Algérie

De Aïn Defla à Beni Meleuk, sur la route de la source «magique» VIREE DANS LES REGIONS PROFONDES DU CENTRE DU PAY



De Aïn Defla à Beni Meleuk, sur la route de la source «magique»                                    VIREE DANS LES REGIONS PROFONDES DU CENTRE DU PAY
De notre envoyé spécial à Chlef et Tipasa
Madani Azzeddine

I l fallait découvrir un jour la région de Beni Meleuk, cette région située dans les monts du Dahra, et dont les habitants ne cessent de parler de son eau de source, une eau qu'on dit magique, aux vertus thérapeutiques capables de soigner beaucoup de maladies. Sans aucun programme préalable, nous prenons la route vers cette région. En ce Ramadhan, c'est une bonne occasion de s'évader un peu du quotidien des villes et d'aller à la découverte de paysages pitoresques qu'offre la nature de notre pays, non encore découverts par une grande partie des Algériens.Mahfoud, notre guide qui nous accompagne dans cette virée dans l'Algérie profonde, connaît la région et ne cessera de répéter que la nature y est magnifique. Pour lui, cette région est un havre de paix, son refuge qui lui permet de s'évader du vacarme des villes et de respirer de l'air pur et de la tranquillité.Direction l'ouest du chef-lieu de la wilaya d'Aïn Defla. Nous prenons la route de la commune d'El Amra pour ensuite rejoindre la commune d'El Abadia en empruntant des petites routes communales et chemins vicinaux peu fréquentés qui nous permettent d'éviter les bouchons qui constituent le nouveau phénomène caractérisant le réseau routier.A El Abadia, nous prenons la route de la commune de Tacheta-Zeggara, une commune limitrophe de la wilaya de Chlef et située dans la partie Nord-Ouest. La chaussée est bien entretenue. Elle mène vers la petite ville de Beni Haoua et ses belles plages. La route que nous avons déjà empruntée l'année dernière est devenue très fréquentée car elle permet aux habitants de la wilaya d'Aïn Defla de rejoindre le littoral en peu de temps.Mais avant d'arriver à la ville de Tacheta-Zeggara, notre guide vire à droite à proximité de kahouat el Khemis (café du jeudi). Le véhicule tangue sur la route dégradée qui mène vers la ville de Damous (wilaya de Tipasa). Après quelques kilomètres, la nature commence à dévoiler ses splendeurs, son charme captivant. L'air est frais et embaumé de fragrances et senteurs champêtres. Les quelques îlots d'habitations que nous apercevons montrent que les habitants sont revenus vivre dans ces endroits à l'intérieur du pays dont la majorité a été désertée à l'époque où les groupes terroristes écumaient la région.Les habitations de fortune côtoient quelques nouvelles constructions en briques et béton , sûrement réalisées avec l'aide accordée par l'Etat dans le cadre du développement rural.La route constitue le premier handicap du visiteur. Très dégradée, elle nécessite une réhabilitation rapide. Sur le bord de cette route et à proximité des petits îlots d'habitation, de jeunes enfants, filles et garçons, vendent différents types de pain traditionnel, le pain de gland spécifique à cette région, est vendu également. On en achète pour en goûter après le f'tour. Cédé à 25 dinars, nous prenons deux pains. Les jeunes vendeurs insistent car chacun voulait écouler sa «marchandise», ce qui montre que cette route est peu fréquentée.

