Algérie

De l'art de porter un uniforme


L'?il torve de l'Occident nous épie à travers le prisme déformant, à souhait, de ses codes calibrés à sa perception individualiste de la liberté. Un pont-levis face aux fantômes venus de l'autre rive qui ne s'habilleraient pas des apparats brodés par la bénédiction des milieux de la pensée parisienne. En effet, tout tourne autour de cette reconnaissance symbolique du regard de l'autre, qui adoube, vous ouvre la porte du tout Paris littéraire et artistique et vous tend une notoriété, il est vrai, factuelle mais assujettie à un reniement de la peau et de la langue. La vérité est telle qu'elle est devenue une norme d'acceptation de l'?uvre d'ailleurs quel que soit son essence. Le but étant de faire dire à l'autre le mal qu'on pense de sa tribu. Cette duplicité intellectuelle de là-bas et son répondant qui se nourrit de la compromission d'ici ont rendu presque impossible l'émergence d'un cinéma ou d'une littérature qui n'obéit pas aveuglément aux codes intransgressibles de la pensée unique des salons parisiens. Cette frontière invisible, mais surveillée jalousement et farouchement par les gardiens du Temple, n'est pas une vue de l'esprit, loin s'en faut. Et de nombreux prétendants à la lumière se sont brûlés les ailes en tentant de gagner l'Olympe en prenant les escaliers de service. Si à une époque de notre histoire on distinguait les amis de la France avec des médailles et des titres de noblesse locale, aujourd'hui on le fait avec des prix et des récompenses. Le propos n'étant pas de critiquer tel ou tel autre récipiendaire, néanmoins un minimum d'honnêteté intellectuelle voudrait qu'on explique les raisons qui incitent la France à ne s'intéresser qu'aux ?uvres empaquetés dans du papier souvenir, sentant bon les années pied-noir, ou relatant la misère du tiers-monde arabo-musulman. Aucune transgression du genre n'est permise et ceux qui veulent briller au panthéon de la culture francophone n'ont plus qu'à écrire sous la dictée de la dictature de la pensée de la droite française sioniste. Si le reste de la vision occidentale n'est pas exempt de ces reproches, la France, de par ses nombreux ponts, historique, linguistique, culturel ou économique, avec nos ombres restées au bled, est la plus exposée à nos regards critiques. Maintenant, si on espère décrocher une étoile dans le ciel parisien, vous savez qu'est-ce qui vous reste à faire.
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