Algérie

Day Iftar



Day Iftar
«Le malheur ne peut se consoler qu'avec le malheur des autres» Henry de Montherlant
Le Ramadhan est bien fini et l'esprit est enfin libéré des obsessions gastronomiques. Maintenant que l'estomac est revenu à sa juste place, toutes les bonnes résolutions que l'on n'a pas su tenir, obligent à faire un sérieux bilan moral et financier que la rigueur des temps impose.
Une fois cela fait, il faudra se tourner vers les onze prochains mois dont il faudra relever les défis avant de replonger dans les tristes mauvaises habitudes.
Cependant, cette année n'est pas tout à fait comme les autres: le mois sacré n'a pas connu la rahma dont on a l'habitude de l'auréoler. Qu'on en juge: les prix des produits alimentaires ont presque doublé à l'approche de l'Aïd! Les produits habituels qui font l'objet de la spéculation à la veille des fêtes n'ont pas dérogé à la tradition: la courgette et le navet, compagnons fidèles de la rechta, ont atteint des sommets. Ils ont suscité tant d'envie que la modeste carotte s'est piquée au jeu et s'est fait pousser des ailes: 100 dinars le kilo du crucifère! On n'a jamais vu ça. Encore un peu et Ould Abbès se sentirait obligé de le ranger dans sa pharmacopée. On s'étonne encore de la disponibilité du lait en sachet. Il y en a même qui trouvent cela bizarre!
L'Aïd sera une véritable veillée d'armes pour les malheureux parents qui auront à affronter une rentrée scolaire qui va se révéler aussi dispendieuse que le mois d'agapes que nous venons de traverser d'autant plus que la plupart des modestes acteurs économiques ont reçu leur salaire avec trois semaines d'avance. La rentrée sera certainement très chaude et même torride: on ignore encore quelles seront les mesurettes que prendra un gouvernement en gestation pour renflouer des ménages ruinés par une inflation galopante. Va-t-on nous annoncer, au lendemain de l'Aïd, les chiffres habituels des couffins distribués à des pauvres anonymes alors que les trottoirs s'encombrent déjà de mendiants circonstanciels tout comme on nous jettera à la figure le nombre exact de miséreux recensés' L'histoire passera sans détourner la tête à côté des douteuses statistiques que l'on se jette actuellement à la face sur le nombre exact de pauvres que l'Algérie exsangue compte. C'est parfaitement mesquin de pérorer sur les qualificatifs qui conviennent le plus aux légions de nécessiteux qui ont des difficultés monstres pour survivre. Quand un salaire n'arrive pas à nourrir, à vêtir, à loger une maisonnée, ce n'est plus de la pauvreté, c'est de la misère. Ceux qui vivent dans le besoin auront toutes les peines du monde à répondre s'ils sont pauvres, nécessiteux ou indigents puisqu'ils font tous partie de la grande famille de la misère de la République couscoussière. S'il y a des pauvres, c'est qu'à côté il existe des riches: alors, il est plus confortable moralement de penser à ceux à qui Dame fortune a souri: qu'importe les moyens qu'ils ont employés pour arriver là où il sont: vols, détournements, crimes... Pensons plutôt à ces nombreux scandales financiers dont les procès sont sans cesse reportés d'une date ultérieure à une date ultérieure...
Consolons-nous en nous disant que nous sommes plus heureux que les Syriens qui sont en train de connaître le même sort que leurs frères libyens...


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