Algérie

David Welch lors d'un point de presse à Alger Troisième mandat, les Algériens de Guantanamo et le Sahara Occidental



Le sous-secrétaire d'Etat américain chargé du Moyen-Orient et de  l'Afrique du Nord, a clôturé sa visite de deux jours, à Alger, par un point de presse organisé, hier en fin de matinée, à la résidence de l'ambassadeur US qui a pris part à cette rencontre. Le jour même de son arrivée, David Welch a rencontré le président de la République et le chef de gouvernement, suivis le lendemain, par le ministre des Affaires étrangères. «Nous avons évoqué beaucoup de sujets dont les questions régionales, de l'Iran jusqu'au Sahara Occidental, les relations bilatérales, et même la question du Kosovo», a-t-il indiqué au début de la rencontre avec la presse. A propos du timing de sa visite qui intervient, comme en mars 2006, juste après une rencontre au sommet algéro-russe, Welch rassure qu'il ne s'agit là qu'un hasard de calendrier. «Les relations algéro-russes, ça m'intéresse, mais la date de ma visite est une simple coïncidence», a-t-il tenu à préciser. La raison de sa visite est liée à l'expiration, dans moins d'une année, du mandat de l'administration Bush «qui a maintes choses à accomplir», avant de préciser que «les avis de M. Bouteflika sont beaucoup appréciés». La «lutte contre le terrorisme, qui se manifeste dans son action la plus violente à travers Al-Qaeda» qui fait «un usage de la religion dans le but d'un plan politique étrange», reste aussi un des sujets d'intérêt commun entre l'Algérie et les Etats-Unis», comme l'a souligné David Welch, hier, et qui a réitéré son «soutien au gouvernement et au peuple algériens dans leur lutte contre la violence terroriste». Si la coopération sécuritaire existe entre les deux pays, il n'y a eu, par contre, aucune commande d'armes aux USA de la part de l'Algérie. «Nous n'avons reçu aucune demande officielle pour l'achat d'armes US», a indiqué le diplomate précisant que si une telle demande venait à être exprimée «elle serait étudiée». A ce jour, les Etats-Unis n'ont vendu que des «équipements non létaux» (comme les radars), a-t-il indiqué aussi. Que pensent les Etats-Unis de la révision constitutionnelle et d'un éventuel 3e mandat présidentiel? Le sous-secrétaire d'Etat US estime qu'il s'agit là d'une question qui intéresse les Algériens uniquement, exprimant seulement le souhait qu'il y ait un «large débat». A propos du sort des Algériens détenus à Guantanamo, David Welch affirme que les discussions sont toujours en cours avec les autorités algériennes et qu'il n'y a pas eu d'accord à ce jour. Les USA souhaitent-ils que les détenus algériens soient jugés et emprisonnés en Algérie? «Non, là n'est pas la question. Nous souhaitons seulement les transférer dans leur pays et être rassurés qu'ils ne représenteront plus un danger pour la sécurité», dit-il, avant de rajouter devant notre insistance, «j'ai déjà vu des exemples d'ex-prisonniers de Guantanamo qui sont libres de leurs mouvements, une fois rentrés dans leurs pays». Une indication, on ne peut plus claire, que les Etats-Unis ne s'opposeraient pas à une éventuelle libération de ces détenus, si les autorités algériennes s'engageaient à surveiller leurs moindres petits mouvements. Interrogé sur les difficultés de l'Algérie à adhérer à l'Organisation mondiale du Commerce (OMC), et dont certaines contraintes sont attribuées aux Etats-Unis, Welch estime que son pays «n'est pas un partenaire difficile». Précisant, au passage, que ce sont les «standards internationaux en matière d'accession à l'OMC (qui) sont assez élevés» et non pas la position de son pays. «J'imagine que le problème ici, c'est l'ouverture de l'économie algérienne. Ceci implique des choix difficiles, mais attire une multitude de bénéfices», dont celui, selon lui, de rendre le marché algérien «attractif pour les investissements étrangers». Le point de presse d'hier a été également une occasion pour les journalistes d'aborder d'autres questions comme celle du Kosovo. A été pointée du doigt la partialité des USA qui n'hésitent pas à s'engager de tout leur poids dans le cas du Kosovo, contrairement à leur attitude dans des dossiers qui traînent depuis plusieurs décennies comme c'est le cas pour le Sahara Occidental et la Palestine. David Welch réfute toute attitude partiale de son pays. Pour lui, il ne s'agit que «d'approches différentes». «Le peuple du Kosovo veut son indépendance», dit-t-il pour expliquer la reconnaissance américaine de ce «nouvel Etat». «La plupart des pays soutiennent l'indépendance du Kosovo», ajoute-t-il avec une grande assurance. Il a, d'ailleurs, évoqué cette question, ici à Alger, laissant entendre que la position algérienne est en phase d'élaboration, et qu'il a justement tenu à ce que ses interlocuteurs prennent connaissance de la position américaine. Concernant la question palestinienne, David Welch estime que les «deux parties» sont d'accord pour la coexistence de deux Etats, et résume toute la problématique à des «négociations sur les frontières». Pour ce qui est du Sahara Occidental, le sous-secrétaire d'Etat US n'a d'yeux que pour la «proposition marocaine d'autonomie du Sahara» qui, selon lui, «est un pas vers la solution». «Nous voulons une solution pratique et acceptable par les deux parties», ajoute-t-il avant de clôturer la discussion sur ce thème. Là où M. David Welch ne s'est pas fait prier pour parler avec une plus grande détermination, c'est sur le dossier du nucléaire iranien. «Je ne compare pas l'Algérie à l'Iran. Si l'Algérie a envie de développer l'utilisation de la technologie nucléaire à des fins pacifiques, nous n'y voyons aucune objection», dit-il, en réponse à une question sur la position américaine vis-à-vis de la démarche algérienne dans ce domaine. Lorsque Welch parle de l'Iran, les traits de son visage se durcissent et il emploie des termes plus incisifs. «Les iraniens mentent et violent le traité de non-prolifération nucléaire (TNP). Beaucoup de pays dans le monde disposent de l'énergie nucléaire, mais ils achètent le combustible (de l'uranium enrichi, ndlr). L'Iran n'a pas besoin d'enrichir l'uranium». En clair, l'Iran n'a pas le droit d'exercer son droit à l'enrichissement (puisque le TNP ne l'interdit pas) parce qu'il est accusé d'avoir un programme secret de développement d'armes nucléaires. «L'Iran n'a pas le droit de faire ce qu'il veut, étant donné qu'il a un programme secret», affirme le diplomate qui ajoute, en guise d'explication que «si la loi vous donne le droit de posséder une arme, ça ne veut pas dire que vous avez le droit de tirer». Le sous-secrétaire d'Etat US chargé des affaires du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord clôture son intervention sur ce point en qualifiant l'Iran d'«Etat criminel récidiviste».


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