Algérie

De l'art d'être « fliqué » avec le sourire



Sitôt franchis les premiers kilomètres en direction des frontières que des hérisses valant barrage nous arrêtent. Un brigadier scrutant notre taxi ordonne à Mohamed de se mettre sur le bas-côté de la route. Le policier, par ailleurs fort affable et ne tarissant pas de formules de courtoisie, examine d'un air absorbé nos papiers en nous rassurant : « Ce n'est qu'un contrôle de routine, ne vous inquiétez pas. » Constatant que nous n'avions pas notre passeport en notre possession, il scanne scrupuleusement notre carte de presse et autre ordre de mission dûment visé par l'autorité compétente. Il crachote dans son talkie-walkie et un officier en civil vient bientôt en renfort. Ce dernier, un jeune malingre fort sympathique, nous explique lui aussi qu'il s'agit seulement d'un contrôle anodin. Cela ne l'empêchera pas de harceler sa hiérarchie au sujet de ce journaliste algérien encombrant. A aucun moment, les deux représentants du makhzen ne nous ont montré la moindre animosité. Toujours est-il que les deux hommes ont l'air embarrassé par notre cas. En attendant l'arrivée de l'officier compétent, le brigadier, dont l'uniforme rappelle ceux des carabiniers italiens, nous offre une chaise et se donne même la peine d'aller nous chercher un café.Au terme d'une quarantaine de minutes d'attente ponctuées de quelques échanges cordiaux, un officier en civil arrive enfin à la rescousse. Sur un papier quelconque, il note tous les renseignements relatifs à notre mission au Maroc et le sujet exact de notre reportage. Il se confond, à son tour, en excuses avant de nous inviter à reprendre notre route. Il convient de noter que, tout au long de notre séjour au royaume chérifien, nos rapports avec la police ont été des plus corrects, une manière sans doute de vendre l'image d'un Maroc débarrassé des réflexes policiers et résolument engagé sur la voie des droits de l'homme, contrairement à notre voisin de l'est connu pour les procédés peu diplomatiques employés par ses sbires à l'égard des journalistes. A l'aéroport de Casablanca, le guichetier de la PAF est très aimable et chacune de ses questions est enrobée d'humour et autres subtilités.Cela dit, dans tous les hôtels où nous sommes descendus, nous étions priés de préciser l'objet de notre séjour et parfois de fournir nos contacts. Ainsi, la réceptionniste d'un hôtel à Oujda ne se gêna point pour nous demander le nom de notre « personne-ressource » sur place et la raison de notre venue. Elle ajoutera d'un air entendu que « notre source » ne sera aucunement inquiétée. « C'est pour votre sécurité. Les services de police pourraient même vous prêter main-forte », argue-t-elle. A Al Hoceima, un officier de police s'est même déplacé jusqu'à l'hôtel pour nous questionner, à son tour, sur les motifs de notre présence tout en se disant « à notre entière disposition pour tout service ou renseignement ».


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