemin et tente d'improviser un rassemblement suivi d'une prise de parole. Il en est empêché dans un premier temps par des militants islamistes qui appartiennent visiblement à un autre courant. Le président du MSP réussit tout de même à prendre la parole pour fustiger le régime : «Il est inacceptable que dans le pays du million de martyrs on empêche une marche de solidarité avec nos frères palestiniens.Ceux qui ont interdit cette manifestation servent les plans d'Israël, des Américains et des Français. Ils ont vendu la cause palestinienne.» Et Makri d'assurer que les Algériens «n'accepteront jamais la trahison de l'Algérie». Non loin, Djilali Soufiane de Jil Jadid, qui s'est replié avec ses militants pour éviter de figurer dans un rassemblement aux couleurs islamistes, ne comprend pas l'interdiction et va encore plus loin dans son accusation au pouvoir en place : «Le pouvoir n'aime pas la liberté. S'il n'avait pas peur de la réaction du peuple, le pouvoir aurait soutenu de manière claire l'attaque israélienne contre la Palestine. Voilà où nous a menés le régime Bouteflika : lui assis et le peuple à genoux.»Ainsi, la mobilisation prévue pour la solidarité avec la Palestine et la dénonciation de l'agression de l'armée israélienne contre la bande de Ghaza a tourné au procès du régime.Fortement remontés les manifestants n'ont cessé de scander des mots d'ordre hostiles au régime algérien et au président Bouteflika. Un autre groupe de manifestants, visiblement autonome et bien encadré, crie sarcastiquement : «Ya dawla wach diri bina baâthina nharbou essahyina» (ô pouvoir que fais-tu de nous, envoie-nous combattre les sionistes). Abdelaziz Rahabi qui, lui aussi, est venu pour la marche pour la Palestine, dit ne pas comprendre l'empêchement de la manifestation : «On aurait pu laisser les Algériens marcher et exprimer leur solidarité avec les Palestiniens.En l'interdisant, cela a donné l'occasion aux islamistes de tenir un meeting.» Au bout de deux heures d'un rassemblement «désordonné», la plupart des leaders politiques et leurs militants quittent les lieux ; le barrage dressé par les forces de l'ordre est levé, laissant la voie libre à quelques dizaines de manifestants qui rejoignent la place des Martyrs. Contrairement à d'autres capitales du monde, Alger a été empêchée de marcher pour la Palestine.




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