Algérie

De la nécessité d'un porte-parole du gouvernement !



Lors du Conseil des ministres du 8 août 2021, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a demandé aux membres du gouvernement d'?uvrer à l'amélioration des moyens de communication avec le citoyen, dans tous les domaines, et placer ce point dans les priorités de l'action gouvernementale.A l'ère du numérique, les Algériens n'arrivent pas à trouver d'échos dans les ministères, les administrations publiques et les grandes entreprises qui, en règle générale, ne disposent ni de sites Web encore moins de comptes Facebook, Instagram et Twitter pour ne citer que ces derniers.
La première urgence pour le gouvernement a trait à la nécessité d'adapter la communication institutionnelle à l'ère du numérique et des réseaux sociaux. Pour le gouvernement, utiliser ce mode de communication direct est vital.
Le Premier ministre a ainsi souligné le côté subversif des réseaux sociaux dont certains sont accusés de porter atteinte à la sécurité publique : «Vous êtes instruits de communiquer davantage vous-mêmes ainsi que vos collaborateurs. Utilisez les radios locales. Dotez-vous aussi de sites de vos services sur la Toile, avait-il recommandé aux ministres et aux walis lors de leur dernier conclave ».
La communication, faut-il le dire, est une véritable lacune dans notre gouvernance, tant au niveau national qu'au niveau local : à qui la faute '
Aux membres du gouvernement '
A vouloir sans cesse intervenir, surtout sous forme de discours non suivis d'effet, les membres du gouvernement, disons certains pour ne pas fâcher ou se mettre à dos tout le monde, contribuent à décrédibiliser la parole publique pour la rendre inaudible.
Qu'on se rappelle les sorties de :
1. L'ancien ministre de la Jeunesse et des Sports qui avait convié ceux qui seraient opposés au projet constitutionnel de « changer de pays ». « C'est pour la première fois que nous avons introduit le 1er Novembre dans la Constitution et celui qui n'est pas content n'a qu'à changer de pays » ! Un populisme de mauvais goût. Une sortie de route qui a choqué l'opinion publique au plus haut point.
2. L'ancienne ministre de la Culture et sa déclaration suite à la classification du couscous comme patrimoine mondial de l'Unesco, qui a suscité un tollé sur les réseaux sociaux « la femme qui ne sait pas rouler le couscous représente une menace pour sa famille.».
3. Le ministre du Commerce qui n'avait pas trouvé mieux que de soulever l'urgence de l'arabisation des enseignes commerciales à l'heure où le citoyen est frontalement frappé par une saignée financière, outrageusement orchestrée par les barons de la spéculation, à travers une hausse inexplicable des prix des produits alimentaires, de la volaille, et des fruits et légumes,
Aux journalistes'
Sur les plateaux télévisés, il nous arrive d'entendre des inepties et des contre-vérités débitées par tout ce beau monde, aidé il est vrai par des journalistes plus que complaisants, guidés avant tout par leur souci de plaire au ministre invité, de faire sa promotion et d'attendre le retour sur investissement, quitte à sacrifier le sacro-saint principe «du devoir d'informer et du devoir de dire» !
Depuis la création des chaines de télévisions privées, les journalistes s'entichent des personnalités politiques, qu'ils s'empressent ensuite de descendre en flammes, à croire que c'est consubstantiel au métier. Sans doute gagneraient-ils à modérer leur emballement, à supposer que cela soit possible.
De toute manière, que se passe-t-il quand un journaliste et, a fortiori, la chaine de télévision qui l'emploie décident de ne pas respecter le «off» '
Pendant un déjeuner, un déplacement en voiture, en avion, une personnalité politique distille analyses et confidences à quelques journalistes politiques, ou amis l'accompagnant.
Ce n'est pas à proprement parler une interview ; la règle veut que le journaliste utilise ces informations pour mieux comprendre, mieux raconter la situation politique, mais sans citer, nommément, l'auteur de ces propos.
Cette même règle exige du journaliste qu'il doit respecter la personnalité qui fait la déclaration et qu'elle refuse qu'elle sorte, l'idée étant de permettre audit journaliste de saisir le contexte dans lequel la déclaration a été émise. La personnalité peut, aussi, accepter, mais à condition que l'on conserve le secret sur son identité, un secret qui vaut à l'égard du public, mais qui peut s'imposer de manière plus absolue. Sur le principe, la pratique paraît, parfaitement, fondée: à quoi bon mettre dans l'embarras celui qui a fait la déclaration '
Mais, certains journalistes pris dans le tourbillon de la quête du scoop ne mesurent pas l'effet de déflagration qui s'attache à la diffusion d'un propos ou à la publication d'une information émis en «off».
