De Buena Vista la coloniale à Las Terrazas, fruit de la Révolution Carnet de voyage

Fondé en 1971 dans le but de reboiser et mettre en valeur la région de la Sierra del Rosario, le projet Las Terrazas a vu le jour grâce aux efforts d'une centaine de familles regroupées au sein d'une communauté rurale. A signaler que les colons espagnols ont déboisé les forêts cubaines pour cultiver le café et la canne à sucre. En 1492, plus de 90% de l'île de Cuba étaient boisés, seulement 14% en 1959.Cuba.
De notre envoyée spéciale

En 1968, en visitant la région de la Sierra de Rosario, Fidel Castro découvre les mauvaises conditions de vie des paysans ; il décide alors de faire construire un village pour regrouper les paysans des montagnes avoisinantes. C'est ainsi que Las Terrazas est réalisé. Le projet connaît un tel succès que l'Unesco, en 1985, finance et classe la zone «réserve de la biosphère» à des fins de promotion touristique. La réserve a accueilli 40 000 touristes en 2012. Des artistes s'y sont implantés, conformément à la pensée de José Martí : «Là où la nature produit des fleurs, le cerveau en produit aussi.» L'un de ces artistes recycle du papier dans un mixeur qui fonctionne avec un moteur de machine à laver soviétique pour créer des produits artistiques tels que cartes postales, gravures, enveloppes imprimées... qu'il propose aux étrangers en visite.
Le complexe Las Terrazas s'étend sur 5000 hectares.
Le parc, protégé, a été, à partir de 1968, totalement reboisé en terrasses, d'où son nom. On y compte 6 millions d'arbres de différentes espèces dont 23 de bois précieux. Pour un arbre coupé, trois sont plantés. On y relève aussi 33 espèces de reptiles, 117 espèces d'oiseaux. Le village est aujourd'hui habité par 1200 personnes qui vivent de la nature et du tourisme local. On y trouve une école primaire, un établissement d'enseignement secondaire et technique. Un centre de recherche a été fondé en 1974. Le village abrite deux dentistes, deux médecins et trois infirmières, une discothèque, un magasin au peso convertible, un autre en monnaie locale, une garderie d'enfants, une bibliothèque pour un millier d'habitants. Une maison de la mémoire accueille des personnes âgées pour la journée et aussi le café de Maria où l'on déguste le meilleur café de Cuba, nous dit-on avant de nous tendre une tasse fumante. Une petite femme frêle, au sourire éclatant, accueille les visiteurs à l'entrée de l'établissement, dont elle a passé la conduite à son fils et à sa belle-fille. C'est Maria, âgée de 70 ans passés.
L'histoire de ce village est liée à une ancienne plantation de café de Français venus de Haïti en 1802. La plantation, du nom de Buena Vista, était très prospère grâce au labeur des esclaves qui y étaient attachés. En 1886 l'esclavage est aboli. Elle a été restaurée en 1994 ainsi que la maison des maîtres et transformée en site touristique servi par un environnement de toute beauté : végétation luxuriante, belvédère naturel à partir duquel on a une vue plongeante sur la Sierra Maestra et par temps dégagé sur Guantanamo de sinistre réputation.
La salle à manger de la maison du propriétaire, avec son ameublement et sa vaisselle d'origine, a été transformée en restaurant : la Casa del Campesino (la maison du paysan). La Casa del Campesino a reçu en 1995 la visite de Fidel Castro accompagné de Danielle Mitterand et, en 2000, de Arthur Miller.