De Kahouat el Khemis à Damous, la réhabilitation de la route s'impose
Après un petit temps d'arrêt nous reprenons notre chemin en direction de la région de Oued Meleuk, pour nous c'était une région totalement inconnue. On ne savait même pas à quelle wilaya elle appartenait. Mais au moment où nous allions poser la question à notre guide, une plaque nous annonce la fin du territoire de la wilaya d'Aïn Defla et une autre souhaite au visiteur la bienvenue dans le territoire de la wilaya de Tipasa. «Les habitants de cette région se trouvent beaucoup plus proche de la wilaya d'Aïn Defla que de celle de Tipasa», dira Mahfoud avant d'ajouter «que la plupart des habitants viennent s'approvisionner des communes de Aïn Defla.» En continuant notre discussion, Mahfoud ne cesse de s'étonner sur les conditions de vie de ces habitants qui vivent à l'intérieur des zones montagneuses très loin des villes, où le transport est pratiquement inexistant. Pour descendre en ville, les citoyens font de l'auto-stop. Après un instant de silence, il dit que c'est leur attachement à leur terre qui les oblige à vivre dans ces endroits très éloignés.Poursuivant notre chemin de prospection nous apercevons de nouvelles habitations qui semblent bien architecturées, puisque les commodités nécessaires à la vie sont présentes. Une école ainsi que quelques magasins se dressent devant nous ce qui montre que les citoyens peuvent trouver ce qu'ils cherchent. Les signes du Ramadhan sont présents, peu de citoyens sont dans la rue, probablement ils se sont repliés dans leurs habitations après une matinée de travail. Puisque dans ces régions les citoyens commencent à travailler très tôt pour rentrer chez eux vers 13h ou 14h.Poursuivant notre chemin une légère pente s'annonce dans la route encore très accidentée, les véhicules viennent tous dans le sens inverse ce qui veut dire qu'ils rentrent chez eux après un déplacement vers la ville de Damous ou les autres villes de la wilaya de Tipasa. Ce qui attire notre attention c'est qu'une seule marque de véhicule récente est très utilisée dans cette région. «Si les gens savaient que cette marque est très demandée ici beaucoup de citoyens viendraient écouler leur véhicule ici», dira Mahfoud avant d'ajouter que cela montre que cette marque supporte beaucoup les routes accidentés.Un peu plus loin nous
apercevons une caserne militaire, apparente en hauteur, sa situation lui donne la possibilité d'avoir une vision panoramique de cette région.Notre guide nous dira que la route passe à proximité de cette caserne où un barrage fixe est dressé, traversant quelques centaines de mètres, on se retrouve devant le barrage des militaires avec qui nous échangeons les salutations d'usage, tout en leur souhaitant un bon Ramadhan, avant de poursuivre notre chemin vers la région de Beni Meleuk. La nature continue de nous fasciner de plus en plus à travers la route sinueuse qui nous mènevers la ville de Beni Meleuk. Une fois sur place, nous faisons une virée dans le marché de cette ville, un marché qui se dresse sûrement à l'occasion de ce mois de jeûne. Comme partout dans les villes, l'étranger est vite repéré d'autant plus que les regards des habitants, peu nombreux, se sont orientés vers nous.Les prix affichés pour les fruits et légumes sont beaucoup plus bas par rapport aux autres villes. La Zlabia est exposée également dans ce marché, l'ambiance du Ramadhan est présente et les enfants participent aussi à la vente de différents produits très demandés durant ce mois. Il nous fallait acheter un jerican pour transporter l'eau de source. Habitué de la région, Mahfoud avait déjà son jerican dans sa voiture. Armés de nos jericans, nous prenons la direction de la sortie de la ville à la recherche de cette source à laquelle les autochtones prêtent des effets curatifs.

L'eau de source de Beni Meleuk, une eau magique'
Après une certaine distance, nous apercevons cette source. Selon Mahfoud, les autorités ont procédé à son aménagement pour permettre aux gens de mieux s'approvisionner. Elle est située dans un virage et visible à tout passager.Un véhicule est déjà stationné pour remplir plus d'une dizaine de jericans. Il faut attendre notre tour. Mahfoud n'est pas d'accord et nous explique que ceux qui ont peu de jericans sont prioritaires par rapport à ceux en ont beaucoup, surtout s'ils sont étrangers. Aussi, demandera-t-il l'autorisation de remplir nos deux jericans. Les deux personnes présentes ont compris qu'on n'habite pas la région et ils nous autorisent à remplir en cette eau de source très fraîche. Pour eux, c'est une eau très bonne. Il était 15h30, quand Mahfoud nous propose de rejoindre Damous, ville côtière relevant de la wilaya de Tipasa qui se situe en contrebas, à quelques kilomètres.La fraîcheur annonce la grande bleue. Après quelques kilomètres parcourus, la ville de Damous se dresse devant nous. Direction le marché, baromètre principal de l'ambiance du Ramadhan. La difficulté de stationner est déjà apparente, vu le nombre important de véhicules et l'emplacement du marché qui connaît l'affluence de nombreuses personnes.