Le code du «gentlemen-agreement » doit reposer sur une règle bâtie sur la confiance mutuelle,-homme politique-journaliste- ; or la difficulté de la pratique est évidente. En faisant face à une concurrence accrue, entre les médias, comment un journaliste détenant une information brûlante, exclusive, un scoop, pourrait-il respecter cet accord, basé sur le bien-fondé de la morale '
Quant au contenu des informations rapportées sous le couvert du confidentiel et bien qu'elles ne soient pas toujours utiles ou passionnantes, le public en raffole et se délecte des «radars» et autres «périscopes» qui les hébergent ; les petites phrases, les blagues, croqueuses et ravageuses donnent l'impression au lecteur de découvrir, enfin, «ce qui se passe derrière les coulisses».
Exclusivité, actualité, concurrence, voilà trois bonnes raisons aux médias, pour dévoiler un «off» qui fait la différence, accroche le chaland et fait vendre.
Aux hommes politiques '
Ce discrédit de la parole vaut, aussi, pour la plupart des hommes politiques y compris ceux qui sont dans l'opposition aujourd'hui, mais qui ont été en situation de gouvernance hier.
Tous, déjà, proviennent de la même matrice ! Ils n'ont pas, ensuite, fait mieux que ceux d'aujourd'hui, quand eux-mêmes, intraitables et sourds à toutes revendications, étaient aux affaires !
Cela crée dans l'imaginaire social, une impression de «déjà vu» et de «déjà entendu», de «promesse faite» et de «promesse jamais tenue».
La parole politique est enfermée dans une logique d'annonce et de promesses sans lendemain et le fossé «gouvernants-citoyens» se creuse de plus en plus et la fracture sociale aussi.
De ce qui précède, peut-on affirmer qu'une crise de crédibilité de la parole publique, c'est une crise de confiance dans la signature de l'Etat ' Peut-on affirmer également que la parole politique est devenue stérile surtout quand elle est enrobée de langue de bois '
Et dans la situation de crise que nous subissions, plus que nous traversons, comment mettrons-nous la société en marche, si nos politiques sont à court d'idées et si nos ministres ainsi que nos walis continuent à se passer de communicants professionnels, à parler dans le vide, à agir sur des coups de tête, à faire des promesses sans lendemain et surtout continuer à ne pas être soumis à une quelconque obligation de résultats '
Le secret d'une bonne communication, selon les spécialistes
Une personne qui communique bien, apparait comme une personne charismatique, sympathique, plein de bienveillance, compétente, cultivée, professionnelle... et que la conversation avec elle et non seulement constructive mais surtout agréable.
Communiquer c'est aussi une façon de faire briller son aura, de travailler son charisme pour imposer son image devant un public qui n'est pas toujours prédisposé à vous écouter et même vous voir.
Dans un pays comme l'Algérie et dans un environnement de plus en plus complexe, communiquer juste, avec les éléments de langage est primordial. De ce fait, il est grand temps pour le gouvernement de comprendre que la communication est un acte politique ou les « états d'âme » des dirigeants et la « peopolisation » de tel ou tel ministre n'ont pas de place.
De la nécessité d'un porte-parole du gouvernement !
Aujourd'hui, il faut le dire, il y a unanimité sur la faiblesse de notre communication institutionnelle. Le Premier ministre s'en est, à l'évidence, aperçu. Mais il ne peut pas être à la fois au four et au moulin. Faire aussi le travail des autres. Ou les évincer, in situ, face aux caméras de télévision.
Méthode contreproductive pratiquée «sans vergogne » par certains walis adeptes de la «politique spectacle» !
Le poids grandissant des chaînes d'information en continu conjugué à la montée en puissance des réseaux sociaux mettent le gouvernement et les ministres à rude épreuve.
Aujourd'hui, le Premier ministre est face à deux défis majeurs :
1. maitriser plus que jamais sa parole dans un contexte d'hyperréactivité médiatique et surtout de crise économique
2. gérer la dispersion de la parole gouvernementale
D'où la nécessité pour lui de nommer un ou une « porte-parole » qui sera, en principe, le seul habilité à engager la position du gouvernement sur tous les sujets.
Ses principales missions, rendre compte des travaux du Conseil des ministres et exercer une mission d'information sur les activités du gouvernement.
Il serait en quelque sorte «un airbag» dont le gouvernement a besoin, lui qui est sur la brèche sur plusieurs fronts, notamment en ce qui concerne la moralisation de la vie publique.
Alors oui, le gouvernement a besoin d'un porte-parole pour rendre compte de son action aux Algériens, ces contribuables et, accessoirement, électeurs !
Mission qui était traditionnellement dévolue au ministre de la Communication, faudrait-il le rappeler, sauf que l'actuel détenteur du maroquin ne semble pas avoir été officiellement investi pour l'assumer.


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