Algérie

De l'immobilisme serein à la frénésie conjoncturelle


Des présidentielles, aux législatives, aux locales, les échéances électorales et leurs lendemains deviennent par la force de l'habitude acquise, que beaucoup mettent ingénument dans le registre du militantisme, des actions qui ne manqueront pas de hisser le niveau de développement du pays aux strates supérieures. Les débats d'une foultitude de commissions, de comités ou de groupes de travail, partisans ou institutionnels sont qualifiés de fructueux ou parfois même de méritoires, quand la modestie n'étouffe pas les interviewés ou les orateurs. Ces temps derniers ce sont des regroupements sous n'importe quel motif qui sont organisés çà et là, soit pour dénoncer une déclaration politique qui vient d'ailleurs, ou pour soutenir une autre qui vient d'ici. Tous les motifs sont bons pour faire accroire, que seul, l'attachement indéfectible aux valeurs nationales est le principal moteur de cette agitation, car c'en est une. En fait, quelles sont ces valeurs nationales dont en se gargarise à longueur d'émissions radiophoniques ou télévisuelles ? Croit-on encore et honnêtement que mobiliser ou immobiliser une assistance dans un espace et la haranguer pendant des heures peut produire des richesses ? La dernière flambée des prix des produits de consommation courante, blé, légumes secs, huile et autres produits alimentaires à l'échelle mondiale, ne semble réveiller en nous aucun démon. On se complaît dans la béatitude en revenant crânement sur les immenses réserves de change du pays et l'obligation canonique de l'Etat de soutenir ces produits de première nécessité. Qui a besoin de soutien des prix d'abord ? Est-ce que le gros négociant dont le distributeur lui-même devra bénéficier du soutien ou une autre catégorie constituée de fonctionnaires, ouvriers et autres temporaires ? La question est à poser, le temps des vaches grasses est bien révolu. La calculette devra remplacer désormais les largesses forfaitaires. L'institution étatique semble se gripper, dès qu'il s'agit d'une présomption de remaniement gouvernemental ou de mouvement dans le corps des walis. Au niveau subalterne c'est carrément le débrayage à peine déguisé, les choses traînent et l'on ne semble pas encore mesurer les morsures du temps qui passe. L'évaluation du coût d'un projet en cours de réalisation ou en achèvement ne tient compte que de l'enveloppe financière consacrée, les délais de réalisation ont aussi un coût. Les surcoûts sont générés par le dépassement des délais contractuels et par conséquent induisent directement ou indirectement des réévaluations répétitives. Dès que le projet est mis sur l'orbite de l'inauguration, la frénésie s'empare des staffs techniques et directoriaux. On s'intéresse de plus près aux contraintes d'ordre juridique, financier ou technique, qui semblaient être la pierre d'achoppement à la bonne conduite des travaux. Elles seront toutes levées par on ne sait quelle panacée. Il est remarquable et par le commun des mortels, que l'imminence d'une visite officielle est fonction des moyens mobilisés dans la frénésie de l'action. Elle dépend immanquablement de la fonction du superviseur des travaux, plus elle s'élève dans la hiérarchie plus elle renseigne sur la qualité de l'hôte attendu. Si la fièvre tombe subitement, on comprend vite qu'il y a ajournement en considérant que l'on a souté sec, le ronronnement pourra légitimement reprendre ses droits. Nos approches conjoncturelles et conjecturales, ont-elles fait de nous d'impénitents accoucheurs de montagne ? Il y a lieu de le croire ! Parler de devoir patriotique ne peut participer que de niaiserie mille fois ressassée; on ne peut indéfiniment se nourrir d'envolées oratoires ni continuer à titiller un nationalisme dont l'incongruité n'aura d'égale que les mauvaises conditions de vie d'un logis précaire ou d'une famille démunie vivant d'expédients. La contractualisation juridique devrait gérer les rapports de partenariat institutionnels ou privés; les obligations de moyens et de résultats dûment objectivées ne peuvent qu'améliorer et les prestations et la qualité du produit livré. La sanction positive ou négative induira immanquablement de nouvelles m?"urs. Les préjudices ne sont mesurés qu'en terme financier, jamais en terme de pénalisation des bénéficiaires, malades, élèves ou autres futurs usagers du projet. Le retard pris dans la réalisation d'un projet de santé influe négativement sur l'état de santé jugé jusque-là précaire de la population considérée, ou celui pris dans celle d'une école ne peut qu'exacerber les aléas du déplacement imposé à des dizaines d'enfants et par tous les temps. Les préjudices matériels et moraux sont souvent incommensurables, leur perception est parfois inaccessible aux pulsions bureaucratiques. Des logements achevés depuis plusieurs années sont encore dans l'attente d'être affectés, soit par défaut de raccordement au réseau d'assainissement ou d'amenée d'eau ou de raccordement électrique, ou tout autre motif auquel le raisonnement du postulant ne pourra jamais y accéder. Irrecevable, quel qu'en soit l'argumentaire. Tout à fait comme celui de ce support électrique qui tue dans sa chute un collégien en blessant grièvement son camarade. La commission ad hoc désignée à l'effet de vérifier le bien-fondé de l'envoi des correspondances du directeur de l'établissement scolaire dont relevaient les victimes, découvre et décrète que les correspondances n'ont pas « atterri » dans le « bon » service de la « bonne » structure. Démoniaque, la bureaucratie quand elle se retranche dans le carré défensif. Il ne serait pas étonnant pour le chef d'établissement, de s'entendre reprocher son manque de punch pour ne pas avoir alerté plus tôt et tutti quanti. Les préjudices physiques et moraux sont malheureusement bien là. On se désole, on rendra visite à la famille endeuillée en promettant une prompte réparation. « Si tu n'as point honte, libre à toi de faire ce que tu veux... » Telle est la sentence du Prophète (QLSSL).
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