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"De faim... et d'ennui" ou l'art de la récupération au service de l'ironie, une exposition de Mohamed Massen Culture



L'art de la récupération est mis au service de l'ironie la plus grinçante à propos de divers sujets de société et de ses travers par le plasticien algérien Mohamed Massen dans l'exposition-installation "De faim...et d'ennui", inaugurée samedi à Alger.
L'artiste expose jusqu'au 6 mai à l'établissement Arts et Culture d'Alger une cinquantaine de pièces, entre couvercles de fûts d'huile repeints et morceaux de ferraille réarrangés en sculptures, recouverts de proverbes et de citations d'écrivains, de philosophes et de l'artiste lui-même où dominent la dérision et la volonté d'interpeller le visiteur.
Cette démarche artistique, réalisée à partir d'une technique d'assemblage, et grâce à "une glane", à la fois d'objets et de passages de livres, permet à Massen de forger un concept qu'il appelle "Khord'Art", une contraction du mot "Khorda"-désignant dans le parler Algérien un objet inutile et médiocre-et le terme art.
Le plasticien redonne, ainsi, une seconde vie à ces objets en les hissant au rang d uvre artistique qui lui servent de prétexte pour évoquer des sujets lourds comme la dépendance aux hydrocarbures, la corruption et l'état du sport en Algérie.
Composant la majeure partie de son exposition, les quelque quarante couvercles de fûts d'huile, récupérés d'une entreprise publique, sont peints en noir et striés de couleur rouge, et sont exposés avec un grand nombre de sacs de pain rassis, illustrant la phrase de l'artiste français Jean Dubuffet "Sans pain, l'homme meurt de faim. Sans art, il meurt d'ennui", qui a inspiré le titre de l'exposition.
A propos du choix des couleurs noir et rouge dans la plupart des 'uvres, Massen explique avoir voulu "illustrer la période actuelle ou beaucoup de gens sont inquiets et broient du noir, le rouge symbolisant la vie et une volonté de redonner de l'espoir à ces derniers".
L'artiste expose également une sculpture, représentant un morceau de fer difforme sur un socle où l'on peut reconnaître un ballon de football et lire la phrase "Ce n'est pas le sportif qui est tordu mais le sport", comme un clin d il à sa propre opinion sur la situation du sport en Algérie.
D'autres sculptures, fabriquées également à partir de morceaux fer, représentent des figures humaines nommés "Bouchkara", en référence aux nouveaux riches, ou encore animales, comme dans une sculpture représentant des singes grimpant sur un arbre et accompagnée du proverbe africain "plus le signe monte haut, plus il montre son derrière".
Sur certaines 'uvres, le visiteur pourra par ailleurs apprécier des maximes de l'artiste lui même ou d'écrivains algériens, comme le regretté Rachid Mimouni à qui Massen emprunte la phrase "Partir, c'est déjà mourir un peu, rester c'est déjà mourir beaucoup".
Juriste de formation, Mohamed Massen expose depuis 1998 à Alger et en Europe. Il est lauréat en 2000 du Prix de la sculpture de la Fondation Asselah.
Autodidacte, il a participe aux côtés d'autres plasticiens à plusieurs manifestations culturelles comme l'Année de l'Algérie en France(2007) et le deuxième festival culturel panafricain d'Alger (2009).


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