Algérie

De Bab El-Oued au panthéon des arts



Robert Moyal de son vrai nom se fait surtout connaître comme le père de l'humour "pied-noir" en référence à ses origines judéo-algériennes et l'aventure musicale "El Gusto", 50 ans après la séparation de l'orchestre de Hadj M'hamed El-Anka dont il faisait partie.Il était à la fois humoriste, chanteur, acteur et musicien. Sa vie durant, Robert Castel tentera de renouer avec l'Algérie de son enfance, par la musique et l'orchestre "El Gusto", le cinéma en jouant dans Hassan taxi, ou encore son dernier spectacle, "Nostalgérie". Né à Bab El-Oued en 1933, le jeune Robert Castel, Moyal de son vrai nom, apprend le chaâbi de son père Elie, dit "Lili" El Abassi, l'un des maîtres incontestés de cette musique arabo-andalouse. Il l'accompagne en jouant du tar, puis de la guitare avant de rejoindre la troupe du Crad (Centre régional d'art dramatique) d'Alger.
En France, Robert se fait surtout connaître comme le père de l'humour "pied-noir" en référence à ses origines judéo-algériennes que le public de l'hexagone apprécie particulièrement à travers la pièce de théâtre La famille Hernandez. Monté en 1957 avec la troupe du Crad (Centre régional d'art dramatique) d'Alger, dont faisait partie celle qui deviendra par la suite son épouse, Lucette Sahuquet, et Marthe Villalonga, le spectacle fait tabac dès ses premières représentations.
Âgé alors de 24 ans, il poursuit parallèlement une carrière au cinéma en jouant pour des réalisateurs comme Marcel Blistène dans Les Amants de demain ou encore Un témoin dans la ville d'Edouard Molinaro. La gestuelle, les spécificités langagières des pieds-noirs, leur accent deviennent rapidement sa signature, des mimiques et un langage qu'on remarquera quelques décennies après chez la nouvelle génération d'humoriste français d'origine maghrébine. En 1982, il fait une apparition remarquée dans le cinéma algérien en jouant dans Hassan taxi, réalisé par Mohamed Slim Riad, avec des légendes comme Rouiched, Ouardia Hamitouche et Sidali Kouiret.
Très attaché à sa terre natale et aux souvenirs de Bab El-Oued son quartier natal, il reforme avec Amed Bernaoui, Luc Cherki, Mustapha Tahmi, René Pérez, Rachid Berkani ou encore Réda Djilali l'orchestre de musique chaâbi "El Gusto", plus de 50 ans après leur séparation et le départ des pieds-noirs de l'Algérie. Une aventure filmée par l'architecte et réalisatrice Sanfinez Bousbia suite à sa rencontre avec le défunt Mohamed Ferkioui (disparu en juillet dernier) qui lui fait part de ses souvenirs et le regret de n'avoir pas revu un demi-siècle durant ses compagnons de jeunesse.
"Un point m'avait marquée dans ce groupe : le courage de défendre leurs croyances et leur passion. À 80 ou 90 ans ils continuaient à croire en ce qu'ils aimaient. Ça a été quelque chose qui m'a bougée de l'intérieur. Ils m'ont fait voyager dans une Algérie de partage et de tolérance", confiait-elle en 2014. En 2013, il renoue avec la scène pour présenter son dernier one-man-show, "Nostalgérie".
Son ami et compagnon de longue date Enrico Macias a réagi quelques minutes après l'annonce de sa disparition : "2 amis, les 2 pères de l'humour "pied-noir", nous ont quittés. Samedi dernier, Philippe Clair s'éteignait. Et aujourd'hui, c'est mon ami, mon frère, Robert Castel qui nous quitte. Alors ce soir, pour leur rendre hommage, passons quelques minutes avec eux et avec humour.
Nous avions été réunis, il y a 2 ans, pour le documentaire Les magnifiques de Mathieu Alterman et Yves Azéroual. Etait également présent Régis Talar qui s'en est aussi allé, il y a quelques semaines."

Yasmine Azzouz/APS


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