Algérie

Davos rattrapé par la réalité arabe



Le rendez-vous grison sera rattrapé par une actualité plus brûlante : les mouvements de contestation sociale inédits qui secouent le monde arabe depuis plusieurs semaines. Des tables rondes et des ateliers seront consacrés à  cette poudrière. A commencer par la «Révolution du jasmin» qui a balayé en quelques jours les 23 ans du régime dictatorial de Ben Ali. Depuis le début du mois, la fleur qui embellit la révolution tunisienne sème ses graines du Maroc au Yémen, en passant par l'Egypte. Là où les populations souffrent des mêmes maux que la Tunisie : cherté de la vie, pauvreté, inégalités, corruption, chômage, mauvaise gouvernance... La rue a pris conscience qu'elle a désormais le pouvoir d'en finir avec les dictatures et que la «jeunesse sans avenir» peut prendre son destin en main - notamment grâce aux réseaux sociaux. «Pour la première fois, dans les pays arabes, depuis la révolution en Irak qui a renversé la monarchie en 1958, la société civile a pris la parole et cela a été suivi d'actes», éclaire Mansouria Mokhefi, chef du programme Moyen-Orient/Maghreb à  l'Institut français des relations internationales (IFRI). «Si cela a été possible dans une dictature comme la Tunisie, où régnait la terreur, les citoyens se disent que cela peut se reproduire ailleurs.» Y aura-t-il un printemps arabe ' Les dirigeants du monde arabe brilleront par leur absence à  Davos. Une discrétion qu'on ne leur connaissait pas. Pas question de quitter leur pays, de peur de perdre leur fauteuil présidentiel ou leur trône. Le roi du Maroc, Mohammed VI, qui avait hébergé un forum du WEF à  Marrakech était attendu dans la station grisonne. Il a préféré rester au chaud dans son royaume. Le président algérien, Bouteflika, malade, doit gérer au jour le jour la révolte. Même le roi Abdallah et sa femme Rania ne feront pas le déplacement habituel. Leur apparition dans les fastes de Davos pourrait avoir des effets ravageurs à  Amman. Quant à  Moubarak, il est plus paniqué que jamais par le soulèvement de l'opposition. Le nombre de ministres arabes participant au WEF se compte sur les doigts d'une main, essentiellement d'Arabie Saoudite et des Emirats. Le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, a parlé à  Davos des citoyens arabes «frustrés». Pour l'inamovible Amr Moussa, «le citoyen arabe est arrivé à  un niveau d'exaspération jusqu'ici inégalé. Il faudra vite des réformes». La réponse du président russe n'a pas tardé.
«Burnout global»
Lors de son discours inaugural du forum de Davos, Dmitri Medvedev, a souligné que le renversement du régime de l'ex-président Ben Ali en Tunisie est une «leçon substantielle» pour tous. «J'espère que la situation en Tunisie va se stabiliser et qu'elle n'aura pas d'effet de contagion dans le monde arabe», a-t-il toutefois souligné. Les pouvoirs en place doivent «écouter ce que le peuple a à  dire, car sinon ils risquent de perdre le contact avec la réalité, ce qui ne veut pas dire néanmoins qu'ils doivent suivre n'importe quel conseil qui leur est donné», a ajouté M. Medvedev devant un parterre de décideurs politiques et d'hommes d'affaires. Pire, des patrons de multinationales occidentales ont affirmé lors des débats que le monde arabe n'a pas besoin de démocratie mais plutôt d'un peu de moyens économiques pour hausser son niveau de vie. Aussi pénible que cela puisse paraître, au WEF, les décideurs du monde pensent globalement que ce qui se passe au Caire, à  Alger ou à  Sanaâ, c'est plus une révolution pour remplir le ventre de pain qu'autre chose. Décidément, les puissances occidentales ont peur d'affronter les questions qui fâchent et surtout celle-ci : que faire face à  des pays arabes corrompus et aux économies mal gérées par des régimes autoritaires à  bout de souffle ' C'est clair que la révolte de la rue arabe déstabilise les instances internationales et conduit à  une situation de «burnout global». Comme si l'Occident semble dépassé par les enfants de la révolte arabe.  Sid Ahmed Hammouche
 


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