Algérie

De la « Ouhda Thalitha » à la « Wilayat El Ahd »



Hasard de calendrier ou choix de timing prémédité ' Abdelaziz Bouteflika, qui s'apprête à briguer un troisième mandat, évoque, avant même la tenue des élections, sa succession, en marge de la visite à Alger du légataire de Fidel Castro qui n'est autre que son propre frère Raul. Si la rencontre du leader cubain l'a replongé dans le souvenir de l'Algérie des années 1960 et 1970 où il était admis de trouver des points de convergence entre les Etats cubain et algérien, il est toutefois inopportun de penser que les deux régimes demeurent semblables à certains égards, notamment en termes de longévité au pouvoir ou de passation de témoin à la tête de l'Etat. Même au plus fort de son règne sans partage ' et Bouteflika est bien placé pour le savoir ' Boumediene n'a pu placer de successeur.Si la Constitution, qu'il s'est offert de réviser le 12 novembre dernier, a élargi ses prérogatives, il n'est écrit nulle part que le président de la République est en droit de choisir son successeur. Jusqu'à preuve du contraire, l'Algérie n'est ni une monarchie ni une République où l'alternance au pouvoir est affaire d'héritage familial ou de testament. L'Algérie du million et demi de martyrs serait-elle devenue une propriété privée dont les maîtres se succèdent par simple v'u ' La déclaration de Bouteflika, distillée encore une fois par une voix étrangère, enlève déjà, à la veille de l'élection présidentielle, tout crédit à l'opération électorale en Algérie mais renseigne aussi sur la nature du pouvoir qui n'a point de respect pour le principe d'alternance. D'abord écorché à travers la nouvelle disposition constitutionnelle de non-limitation des mandats, le principe d'alternance est aujourd'hui définitivement enterré par cette phrase du Président reprise par un sénateur français : « Je vois une personne qui a le charisme nécessaire pour me succéder et diriger le pays. » De la « ouhda thalitha », Bouteflika, qui semble avoir trop fréquenté les monarques du Golfe, passe à la « wilayat el ahd » et pense à léguer le « trône » Algérie à une personne qu'il juge à même de le remplacer. N'est-ce donc pas au peuple de choisir ses gouvernants 'A-t-on oublié que la souveraineté du peuple est au-dessus de toutes les prérogatives du premier magistrat du pays ' Interrogé par les journalistes de son pays et s'exprimant à la télévision de son pays, Nicolas Sarkozy répondit ceci à la même question de savoir qui pourrait lui succéder : « Dans un pays de 65 millions d'habitants, beaucoup sont capables de me succéder. » Le ventre de la mère Algérie serait-il devenu avare en compétences au point où seule une personne est à même d'être à la tête du pays ' Outre la gravité des propos rapportés par Samia Ghali, il est aujourd'hui fort à craindre pour l'avenir d'une République qui doit attendre la venue d'un visiteur étranger pour savoir ce que projette de faire son président.


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