J'ai rencontré il y a deux ou trois ans les Le Bault chez eux près de Paris, ils m'ont fait part de leur découverte de textes de conférences de mon père et de leur intention de les faire publier en Algérie. Cette publication devait se faire accompagnée de réserves étant donné le caractère oral de ces textes non corrigés par leur auteur.Le temps a passé et je n'ai plus entendu parler de ce projet. En janvier dernier j'ai reçu, par mail, une demande d'autorisation de publication émanant des éditions Franz Fanon à laquelle j'ai répondu positivement je crois, mais je n'en garde aucune trace. Par principe, je ne m'oppose jamais à aucune publication n'ayant jamais exercé aucun droit de censure, les écrits de mon père appartiennent à l'histoire. Cette attitude de principe n'exclut pas que les publications se fassent dans les règles du droit international. Ce n'est semble-t-il pas l'opinion des éditions Fanon qui agissent dans un pays où pour l'heure aucun droit n'est respecté : l'Algérie. Cette façon de procéder ne saurait être acceptée en France : pas de contrat, pas de BAT, rien ne prouve donc un accord définitif entre les auteurs et les ayants droit.
J'ai découvert par une notification sur Facebook l'existence de cette publication, j'ai aussi, à cette occasion, découvert la participation de Seloua Lust Boulbina dans cette entreprise, j'ai fait alors remarquer que je n'avais pas d'exemplaire de cette publication ! J'ai reçu ensuite un mail de Seloua Lust Boulbina qui m'a effectivement envoyé deux fichiers, l'un des textes et l'un de son introduction, mais cela ne pouvait en rien remplacer un document émanant de l'éditeur. Le texte de Seloua Lust Boulbina n'engage qu'elle, je le trouve ambigu, mais elle est libre de penser ce qu'elle veut, en revanche, elle se rend complice de falsification en préfaçant un ouvrage qui présente comme inédits des textes déjà publiés autrefois.
De la part d'une universitaire de renom c'est très léger, c'est le moins que je puisse en dire. De la part des Le Bault je ne suis pas surpris, ils sont coutumiers du fait d'utiliser les inédits et autres textes de mon père en me mettant devant le fait accompli et obtenant mon accord a posteriori ! Mais je n'ai jamais douté de leur bonne volonté même si je suis loin de partager leurs croyances, et ils gardent ma sympathie. Et je n'ai jamais souhaité polémiquer ni les poursuivre.
Que les textes de Mihoub Jean Amrouche soient disponibles en Algérie, patrie de la censure, est déjà une victoire et pour cette unique raison, les conditions d'édition sont sans grande importance. Les autres critiques très fondées de ce livre ne sont pas vraiment de mon ressort n'étant que l'ayant droit. Je laisse la parole aux universitaires qui ont certainement à bon droit des remarques à faire.
Pierre Amrouche A Lomé, octobre 2020
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Posté Le : 12/10/2020
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Liberté
Source : www.liberte-algerie.com