Algérie

De la basse-cour traditionnelle à l'élevage industriel



De la basse-cour traditionnelle à l'élevage industriel
Il nous a été donné de citer les différentes manières de consommer les 'ufs comme aliment à grande valeur nutritive. Aujourd'hui, nous voulons parler de la poule qui les a produits pour la cuisine et la reproduction de l'espèce.C'est tout de même un animal énigmatique et ce, à l'image du cycle de l''uf et de la poule ; on ne sait pas encore qui des deux a donné naissance à l'autre. Chaque pays a ses races de poule et il doit même en exister à l'état sauvage à l'exemple de la poule d'eau. Néanmoins, malgré son extrême utilité, la poule, élevée depuis la nuit des temps, est incroyablement méprisée. On lui jette des pierres pour la chasser et bien des automobilistes les écrasent sans le moindre regret. Que d'expressions et d'histoires autour de la poule : On dit communément «avoir la chair de poule» lorsqu'un danger a été frôlé ou que quelque chose de grave nous menace. Quant à «une poule mouillée», elle désigne quelqu'un de mou ou d'amorphe, sans réaction devant un monde en ébullition. La littérature populaire abonde en proverbes ou maximes qui mettent en relief l'état d'esprit des femmes, comme «elle est incapable de marcher comme la poule, elle essaie la démarche de la perdrix» illustrant bien le comportement d'une femme qui se met en valeur sans en avoir les qualités nécessaires. Et que dire d'«une mère-poule» ' «Tuer la poule aux 'ufs d'or» est une expression qui revient dans le langage populaire à caractère moral pour dire : compromettre une source de revenus en cédant à l'appât d'un gain immédiat. Des fabulistes de tous les temps en ont fait une source d'inspiration en mettant en scène une poule qui pond chaque jour un 'uf en or et que le propriétaire a tuée dans l'espoir de trouver dans son ventre un trésor. Un témoin interrogé sur l'animal nous a raconté avoir été comparé, dans son enfance, à une poule de la maison, pour son refus catégorique d'aller à l'école comme tous les garçons de son âge. Y a-t-il un langage de basse-cour ' D'après des spécialistes en oiseaux de bassecour, il existe un langage qui assure la communication entre la poule, les poussins et le coq de ferme. En les observant, on a fini par découvrir que ce langage spécifique est comparable à celui des abeilles en tant que société organisée et hiérarchisée. Poules et coqs émettent des sons significatifs. Quand un coq de grande taille lance un cri pour remuer le poulailler en provoquant un courant d'air par ses ailes déployés, c'est pour dire : je suis ici chez moi, défiant ainsi tout concurrent mâle. Il suffit que celui-ci s'aventure dans son espace pour qu'un combat se produise. La meilleure façon de distinguer le mâle de la femelle lorsque les oiseaux n'ont pas encore atteint l'âge adulte, c'est par la crête et la queue. Le mâle a la crête bien développée, quant à sa queue, elle est relevée, contrairement à la poule qui se distingue par une petite crête et une queue tombante. L'interaction entre mâle et femelles est évidente dans un poulailler. Il arrive que le coq adopte un comportement de séduction au milieu des poules qui prennent la fuite dès que celui-ci arrive en poussant des cris qui permettent aux poules de comprendre ce qu'il veut. D'après des connaisseurs rompus aux habitudes d'élevage, la poule a besoin de câlins. Lorsqu'elle est mère, elle appelle ses coussins qu'elle protège contre toute intrusion d'éléments indésirables. Les petits la suivent parce qu'ils la comprennent bien tout en s'alimentant eux-mêmes dans la nature. La poule comprend aussi pourquoi on lui enlève un 'uf qu'elle couve. Elle regarde fixement la personne qui fait le geste de retirer ou de remettre. Le coq assure le gardiennage du poulailler contre tout prédateur comme le renard ou le chacal qui viennent rôder, la nuit, autour des maisons. Les mouvements et les cris du coq provoquent un bruit infernal dans le poulailler. Cela réveille le fermier qui a compris qu'un animal sauvage est là. Elevage traditionnel et production industrielle Les propriétaires traditionnels, ne se sont jamais occupés de leurs animaux. Dès le matin, ils les lâchaient dans la nature . Et du matin au soir, les coqs et les poules allaient chercher à manger le plus loin possible, et dès la tombée de la nuit, le cheptel rentrait de lui-même chez leur maître, chaque poule et chaque coq montaient sur le perchoir qu'on leur avait apprêté. Si l'un d'eux ne réapparaissait pas, cela signifie que quelqu'un l'a kidnappé en chemin pour le cuisiner ou l'emporter quelque part pour le vendre. Quelle grosse perte si c'est le réveil matin qu'est pris. Une grand-mère dit se souvenir bien d'un coq de grande taille, du temps de son enfance, et que ses parents ont laissé toujours libre le jour et qui rentrait seul la nuit. Un jour de grand froid, raconte-t-elle, un individu qui s'était fait remarquer au voisinage des champs, l'avait attrapé après de longs cris de l'animal qui s'était aussi bien débattu. Le voleur avait dû employer de grands moyens pour le faire taire et l'immobiliser. Il s'était offert ce jour-là un repas copieux sans que personne n'ait pu donner la direction prise par le kidnappeur. Une autre femme rapporte qu'un soir alors qu'elle était rentrée de l'école sous une pluie battante, trois poules que sa mère élevait pour avoir des 'ufs, réapparurent soudainement pour se diriger tout droit vers elle, écolière émerveillée dont les parents n'étaient pas encore, revenus des champs. La porte de la maison étant fermée, les poules se blotissent derrière elle. Et prise de pitié pour elles, elle les prit dans le bas de sa robe pour leur donner un peu de chaleur. Elles se laissèrent faire et attendrirent patiemment, comme la fillette, le retour des maîtres. Aujourd'hui, avec le machinisme, on a dit adieu à la chaleur humaine, au langage des poules et à la pitié des éleveurs d'antan. Les poules et les coqs, sont parqués par millions dans des hangars gigantesques où on les engraisse chaque jour, en attendant d'être vendus par camions de marchands de volailles qui les tuent brutalement et les déplument dans des machines par dizaines à la minute, pour être vendus au kilo. Tel est le résultat du progrès.




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