Algérie

Daryl Cagle et Jan Eliot. Caricaturiste et bédéistes americains à Alger : « Obama est moins amusant que Bush »



Daryl Cagle et Jan Eliot. Caricaturiste et bédéistes americains à Alger :  « Obama est moins amusant que Bush »
Daryl Cagle et Jan Eliot sont les invités du 2e Festival international de la bande dessinée d'Alger (FIBDA). Obama est nu. Une grosse médaille portant l'effigie de George W. Bush couvre ses parties intimes. Aucune légende, pas de bulle. Daryl Cagle, l'un des plus célèbres caricaturistes et éditorialistes politiques américains, a voulu protester à sa manière contre la décision de l'Institut norvégien d'accorder le prix Nobel de la paix à l'actuel locataire de la Maison-Blanche. « Mais, Obama n'a rien fait pour mériter ce prix », a soutenu cet ex-collaborateur de Muppet Magazine et de Forbes, lors d'une rencontre avec des journalistes au siège de l'ambassade des Etats-unis à Alger.Daryl Cagle rejoint ceux qui ont critiqué l'attribution de ce prix à un homme qui vient à peine de prendre ses fonctions. Depuis Willy Brant, chancelier allemand, en 1971, on avait cru, naïvement, que le Nobel de la paix ne récompenserait plus les intentions d'une personnalité mais ses faits ! Daryl Cagle et Jan Eliot, bédeistes reconnus, sont à Alger à l'invitation des organisateurs du Festival international de la bande dessinée d'Alger (FIBDA) qui s'est ouvert, hier, à l'esplanade Riadh El Feth. Daryl Cagle collabore avec msnbc.com, l'un des plus grands sites aux Etats-Unis de la chaîne câblée MSNBC. Il dirige une compagnie, Cagle Cartoons, INC, basée en Californie, qui fournit des dessins à 900 journaux et périodiques. Les professionnels américains appellent ce genre de compagnie « Syndicate ». « A Alger, j'aurai l'opportunité de rencontrer beaucoup de dessinateurs. Je serais heureux qu'ils collaborent avec nous », a-t-il noté.A travers Editors Press Service, Daryl Cagle offre des caricatures à des publications du monde entier. Mais les « syndicates », qui vendent les BD et les caricatures, ne sont-ils pas un frein à la libre expression ' « Pour moi, pas de censure. Il y a des dessinateurs qui préfèrent être indépendants. Ils peuvent publier leurs produits sans passer par une compagnie », a rassuré Jan Eliot qui active avec la Universal Press Syndicate. Daryl Cagle est fier de dire qu'à MSNBC, personne ne contrôle ses dessins. « La censure se fait par le marché. On ne propose pas de dessins qui n'intéressent pas les journaux. Les caricaturistes répondent à une demande du marché. La compétition est quotidienne. Dans ma compagnie, j'offre des dessins qui s'adressent à toutes les opinions, aux USA et à l'étranger », a-t-il précisé. Selon lui, les journaux, conservateurs ou libéraux, recrutent les caricaturistes selon leur opinion. A titre d'exemple, Daryl Cagle, qui se dit libéral, plus à gauche qu'à droite, ne pourra jamais collaborer avec le New York Post ou le site de Foxnews parce qu'il ne partage pas leurs points de vue.« Quel que soit le degré de l'outrage contenu dans un dessin, il y aura toujours un journal qui acceptera de le publier. Mais, si les dessins sont trop subversifs, personne n'en voudra. Cela ne sert à rien de faire des dessins qui ne seront pas publiés. Les caricaturistes se plaignent souvent du mauvais traitement réservé à leur travaux par les journaux. Je veille pour que ceux qui collaborent ne font pas ce genre de réclamation », a assuré Daryl Cagle. Jan Eliot, qui fait peu de caricatures politiques, a subi les foudres de Orange County Register, journal conservateur, pour avoir critiqué Dick Cheney, ancien vice-président des Etats-Unis. Cette publication a interdit définitivement les dessins de Jan Eliot. « L'avantage que nous avons aux Etats-Unis est qu'il y a plusieurs journaux », a déclaré la bédéiste pour souligner l'importance du pluralisme. Les BD de Jan Eliot sont quotidiennement publiés par 200 journaux américains d'audience différente. « Si je produis un dessin controversé, je ferai tout pour le montrer ! », a avoué Dary Cagle. Selon lui, on peut faire des caricatures de tout, en ce sens que c'est l'expression d'un point de vue. « Ils sont responsables de ce qu'ils dessinent et de ce qu'ils expriment.Personne ne leur imposera quoi que ce soit », a-t-il dit. Les douze caricatures danoises, qui avaient suscité en 2005 la colère dans le monde islamique en raison de la représentation du Prophète Mohamed, sont, d'après Daryl Cagle, l''uvre d'illustrateurs sollicités par le journal Jyllands-Posten et pas des caricaturistes professionnels. « Je ne vois pas l'intérêt de faire un dessin qui touche à la sensibilité des gens. Susciter la colère des gens est une manière de perdre son audience. C'est une forme d'autocensure », a-t-il expliqué, rejetant les critiques « injustes » à l'encontre des caricaturistes politiques après cet épisode. Les caricaturistes sont-ils plus critiques envers Obama que Bush ' « Les caricaturistes sont majoritairement des libéraux. Ils auraient peut-être votés pour Obama. Une caricature qui n'est pas critique n'a pas lieu d'être. L'Administration Obama est stigmatisée autant que l'était celle de Bush. Mais Bush par sa stupidité et ses déclarations tordues nous donnait de la matière. C'est un personnage qui inspire. Obama est trop intelligent et parle bien. Il est moins amusant que Bush. Je dois dire que Bush me manque ! », a reconnu Daryl Cagle.En raison de la crise économique, les banques sont, d'après lui, plus présentes dans les dessins de presse qu'Obama. Moins politique, Jan Eliot est créatrice de la fameuse série de BD, Stone Soup, publiée dans des journaux au Canada, aux Etats-Unis, en Norvège, au Portugal, en Roumanie et ailleurs. « Mes BD traitent de la famille et de sujets sociaux. Je suis à Alger pour intervenir dans un débat sur la femme et la BD », a dit cette céramiste et plasticienne qui a pris passion pour la BD après son divorce. « Auparavant, il y avait des préjugés à l'égard des femmes bédeistes. Elles étaient obligées d'utiliser des noms d'hommes pour être publiées. Ces préjugés ont disparu, mais les femmes sont toujours peu nombreuses à faire de la BD. Pour certains journaux, avoir une femme bédéiste était déjà suffisant. Cela ressemble à la même attitude à l'égard des Afro-Américains », a regretté Jan Eliot, soulignant qu'un bédéiste américain peut subvenir à ses besoins sans être riche.Aux Etats-Unis, sur les 250 grandes BD, 12 seulement sont faites par les femmes. Jan Eliot travaille également avec Habitat For Humanity International, une ONG américaine qui aide des familles à revenus modestes à construire des maisons. Cette ONG active à l'étranger comme en Thaïlande où Jan Eliot se rendra bientôt. « Les personnages de mes bandes dessinées parlent de ce programme d'aide. C'est une manière de faire la promotion à l'action humanitaire », a-t-elle soutenu.Sites web de Jan Eliot et de Daryl Cagle :www.stonesoupcartoons.comwww.caglecartoons.com


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