Jeudi, est-il nécessaire de le souligner, le pays a failli basculer dans une période de grande incertitude si le projet d?attentat contre la personne de Abdelaziz Bouteflika n?avait été éventé grâce à la vigilance de citoyens batnéens courageux et ce peu avant l?arrivée du cortège présidentiel. Démasqué dans son projet meurtrier, le terroriste kamikaze a emporté avec lui de nombreuses vies humaines innocentes venues accueillir le président de la République avec l?enthousiasme compréhensible de vouloir voir l?homme de près. L?événement douloureux de Batna procède, si l?on s?en tenait à un cheminement logique des actes extrémistes depuis quelques mois, à un processus ascendant terriblement efficace pour la propagande terroriste. Après les attaques des sièges des gardes communaux, de commissariats, de certaines casernes de l?armée, puis du Palais du gouvernement, voilà que les commanditaires de ces actes (le ministre de l?Intérieur n?excluant « aucune piste ») ont franchi jeudi un palier supplémentaire en s?en prenant au chef de l?Etat. Même si l?effet médiatique extraordinaire d?une telle forfaiture a échoué, les séquelles de cet acte douloureux resteront longtemps dans la mémoire collective, même si Zerhouni tente toujours d?en minimiser la portée au détriment d?une analyse objective et concrète du pouvoir de nuisance terroriste. S?il est difficile d?arrêter un homme-bombe déterminé, des responsabilités sont engagées, services de sécurité ou autres, dans la mort douloureuse de citoyens batnéens qu?on n?a pas su protéger efficacement contre la démence criminelle après plus de quinze ans d?expérience dans la lutte antiterroriste. D?un autre côté, il s?agira à l?avenir pour Bouteflika de faire la part des chose dans un pays encore sous état d?urgence et où la paix et la concorde ne rythment encore que ses éloquents discours ou les conférences de presse décapantes de son ministre de l?Intérieur. A quoi servent donc ces accueils populaires délirants et ces bains de foule à répétition d?une autre époque dans le contexte d?un pacquage de visites d?inspection et de travail ultra médiatisé ? De quelles oppositions peut se prévaloir aujourd?hui un président de la République deux fois élu pour vouloir « soigner » sa popularité dans ce climat de fin d?année 2007 où les partis politiques sont largement affaiblis, la société civile quasiment inexistante et les militaires sans grande influence sur les décisions majeures engageant le pays ? Il n?y a, de nos jours, d?autres oppositions à Bouteflika et à sa politique de concorde civile que les extrémistes islamistes qui ont refusé sa main tendue et ceux qui dans les rouages de l?Etat ont intérêt, par un laxisme sournois, à ce que la situation dégénère en entretenant les effets pervers d?une paix illusoire et d?un terrorisme perdurant.
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Posté Le : 08/09/2007
Posté par : sofiane
Ecrit par : Omar Kharoum
Source : www.elwatan.com