Algérie

De la dictature à l'extrémisme


De la dictature à l'extrémisme
Les révolutions tunisienne et égyptienne sont en train de donner des frayeurs au monde entier et tout particulièrement aux peuples du monde arabe, après avoir fait rêver tous ceux qui ont, depuis la confiscation des indépendances, milité pour les causes libertaires.
Les craintes se trouvent du côté de la vague d'intolérance et des accès de violence qui s'emparent périodiquement de la rue au nom de sensibilités religieuses, divisant, du coup, le corps soudé, au départ, des jeunes révoltés et faisant douter du caractère progressiste des révolutions qui se sont produites. On redoute, surtout, de voir s'installer l'extrémisme au lieu et place des dictatures et un certain despotisme de la majorité au lieu et place de la démocratie républicaine qui reconnaît et respecte également les droits des minorités. Ce qui se passe en Egypte et en Tunisie pourrait être assimilé à ce qu'on appelle, dans tout processus révolutionnaire, une tentation de régression, et qui pourrait trouver, à travers le processus électoral démocratique, les moyens de devenir une tentative de régression, pour ne pas dire une régression tout court. Ces faits, qu'il s'agisse de la Tunisie ou de l'Egypte, ont tendance, par effet rétroactif et à tort bien sûr, à rappeler les discours de mise en garde des dictateurs déchus qui disaient constamment qu'en leur absence, ce serait le chaos. Voilà qui donne des grains à moudre à ceux qui voudraient, trouver à travers ces événements, l'occasion de justifier les états d'urgence, les couvre feu et même les interventions musclées de rétablissement de l'ordre. Plus grave encore, dans ces républiques «post-révolutionnaires» ou en processus révolutionnaire qui ont désarçonné leurs dictateurs au nom de la liberté et du droit à l'expression, certaines parties ont l'air de signifier, par des actes dont l'extrémisme est évident, qu'il y a divergence sur la conception même du projet de société. Ce qui va jusqu'à poser la lancinante question du vivre-ensemble, dont on sait pertinemment sans besoin de philosopher qu'il n'est concevable que dans le cadre d'un projet démocratique reposant sur le respect des droits et des différences, à plus forte raison 'c'est le cas de cette grande nation qu'est l'Egypte- quand musulmans et chrétiens doivent coexister. La ferveur révolutionnaire étant passée, il est singulier de voir que les forces en présence tardent à reprendre les rènes de l'opnion politique pour signifier à la rue, ou à cette partie encore agissante qui représente la rue, que la révolution qui a eu lieu (en Tunisie et en Egypte), a été une 'uvre collective, dont l'esprit unitaire et tolérant doit être respecté comme il l'a été dans l'épreuve révolutionnaire. C'est en tout cas à cette condition, et seulement à cette condition, qu'il sera possible de valoriser tout le potentiel démocratique longtemps étouffé par les dictateurs arabes, et d'éviter une violence civile ou interconfessionnelle qui donnerait presque raison à ces dictateurs tyranniques et narcissiques qui disaient : «Après nous, ce sera le déluge ou le chaos».
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