De l'air, du gaz, de l'eau

Alger. Tribunal. Salle pleine à craquer. Plus d'une centaine d'accusés appartenant à la société Sonatrach, établie à Hydra, sont devant un juge, appartenant à une autre société publique établie à El Mouradia. En cause : des détournements comme pour l'affaire Khalifa, où aucune personnalité de premier plan n'a été inculpée pour ne pas toucher le cercle présidentiel. Grand absent au tribunal d'ailleurs, l'ex-ministre de l'Energie, qui n'a même pas fait l'objet d'une convocation.Ouargla, 1000 kilomètres d'Alger, une manifestation contre le gaz de schiste a rassemblé des centaines de personnes, opposées au gaz de schiste version Sonatrach sur une question de fond : comment faire confiance à une société dont l'ex-PDG et une bonne partie des cadres dirigeants sont tous accusés de malversations dans un procès qui a lieu dans la capitale 'A Alger ou Ouargla, Hassi Messaoud ou In Salah, il est évidemment question de la même question, celle de l'énergie, qui la contrôle, qui la vend, qui en fait quoi et qui couvre les déperditions.En gros, pourquoi l'Algérie dépense-t-elle l'énergie qu'elle possède pour tuer toutes les énergies ' Parce que, expliquent les réalistes, les hydrocarbures sont les seuls produits d'exportation, au point que même l'ex-ministre de l'Energie a été importé des USA. Sauf que, selon un économiste de Béjaïa, c'est une erreur de croire que le produit algérien le plus exporté est le gaz ou le pétrole. C'est en réalité l'air. En effet, chaque container importé en Algérie repart, vide, vers sa destination d'origine. Avec de l'air algérien dedans.100 000 containers arrivant en Algérie chaque année, les mêmes repartent à vide avec 70 m3 d'air par container, soit une exportation brute de 7 millions de mètres cubes d'air algérien qui partent ainsi chaque année. Il est gratuit, mais c'est probablement pour cette raison qu'on a de plus en plus de mal à respirer.