De l'impératif d'associer tous les acteurs culturels

Toute politique culturelle sérieuse ne saurait se passer du concours des véritables acteurs du secteur. Que cela soit au sein du gouvernement, à l'échelon régional, au niveau de la wilaya, dans une commune éloignée ou dans la proximité la plus immédiate, la responsabilité dans ce registre impose l'implication directe de tous les animateurs de la sphère culturelle dans l'adaptation des programmes, la dynamisation de l'activité, le soutien des initiatives et la transparence dans la gestion des dotations budgétaires.Les intellectuels, les artistes, les associations et les sponsors, véritables fer de lance du fait culturel, sont autant de partenaires indispensables que lesautorités de tutelle se doivent d'associer dans toutes leurs démarches dans le domaine. Un ministre de la culture, un directeur de wilaya ou un chef d'établissement culturel, pour réussir réellement sa mission, doit s'entourer de ces sociétaires qui connaissent mieux que quiconque les difficultés et les besoins du secteur. Chaque responsable est ainsi appelé à ?uvrer au rassemblement de toutes ces énergies pour tirer profit de leur expérience, de leur savoir-faire et de leur potentiel créatif.Il y a quelques années, les artistes de la wilaya de Béjaïa, organisés enassociation, avaient interpellé les pouvoirs publics sur cette question, en réclamant leur droit de regard dans la gestion du secteur et leur implication effective dans l'élaboration des politiques locales et l'animation des programmes d'activités.Les protestataires avaient, dans le même élan, émis plusieurs réserves légitimes sur les choix opérés par la direction de la culture et les principaux établissements culturels de la wilaya. Saisissant la pertinence des critiques soulevées, de nombreux citoyens ont publiquement exprimé leur appui à cette requête. Nombre de revendications ont été conséquemment prises en charge et certains établissements se sont, dans le feu de l'action, dotés de conseils consultatifs réunissant les culturalistes locaux. Malheureusement, ces fameux conseils sont restés à l'état embryonnaire faute de volonté.En effet, une direction de la culture, un théâtre régional et une maison de la culture ont beaucoup à gagner en se dotant d'une telle structure consultative pour s'imprégner réellement des contraintes, découvrir les potentialités existantes et explorer les solutions idoines à chaque problème.La contribution des véritables opérateurs dans ce volet est incontestablement déterminante. Mais pas seulement, car une telle collaboration procure la légitimité et l'efficacité qui manquent tant aux organismes officiels. On a récemment appris qu'un metteur en scène, employé comme agent de sécurité (le comble) dans une Maison de la culture à Béchar, s'est vu éjecté parce qu'il est parti représenter sa ville dans un festival. Et sa troupe se voit empêchée de répéter parce que le directeur de l'institution l'a pris en grippe. C'est tout simplement scandaleux ! Dans ce domaine précis de la culture, l'administration, ne pouvant absolument rien à elle seule, est obligée de collaborer, d'écouter et de travailler en collégialité avec l'ensemble des opérateurs culturels. La marginalisation des compétences et le clientélisme sont les principaux facteurs de la décadence et de la médiocrité. Sans trop s'étaler, un responsable, honnête et objectif, ne peut se passer de l'expérience et du précieux concours des opérateurs réels qui connaissent le terrain. Ici, le succès se mesure à la capacité de rassembler pour créer les synergies et les complémentarités nécessaires. Ici, l'autoritarisme, incarné par le directeur de la Maison de la culture de Béchar dans l'exemple précédent, est à bannir.K. A.