Algérie

De Gaulle et l'Algérie : l'aveu du général



C'est parce que la plaie n'est pas encore bien refermée que tout débat ? d'où qu'il vienne ? sur la guerre/lutte de Libération nationale fait exploser une polémique rageuse, d'une rare virulence. Y compris par ceux qui ne l'ont pas vécue mais racontée par un parent, un valeureux historique, l'imaginaire collectif faisant le reste. Si la controverse sur ce sujet, dans le calme et la sérénité a l'avantage de faire avancer le débat vers la vérité, la polémique procède d'un élan de colère, de protestation et de contestation de faits non vérifiés rapportés tant par un profane, un témoin ou a fortiori un homme averti, c'est-à-dire supposé ayant pleine connaissance du sujet. Faut-il parler de guerre d'Algérie ou de lutte de Libération nationale ' Ce n'est là pas seulement une question de sémantique quant aux affrontements entre deux belligérants ou plus. Il s'agit des acteurs en présence et le contenu de leurs motivations.Entre la France et l'Algérie, la guerre des concepts prend le dessus parce qu'elle détermine l'idée définitive d'un conflit. Il n'est pas évident qu'au terme d'un débat entre initiés, les passions soient calmées. Parlant de guerre, cela suppose un face-à-face entre deux armées classiques avec toutes ses composantes, son organisation, sa logistique, son armement. Longtemps la France coloniale, refusant d'admettre la réalité de tout un peuple en lutte contre la domination, pour sa liberté, affirmait aux yeux de l'opinion mondiale qu'il s'agit là d'opérations de pacification. C'est-à-dire que le but serait de mater une subversion et de protéger la population des hors la loi. A contrario, pour les nationalistes, l'objectif est d'affranchir le pays des spoliations dans toutes leurs formes. C'est l'engrenage induit par un affrontement général et durable.
Pour l'ancien chef de la Wilaya IV, Youcef Khatib, dit colonel Si Hassen, la Bataille d'Alger, n'en est pas une, car il s'agissait d'un groupe de militants de la Zone autonome contre un régiment de l'armée française. Pour certains, cette déclaration, faite dans une émission de la Radio nationale est un pavé dans la mare, un blasphème. Evidemment, le premier à monter au créneau est le héros de la «Bataille d'Alger», immortalisée dans le film éponyme, Yacef Saâdi, décédé il y a quelques jours.
Faut-il prendre la déclaration de l'ancien diplomate Lakhdar Brahimi, comme une volonté de retrait des troupes françaises victorieuses de la guerre ' De ce point de vue, le retrait américain d'Afghanistan procéderait alors d'un sursaut de générosité ! Or, il n'en est rien car, c'est un échec militaire que l'administration américaine admet elle-même. Rappelons-nous le Viêtnam. Bien sûr, les tenants de l'Algérie française parlent d'indépendance «octroyée» par le général De Gaulle, la perte de l'Eldorado accentuant les ranc?urs. Pourtant, ce dernier, pour sauver l'honneur d'une France profondément affaiblie durant la guerre mondiale, reconnaît que tous les moyens déployés se sont avérés inefficaces, c'est-à-dire que l'armée française ne pouvait remporter la victoire comme objectif de guerre. Il le démontre mettant en balance les forces en présence, l'armée coloniale étant plusieurs fois supérieure aux modestes forces des nationalistes algériens.
Sortir au plus vite du guêpier algérien, après sept ans d'affrontements sanglants, n'est-il pas un aveu d'échec ' Son ministre, l'ancien diplomate et écrivain, Alain Peyrefitte, rapporte ce qu'il dit de l'Algérie au point fort de la guerre, (C'était De Gaulle, 787 pages, Tome 1). En un mot, la France n'en pouvait plus de ce conflit. C'était en 1959.
Brahim Taouchichet


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