De la bataille d'Alger à la bataille de Paris

Ce soir à 21h l'émission Escales méditerranéennes consacre son nouveau numéro à un hommage appuyé à l'émigration algérienne et à la Fédération de France du FLN. Pour Abdelhakim Meziani, son producteur et animateur, leur rôle fut déterminant tant il intervint comme une sorte de prolongement de la Grève des 8 Jours et de la manifestation du 11 Décembre 1960. Les invités de l'émission, Ali Haroun, ancien responsable au sein de la Fédération de France du FLN et auteur, Kamel Bouguessa, sociologue et auteur ainsi que le critique de cinéma et universitaire Ahmed Bedjaoui s'accordent pour dire que si cette manifestation pacifique de 30 000 personnes dans les rues de Paris a été organisée à l'effet de dénoncer le couvre-feu raciste imposé quelques jours plus tôt aux Algériens, il reste qu'elle a été conçue pour desserrer l'étau qui menaçait d'étouffement un processus révolutionnaire exporté par le FLN vers la France. Un pays où de nombreux attentats furent commis et portés le plus souvent par un éclat médiatique spectaculaire irrigué par l'ensemble des médias français et internationaux. L'émission met en exergue aussi l'autre coup de génie du FLN qui réussit le tour de force, tel que conçu par Abane Ramdane, de gagner à la cause algérienne de nombreux Français qui jouèrent d'ailleurs un rôle décisif dans la chute de la caste coloniale. C'est pour cette raison, souligneront les invités de l'émission, que la répression, ordonnée on s'en doute par les hautes autorités françaises, fut des plus sanglantes, des plus disproportionnées. A plus forte raison lorsque le préfet de police, Maurice Papon, lança une horde de pas moins de 7000 policiers provoquant ainsi la mort de plus de 200 Algériens, noyés ou exécutés, et 11.730 arrestations sans compter les disparus dont le nombre serait impressionnant.