Algérie

De la concession au squat: Vous avez dit plages gratuites ?



Pour fuir son quotidien en cette période de fortes chaleurs, et faute d'infrastructures adéquates dans le tissu urbain, le citoyen évidemment se tourne vers la corniche et ses plages. Relevant du domaine public, l'accès aux plages est, théoriquement, gratuit pour tous.

Or, en réalité, ce même citoyen cherche désespérément un mètre carré de sable et se retrouve souvent tenu de payer des «droits» d'entrée même de manière déguisée, alors que la réglementation stipule que 70% de la superficie de plages est gratuite. Plusieurs virées sur les plages de la corniche oranaise, qui s'étend d'El Mactaâ à Boutlelis, montrent que 80% de la superficie des plages est concédée. Aux Andalouses, Cap Falcon et Mers El Hadjadj, les espaces libres pour les estivants voulant passer quelques moments sur la plage se rétrécissent comme peau de chagrin. Sur les lieux, on peut constater un alignement de solariums occupant parfois les 3/4 de la superficie des plages. Les tables, les chaises et les parasols sont collés les uns aux autres ne laissant que peu d'espace et d'intimité «aux clients». Et encore, si une famille ose planter à cet endroit son parasol, elle se fera immanquablement éjecter et remballer derrière le solarium sans aucune visibilité pour surveiller les enfants et sans accès à l'eau du fait des cordages entourant la concession. Voulant à tout prix rentabiliser leurs investissements, faisant fi de la loi et profitant parfois de l'absence des pouvoirs publics, ces concessionnaires ne semblent pas se limiter à leur concession. Pas d'espace libre pour les estivants même au plus près du rivage, tout près de l'eau. En effet, chaque concessionnaire délimite son espace soit par une corde, soit par des balises, avec à l'entrée une « caisse ». Au niveau des plages de Madagh et de Mers El Hadjadj, seules les deux extrémités sont accessibles et pour cause, la présence de rochers... Les estivants se trouvent dans l'obligation de payer un parasol et/ou une table et des chaises. Cette situation est à l'origine de plusieurs disputes opposant les estivants aux concessionnaires, notamment durant les jours de grand afflux. Car les concessionnaires « imposent » de facto à tout estivant de louer le parasol, la table et les chaises. Dans le cas où ce dernier s'obstine, on lui avance qu'ils sont locataires de l'espace et il est sommé de quitter les lieux.

Or, la réglementation en la matière stipule que tout estivant a le droit de s'installer là où il veut et qu'il n'est pas contraint d'utiliser les équipements que propose le concessionnaire. Le prix d'un parasol, une table et quatre chaises diffère d'une zone à l'autre et varie de 800 à 400 dinars. Certes, nul n'est contre leur initiative de créer l'emploi, mais aller jusqu'à squatter des espaces réservés aux baigneurs, cela devient inacceptable, estiment des estivants blasés. Plusieurs années après l'introduction de la concession des plages durant la saison estivale, la réglementation, pourtant claire et contenue dans le cahier des charges approuvé par le concessionnaire, n'est appliquée que dans très peu de cas. La direction du tourisme de la wilaya avait en effet élaboré un dispositif directeur fixant de nouveaux critères pour l'exploitation des plages sous forme de concession. Ce nouveau dispositif fixe aux exploitants des plages de nouvelles conditions qui garantissent de bonnes conditions d'accueil aux estivants conformément aux clauses du nouveau cahier des charges, précisant que des contrôles périodiques et inopinés d'inspecteurs de la direction seront effectués au niveau des sites de baignade mis en exploitation. Parmi les nouveautés contenues dans le dispositif, la réduction, en théorie, de la superficie mise en concession à 30% de la superficie globale de la plage, ce qui aurait garanti de plus grands espaces de libre accès aux estivants. Sur le terrain, la réalité est tout autre. En effet, chaque été, le problème de la concession des plages, débordant plus que de mesure, resurgit avec acuité et avec le même constat : un fait accompli de privatisation des plages et du domaine public et l'exclusion de milliers d'estivants aux revenus modestes. Le régime des concessions reste à revoir et la loi à expliquer et à appliquer. L'autre point à relever dans ce contexte, les espaces squattés par des individus, parfois sans autorisations, pour implanter des solariums.




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