De la fiction à la réalité

«Le temps d'apprendre à vivre, il est déjà trop tard...» AragonAprès bien des années de réflexion sur les problèmes de pouvoir en général et sur les rapports internationaux en particulier, il m'est apparu bien évident que les meilleures explications aux causes qui déterminent ces rapports entre nations, se trouvent dans les scénarios bien ficelés des films hollywoodiens. Si on se souvient, beaucoup de gens qui ne voient pas plus loin que le bout de leur nez, ont poussé des cocoricos assourdissants en apprenant que le gendarme du monde, les USA, projetaient le célèbre film italo-algérien, La bataille d'Alger pour enseigner aux jeunes recrues des services de sécurité toutes les ficelles de la lutte antiterroriste. C'était rendre hommage, en quelque sorte, aux pratiques honteuses de l'armée coloniale, pratiques qui vont être aussitôt adoptées par les services du renseignement et de l'armée américaine à Guantanamo comme en Irak.Dans l'autre sens, beaucoup de films américains proposent des histoires qui ne sont que des paraboles de la politique menée par les services américains dans la récupération des cadres des pays du tiers-monde. Il y a quelques années, il m'a été donné de voir un excellent film Les rescapés du futur réalisé par un metteur en scène qui n'a pas défrayé la chronique, Richard T. Heffron. Ce film qui peut être classé en série B, raconte la manière dont une multinationale organise des vacances à la carte sur la planète Mars. Elle invite des personnalités influentes du monde entier et, par mille artifices, leur soutire leur mémoire qu'elle transmet à des clones. Elle supprime les originaux, puis elle renvoie les cyborgs à leur place. Voilà qui résout à coup sûr les problèmes des guerres impérialistes, trop sanglantes, trop bruyantes et trop coûteuses.Au temps de la politique de la canonnière, les guerres coloniales, ruineuses, pleines d'aléas et d'inconvénients étaient la seule solution aux nations développées pour soumettre des peuples victimes des coups du sort de l'Histoire. C'est ainsi que l'Inde et la Chine, nations industrieuses depuis longtemps furent mises à genoux par les Occidentaux.Quand les guerres coloniales furent passées de mode, à cause de l'émergence d'un camp socialiste, les Etats impérialistes suscitèrent, à coup de devises, des partis d'opposition, des groupes sécessionnistes ou corrompirent tout simplement les colonels ou des généraux de ces pauvres pays...Le temps passant, le processus de fabrication de gouvernants fantoches devint plus sophistiqué: les Etats impérialistes prirent en charge la formation de jeunes cadres. Ces jeunes gens à peine sortis du modèle d'ébauche par l'université de leur pays sont invités dans des familles d'accueil qui leur dispensent un environnement favorable en plus de leur formation dans des universités réputées. Dans ces familles, en général puritaines, les jeunes étudiants subissent un patient mais efficace lavage de cerveau.Ce lavage devient encore plus efficient quand l'étudiant revient à son pays d'origine avec une épouse du pays d'accueil.Bardé de diplômes, il est alors bombardé au poste de ministre, du Plan, du Commerce, des Finances ou du Pétrole, selon les ressources de son pays. Le ministre en question ne se contentera pas de reproduire les schémas assimilés lors de sa formation ou de ne jurer que par le modèle économique qui l'a formé, il se permet même de proposer d'audacieux plans de réformes des structures économiques de son pays d'origine pour mieux le livrer à ses commanditaires, les banques et les cartels. Cela explique, non seulement l'arriération économique entretenue, mais aussi l'évasion de capitaux vers les pays développés.Pour ces cadres parachutés, le mot patrie perd tout son sens:ils participent gaiement au pillage général facilité par des régimes non démocratiques et corrompus.