Algérie

De la «littérature d'écologie d'Etat»...


De la «littérature d'écologie d'Etat»...
Le développement durable et la question environnementale demeurent les parents pauvres de la politique gouvernementale.Pourtant, tant à une échelle locale que plus globale, les défis et enjeux sont majeurs. Ils vont de la propreté publique à la préservation des ressources naturelles du pays, de la réflexion afin de trouver un modèle énergétique pérenne à l'exploitation controversée du gaz de schiste, sans oublier la pollution et ses menaces sur la santé des citoyens. El Watan a demandé à des personnalités, qui ?uvrent à démontrer qu'un mode de vie plus respectueux de l'environnement existe, ce qu'elles attendent des futurs dirigeants en la matière. Puis il leur a soumis les programmes des candidats, sans préciser leur nom. Résultat : «Rien de nouveau sous le soleil d'Algérie?»Les défis :Agro-écologie : Militer pour une agro-écologie respectueuse de l'environnement, libérée d'une chimie dont les mauvais impacts sont à présent avérés sur la santé des consommateurs ainsi que des sols, tout en étant capable de productivité.Politique régionale Travailler plus sincèrement à mettre en place une politique Maghrébine en matière d'environnement et d'écologie.D'autant plus qu'il parait évident que l'eau et le réchauffement climatique dessineront les radicaux ou bien les antagonismes communs de demain dans cette partie du globe, touchée dans son ensemble par le plus cuisant des stress hydrique 'Charte de l'environnement : Nécessité de mettre sur pied une charte nationale de l'environnement qui réunirait autour d'une table société civile, industriels, politiques, militaires, scientifiques.Plus d'actions et d'application L'écologie n'est appréhendée qu'en termes de création de programmes, de commissions, et autres campagnes de sensibilisations. Comme si la loi environnementale algérienne n'était déjà pas assez exhaustive et bien pensée. Il s'agirait surtout de l'appliquer?Gaz de schiste et fracturation hydrique : La question de la fracturation hydraulique, fait sérieusement défaut aux débats nationaux actuels, pour une meilleure gestion de nos ressources hydriques. C'est pourtant une technologie très « hydrovore », écologiquement contestée par de nombreux experts algériens et internationaux, alors qu'elle est envisagée très sérieusement par nos actuels dirigeants afin d'exploiter du gaz de schiste?Un ministère : Proposer la création d'un ministère de l'Environnement et de l'Ecologie qui récupérerait, la DGF, actuellement «embourbée» dans sa mission de développement rural attribuée par le ministère de l'Agriculture.Propreté et recyclage : Doubler le budget des APC concernant les moyens de ramassage des ordures et multiplier les poubelles. Et, si l'on veut innover, il est fondamental d'aller vers le tri des déchets ? papier, plastique, verre, déchets organiques ? et le recyclage. Il y a des initiatives qu'il faut généraliser.Politique énergétique : Le terme «efficacité énergétique» fait défaut à notre politique énergétique actuelle, plus prompte à réfléchir au «comment produire plus d'énergie» qu'au «comment en consommer moins et mieux». **********************Ce qu'ils en pensentKarim Rahal : «Dans son programme, le candidat 1 (Ali Fawzi Rebaïne, ndlr) souligne l'urgence de préserver les terres et de protéger les eaux douces et marines. Ce qui est un point positif, car nous avons un réel problème d'érosion des terres et de désertification, à cause d'un manque de reboisement et de labour dans des zones fragiles. Il est de ce fait urgent de financer des opérations de reboisement participatives, en impliquant les populations locales et des sociétés privées spécialisées pour le suivi de telles opérations, avec obligation de résultats.Le même candidat propose la protection de la diversité biologique des zones marines, des forêts et de la steppe. Ce qu'il faut préciser, c'est que nos semences végétales et animales sont très sérieusement en péril, le marché étant inondé de semences importées. Il est urgent de promouvoir l'utilisation et l'amélioration des semences locales, ou de ce qui en reste, par les agriculteurs. Pour ce qui est des autres programmes, le candidat 5 (Ali Benflis, ndlr), propose d'initier un programme ??environnement propre'' de sensibilisation scolaire à la préservation de la nature et de l'environnement, adossé à un plan de sensibilisation national à l'environnement. Mais il faudrait d'abord sensibiliser les jeunes à nettoyer leurs classes, leur environnement, planter des arbres, gérer le jardin urbain de l'école ou du quartier. De même, organiser des visites de fermes pédagogiques, car il faut que l'environnement entre dans le programme scolaire, dans les mosquées, etc.»Karim Tidjani : «Après lecture de ces programmes, je ne vois malheureusement pas ce qui est apporté de plus à la littérature déjà en vigueur concernant l'environnement en Algérie. C'est une approche qui me paraît un peu trop bureaucratique et conventionnelle reflétant globalement une certaine déconnexion des réalités du terrain.On y retrouve tous les thèmes récurrents de la dialectique de ??l'écologie d'Etat'' actuelle, à savoir l'eau, l'énergie, le développement durable ainsi que l'avancée du désert. Rien de nouveau sous le soleil d'Algérie ! Seuls les candidats 1 et 6 (Rebaïne et Belaïd, ndlr) évoquent ouvertement ??l'inertie'' de nos institutions dans ce domaine, parlent de renforcer la législation en vigueur.Quant au candidat 4 (Louisa Hanoune, ndlr), s'il affiche une conception très réduite du problème, qu'il n'aborde surtout que d'un point vue économique et touristique, sans jamais parler d'écotourisme ouvertement, il a néanmoins eu la bonne idée de proposer une intégration de la question environnementale dans la Constitution. Dans l'ensemble, les idées proposées ne sont pas nouvelles. Elles restent ancrées dans une vision très bureaucratique et politiquement correcte de l'environnement. Pour ma part, je considère que la plupart de ces candidats ont une vision trop fragmentée, voire sectorielle de cette thématique qui ne doit souffrir d'aucune focalisation. Ce sont surtout des approches de forme et non de fond où la bonne politique est fragmentée entre tous les candidats. Elles ne semblent pas déroger, une fois de plus, aux travers récurrents de la sphère politique algérienne.»


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