Les marchés baromètres de l'ambiance du Ramadhan
Les prix ici dans la bande du littoral semblent un peu élevés par rapport aux régions de l'intérieur. Les fruits sont pratiquement cédés comme au niveau des marchés de la wilaya d'Aïn Defla mais avec seulement une légère baisse.L'heure du retour s'annonce mais cette fois par la route de Beni Haoua. On change d'itinéraire. «Ce n'est pas normal que la wilaya d'Aïn Defla n'eut pas de littoral alors que ses frontières en sont très proches», dira Mahfoud avant d'ajouter que la wilaya de Chlef dispose de la même situation géographique qu'Aïn Defla et compte 120 km de côtes, alors Aïn Defla devrait avoir au moins une partie de la côte de Chlef et de celle de Tipasa. «Il faut faire un nouveau découpage administratif et rattacher la région de Beni Haoua jusqu'à Damous à la wilaya d'Aïn Defla», ajoutera-t-il en arguant que la population habitant ces monts et qui relève administrativement de Chlef et de Tipasa, est beaucoup plus proche de la wilaya d'Aïn Defla.Poursuivant notre chemin de retour à travers les monts de Beni Haoua et la route qui mène vers Souk Lethnine, une région connue pour ses cultures sous serre, lesquelles drainent beaucoup de commerçants de gros de plusieurs wilayas du pays.
La tomate est cédée entre 20 et 25 da/kg, au niveau de cette localité dont la traversée est rendue très difficile en cette période de la journée par les nombreux vendeurs qui prennent place de part et d'autre pour écouler différents produits très consommés durant ce mois d'abstinence. Les vendeurs d'essence disposent de leur propre commerce, ils sont installés de part et d'autre de la route et ils disposent de tous les moyens pour alimenter les automobilistes. Dans cette région aucune station d'essence n'existe. Aussi, des gens se sont spécialisés dans la vente du carburant dans les jerricans. Donc le problème de l'approvisionnement est résolu alors que je me suis posé la question lors de notre trajet vu que je n'ai pas aperçu de station-service tout au long du trajet. La route bien revêtue nous mène ensuite vers la commune de Tacheta, une région déjà prospectée l'année dernière. Après ce trajet, une route en lacets, qui nous conduit jusqu'au littoral pour regagner la commune de Abadia, nous marquons un arrêt dans la ville pour voir l'ambiance du Ramadhan, laquelle montre que les citoyens sont tous concentrés sur l'achat des fruits (surtout que l'heure de la rupture du jeûne approche, il ne nous reste que trois-quarts d'heure pour la prière d'el Maghreb), telles les belles pommes exposées dans ce marché attirent notre attention, il fallait en prendre quelques kilos au lieu de rentrer les mains vides à la maison mais c'est aussi question de goûter le produit et comparer les prix.Les figues de barbarie exposées aussi à des prix acceptables attirent également notre attention à 60 DA la douzaine. On ne pouvait rester encore plus longtemps dans ce marché puisque l'heure d'el Iftar approchait et la circulation routière devenait de plus en plus difficile d'autant plus que les conducteurs manquent de vigilance après la baisse de leur énergie et les fautes qu'ils peuvent commettre. De retour à la maison, l'eau de source qu'on dit magique retient l'attention de toute la famille. Tout le monde attend l'heure de rupture du jeûne pour la goûter. Et quand le moment sera venu, on relèvera qu'elle est légère et a un goût particulier qu'elle doit sûrement aux différentes couches de sidiments qu'elle traverse avant de jaillir.Cette virée dans les profondeurs du territoire de la wilaya d'Aïn Defla, Chlef et Tipasa nous a montré que l'ambiance du Ramadhan est présente et dispose d'un cachet particulier dans ce territoire et que la wilaya d'Aïn Defla a besoin d'un nouveau découpage administratif qui lui permettra d'avoir sa part du littoral du pays puisque à vol d' oiseau, la distance vers le littoral ne dépasse pas une vingtaine de kilomètres.


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