Il y a plus de 20 ans, l'effet combiné de l'ouverture brutale du commerce extérieur, jusqu'alors monopole de l'Etat, au profit des importateurs, et de la dévaluation importante du dinar, ont eu des conséquences désastreuses sur le secteur privé d'Oran, qui était auparavant le plus important et le plus dynamique à l'échelle nationale.Beaucoup de producteurs n'ont eu d'autre choix que de se lancer, à leur tour, dans l'importation pour rester dans la course. Cette préoccupation a été exprimée dès le départ et publiquement par des opérateurs, comme le patron des peintures Soltane, intervenant à la Chambre de commerce.Quelques années plus tard, parmi les plus anciens privés d'Oran, Nadjat Belbachir, à la tête de Simap (société créée en 1969 et dont elle a pris la direction en 1978), a «osé», en réunissant quelques fabricants, comme elle, d'articles scolaires, organiser une conférence de presse pour dénoncer la mainmise de l'activité de l'importation sur le marché national et donc les dangers qu'elle fait peser sur l'avenir de la production. Mais la dénonciation était indirecte, car elle a utilisé les médias pour discréditer auprès des consommateurs des produits importés d'Asie et accusés d'être toxiques, mais sans preuves. Il n'était pas question à ce moment-là pour le privé, qui commençait à avoir droit de cité, de remettre en cause l'orientation libérale conditionnée par l'ouverture du commerce extérieur, de la politique économique du gouvernement.Durant les années du «socialisme», le privé n'était pas très bien vu, mais l'avantage est qu'il était hyper protégé, car les politiques d'importation étaient orientées en fonction des besoins. Force est de constater qu'aujourd'hui le gouvernement est en train de revenir vers une espèce de protectionnisme, mais sous une autre forme. Il y a une volonté politique de dresser des barrières devant les importateurs, quitte à contourner les lois libérales toujours en vigueur, et, par la même occasion, certains accords déjà ratifiés en faveur du libre-échange. Des entraves ont déjà été vécues par Khaled Seghier, «général-manager» de la société Gedissek, qui, jusque-là, importe ses produits, mais qui est en phase de concrétiser un projet d'investissement pour produire localement. «C'était notre objectif», précise-t-il, tout en préférant ne pas rendre publique la nature du produit qui sortira de l'usine. Un terrain a déjà été acquis dans la zone industrielle de Boutlélis et les machines ont été commandées et seront réceptionnées bientôt.L'usine sera prête d'ici 6 mois. «Nous comprenons très bien la volonté du gouvernement dans sa politique visant à limiter les importations et nous adhérons complètement à cette vision, mais encore faut-il faire respecter les mêmes règles pour tous et surtout faciliter les choses aux investisseurs», indique-t-il face aux difficultés qu'il a dû surmonter. «A lui tout seul, le terrain me coûte 18 milliards de centimes, heureusement payables par tranches, mais je peux vous dire que la procédure pour concrétiser un projet n'est pas facile et je suis chanceux, car j'ai bénéficié d'un terrain déjà prêt ayant était destiné à un autre opérateur qui n'a apparemment pas honoré ses engagements». L'opération qui consiste à assainir le foncier industriel semble être en marche, mais restent les vieux réflexes bureaucratiques, qui font que les rouages administratifs permettant de concrétiser un investissement ne sont pas encore bien huilés. C'est en tout cas un exemple parmi d'autres concernant ces nouveaux acteurs économiques qui vont tenter l'aventure de la production locale et sur lesquels compte le gouvernement pour réduire la facture d'importation. En passant de l'importation à la production, la tendance semble s'inverser.
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Posté Le : 25/02/2017
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Djamel Benachour
Source : www.elwatan.com