Algérie

David Cameron l'indéchiffrable



David Cameron, Premier ministre britannique, est un homme politique difficile à suivre. D'Alger, il débarque sans s'annoncer, en Libye. Alors qu'il avait déclaré à une télévision anglaise, à partir d'Alger: «Je suis ici suite à la terrible attaque terroriste d'In Amenas dans laquelle six citoyens britanniques et un résident de la Grande-Bretagne ont perdu la vie. Cela nous rappelle que ce qui se passe dans d'autres pays nous affecte directement chez nous», on aurait pu penser que c'est le remords qui l'a poussé à Tripoli. Eh bien, non! Tout le monde se rappelle, en effet, son volontarisme aux côtés de Sarkozy dans le renversement du régime d'El Gueddafi. Depuis les frappes aériennes, où tous deux étaient aux avant- postes des forces de l'Otan, jusqu'à la fête de Benghazi du 15 septembre 2011 dont l'histoire retiendra l'image de ces deux hommes «se tenant la main, les bras levés au ciel» en signe de victoire, rapportée par les journalistes présents sur place. Depuis, l'Etat libyen peine à se mettre en place, tandis que les Libyens souffrent de l'insécurité qu'ils répandent, à leur corps défendant, sur toute la région. Y compris l'attaque terroriste d'In Amenas. Point de remords donc, mais plutôt pour y installer les services de renseignements anglais. Officiellement, ils auront pour mission d'enquêter sur l'affaire de Lockerbie datant de 1988 et dont le seul condamné est mort l'an dernier. Officiellement aussi pour enquêter sur le meurtre, au cours d'une manifestation devant l'ambassade de Libye à...Londres, en 1984, d'une policière anglaise. Quant à la lutte contre le terrorisme, David Cameron a sa propre conception. Il est contre l'intervention militaire telle que menée par la France. Il préfère «apporter une réponse ferme, patiente et intelligente pour faire face à la menace terroriste», avait déclaré sa porte-parole à Londres. Ce n'est pas la première fois qu'il «tacle» ainsi le président Hollande. Il y a eu, avant, le fameux «tapis» qu'il s'est promis de dérouler aux riches français qui voudraient fuir leur fisc. Vraiment difficile à suivre David Cameron! Il n'a pas l'air de réagir à la juste mesure de la menace. En ce sens, l'appel aux ressortissants de son pays à quitter Benghazi paraît bien en deçà d'une réponse claire à l'objectif des terroristes qui ont investi le site gazier et qui ont ciblé, en même temps que l'acte de guerre contre l'Algérie, les intérêts anglais de BP. Pourtant, ses gesticulations, au début de l'attaque terroriste contre notre pays, étaient comprises comme un désir irrésistible d'envoyer les troupes anglaises à In Amenas. La promptitude de l'Algérie à donner l'assaut et que Hollande a qualifié de «réponse appropriée», si elle a fait changer le ton au Premier ministre britannique, n'a pas fait baisser son irritation. Au point où il a bousculé son agenda pour venir en Algérie où le double accueil (à l'aéroport et à la présidence de la République) dont il bénéficia suffit à connaître la réponse qu'il a reçue. Celle de l'accord bilatéral pour «développer la langue anglaise» en Algérie. S'agissant du terrorisme et comme l'a si bien rappelé la désormais ex-secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, en recevant le ministre japonais des Affaires étrangères: «Il ne s'agit pas seulement de la coopération avec l'Algérie, mais de la coopération internationale contre une menace commune.» Une coopération internationale qui manque jusque-là de coordination, c'est le moins que l'on puisse dire. Et ce n'est pas le président français, François Hollande, qui rend visite aujourd'hui à ses troupes engagées contre le terrorisme au Mali, qui dirait le contraire. Avec lui, les choses sont claires. Ce n'est pas le cas avec David Cameron qui est vraiment difficile à suivre. Une «difficulté» qui a, néanmoins, sa propre lecture!


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