Alors que la Chambre des représentants (Parlement) se consacrait, hier, à Tobrouk, en plein chaos institutionnel, à l'examen des deux candidatures retenues sur les sept déposées deux jours plus tôt, pour diriger le prochain gouvernement libyen, l'actuel Premier ministre AbdelHamid Dbeibah, a indiqué, mardi soir, que son gouvernement resterait en fonction jusqu'à la tenue d'élections et qu'il ne passerait la main qu'à un gouvernement «élu», c'est-à-dire sorti des urnes. «Nous n'autoriserons pas de nouvelles phases de transition et n'abandonnerons pas notre rôle au sein du gouvernement jusqu'à la tenue des élections. Le gouvernement d'unité nationale continuera à travailler jusqu'à la passation des pouvoirs à un gouvernement élu», a déclaré Dbeibah dans un discours télévisé.Ce faisant, il passe outre le vote de mardi et celui d'hier qui devait départager Fathi Bachagha et Khaled al-Bibass, 120 députés ayant été réunis pour la circonstance, sous la présidence de Saleh Aguila, dans le but de prononcer une nouvelle phase de transition au cours de laquelle des élections générales sont prévues selon une feuille de route qui table sur 12 à 14 mois au plus tard. En fait, l'objectif du tandem Aguila-Haftar est double.
D'une part, il s'agit de reporter pour au moins une année l'organisation des élections générales tant attendues par le peuple libyen et la communauté internationale. D'autre part, il y a lieu de changer la donne en poussant vers la sortie un Premier ministre devenu particulièrement encombrant en la personne de Dbeibah qui s'est porté candidat à la présidentielle du 24 décembre dernier, après s'être engagé lors de sa désignation par le Forum du dialogue politique interlibyen à ne pas concourir aux deux scrutins prévus. Il faut dire qu'il n'était pas le seul puisque Aguila comme Haftar, et quelques autres, étaient également de la partie. Preuve qu'il sera très difficile aux médiateurs onusiens de faire respecter les engagements des uns et des autres et plus encore de parvenir à renouveler le personnel politique dans un pays qui n'a pas fini de consommer la crise de 2011 avec tous ses soubresauts et ses multiples contradictions.
Dbeibah a eu beau jeu mardi d'accuser «une classe politique» dont les principales figures occupent le devant de la scène depuis plus de dix ans de dominer le pays et de lui imposer leur diktat, au cours des dernières années, en «émettant des décisions à la Chambre des représentants libyenne, en continuant à falsifier des décisions sans contrôle ni responsabilité», et en tentant de semer la division politique ainsi que le chaos dans le pays. Le Premier ministre a, de ce fait, renvoyé cette «classe politique» à son entière responsabilité dans l'échec de la tenue des élections prévues le 24 décembre dernier, lui reprochant en outre de n'avoir pas même «clarifier les raisons de ne pas les tenir». La Libye n'a pas réussi à organiser les élections présidentielle et législatives du 24 décembre 2021 en raison de problèmes techniques et juridiques, selon la Haute Commission électorale nationale du pays.
Dbeibah a procédé à son attaque deux jours avant le vote de la Chambre des représentants sur le choix d'un nouveau Premier ministre tandis que le président du Parlement, Aguila Saleh, s'est contenté de réaffirmer que le gouvernement Dbeibah avait expiré et qu'il faut donc nommer un nouveau gouvernement.
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Posté Le : 10/02/2022
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Chaabane BENSACI
Source : www.lexpressiondz.com