De l'impérialisme à l'expansionnisme

Dans un climat mondial économique, financier, social et politique tout à fait particulier, le globe se comprime davantage et se façonne, dans une conception où la dimension économique est devenue au fil des crises prépondérante, les mesures expansionnistes se répandent et font partie de cette nouvelle carte économique mondiale: stratégie consciente qui a pour objectif ultime la préservation des pays riches au dépend des pays pauvres.L'analyse des politiques suivies par les grandes puissances économiques confirme amplement cette remarque comme une nouvelle forme de partage des influences commerciales sur les pays en voie de développement. Le monde économique mondial dominant faisait semblant de croire encore à un libre échange économique et commercial protégé par des accords diplomatiques avec les pays du Sud, mais la réalité et tout autre, on cherche à travers cela une position dominante et un engagement sans retenue aucune pour des intérêts nationaux à travers l'exploitation des richesses des autres. Au plan géopolitique comme au plan social, les pays sous-développés cristallisent les intérêts des pays riches qui cherchent comme toujours un élément économique extérieur matérialisant ainsi un esprit de revanche et de préservation d'une hégémonie.
Les cibles économiques visées, notamment les pays où la richesse des matières premières est immense sont ressenties comme des débouchés pour une économie occidentale en crise de surproduction, suivant l'expression du moment : la crise ainsi surmontée sur le dos des autres économies pourrait atténuer les revendications sociales. Mais, surtout, les pays qui dominent l'économie mondiale ont su entraîner avec habilité et le FMI et la Banque mondiale qui continuent à imposer aux pays déficitaires des critères qui ne favorisent nullement leur développement et les chiffres bruts des courants commerciaux et des investissements dans ces pays semblent démontrer que les deux institutions financières internationales ont joué un rôle modeste dans les économies des pays en voie de développement. La nouvelle forme d'expansion mise en route est en train de permettre à l'impérialisme économique du XXIe siècle de façonner à ses guises l'économie mondiale, le registre financier, politique et même sécuritaire et généralement les relations internationales, et ce, selon ses propres besoins.
C'est dire que les liens de dépendances qui se tissent aux dépens des pays du Sud ne feront que se renforcer chaque jour. La crise économique que subissent les pays du Nord est en train de démontrer que les puissances occidentales ne relâcheront jamais leur emprise sur les pays du Sud essentiels dans leur stratégie mondiale.
La présence économique étrangère dans les pays du Sud ne se concrétise que s'il existait un intérêt économique à court, moyen et long termes.
Cette périodisation des phases de pénétration de l'impérialisme économique au Sud, avec dans un premier temps, une ingérence directe, un goulot d'étranglement économique, voire d'embargo, correspond parfaitement à l'analyse de Lénine dans " l'impérialisme, stade suprême du capitalisme ", qui constatait que " des terres aujourd'hui inutilisables peuvent être rendues utilisables demain par de nouveaux procédés (?). Il en est de même pour la protection des richesses nationales ".
A l'analyse de Lénine, le Président Abdelaziz Bouteflika vient d'en ajouter une autre : " Il est cruel de ne pas perdre de vue les enjeux de la conjoncture au vu de la recrudescence des risques et périls qui planent sur de larges pans de nos frontières et auxquels s'ajoutent la rude concurrence internationale et le conflit des intérêts économiques entre pays forts pour s'accaparer les ressources disponibles sans se soucier des faibles ". Pour le chef de l'Etat, " ces réalités sont autant de facteurs supplémentaires qui doivent inciter les mêmes enfants de la patrie à la cohésion sociale, à la préservation de l'unité nationale et à l'atténuation de tensions et de parti pris qui sont nuisibles au consensus dont nous avons si besoin en pareille conjoncture ".