Algérie

De la médiocrité dans la culture



De la médiocrité dans la culture
Mohamed Rahmani«La médiocrité est venue sur tout et je peux affirmer qu'aucun secteur n'a été épargné de sorte qu'aujourd'hui on se retrouve avec des responsables d'institutions qui n'ont ni les compétences ni les qualifications requises, encore moins la personnalité et l'envergure pour occuper de tels postes.» C'est ce que nous a affirmé d'emblée un universitaire blasé qui a eu à pâtir de ces pratiques ayant été lui-même écarté de postes auxquels pourtant il dit ouvrir droit étant le plus qualifié.En effet, dans presque tous les secteurs, l'entrisme, l'allégeance, la soumission, les relations, l'appartenance à tel ou tel clan, le fait d'avoir un parent ou quelqu'un de haut placé, bref avoir ce fameux «coup de pouce» pour écraser les autres prétendants au poste et obtenir haut la main cettepromotion, sont devenus des critères de sélection. Exit la compétence, les hautes qualités, l'intégrité, le parcours professionnel irréprochable, les diplômes, les formations, le savoir et le savoir-faire face aux critères cités plus haut. Et donc la médiocrité est consacrée au détriment de la compétence, l'honnêteté et l'intégrité qui sont sacrifiées sur l'autel de l'allégeance et de la soumission pour servir le prince du moment. Si bien que l'on se retrouve avec des directeurs et des responsables qui n'ont aucune connaissance de leurs secteurs et qui ont souvent recours à leurs subordonnés pour gérer, prendre en charge ou expliquer telle ou telle situation. Ce qui renvoie une très mauvaise image de leur personne parmi les employés, mais aussi auprès des administrés et du public. Cette situation s'applique au niveau de toutes les directions de l'exécutif (services extérieurs des ministères) où l'on constate déficiences et défaillances qui se traduisent souvent par des réalisations et des résultats pour le moins médiocres malgré les budgets colossaux alloués.Le cas de la direction de la culture de Annaba est illustratif à plus d'un titre, avec un directeur qui a été muté il y a quelques années dans une autre wilaya et qui se trouve encore une fois à la tête de cette même institution. Son prédécesseur, Rajai Achour, un homme de culture qui avait tenté depuis sa nomination au poste (quelques mois seulement) de relancer le secteur en mettant en chantier différents projets a été «appelé à d'autres fonctions» pour utiliser la formule consacrée.Bien des interrogations ont été exprimées aussi bien par le monde de la culture à Annaba que par les citoyens qui ne comprenaient pas le retour de cedirecteur aux commandes de ce secteur qui a son importance dans la société. Sous sa direction, pendant plusieurs années, lors de sa première nomination, le secteur de la culture avait été frappé de léthargie excepté peut-être l'institution du Festival de la musique citadine qui n'a pas vraiment apporté beaucoup à la culture du fait d'accointances et d'invitations sélectives dont l'impact a été dévastateur quant au niveau et à la qualité des prestations et des spectacles organisés. Annaba se trouve donc bien mal lotie en matière de culture et les années à venir seront celles des vaches maigres avec une direction pareille dont l'utilité se limite à exécuter les instructions du ministère. Or, une institution aussi importante gérant la chose culturelle ne peut souffrir d'immobilisme. La culture c'est la vie dans toutes ses expressions. La culture ne peut être emprisonnée derrière des bureaux. Elle doit être dans la rue, sur les places publiques, dans les quartiers populaires, pour qu'elle puisse respirer et s'épanouir. Aller à la découverte de jeunes talents, d'écrivains en herbe, de petits prodiges, organiser des représentations, des concours n'a jamais été au programme de nos institutions culturelles qui assimilent ce type d'initiative à une corvée qu'ils abhorrent. Or, et par la faute de cette incompétence et cette médiocrité ambiante, de jeunes talents ne trouvant aucune forme d'aide ou encouragement, se sclérosent et s'étiolent pour s'éteindre définitivement ajoutant à ce désert culturel qui avance inversant le fameux slogan «le désert recule, l'Algérien avance». Mais là, c'est le désert culturel qui avance et c'est suicidaire pour la société tout entière car une société sans culture est une société sans identité et une société sans identité ne peut prétendre au titre même de société.Le résultat est désolant car, comme chacun le sait, notre propre culture nous vient de l'étranger véhiculée par des médias qui nous la vendent via nos artistes, nos écrivains, nos musiciens dont l'éclosion et l'épanouissement se sont faits de l'autre côté de la Méditerranée. Dommage !M. R.




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