Algérie

«Dar ou couzina», une poche de misère



Dénuement - A voir ce quartier à l'architecture hétéroclite, affichant un air de désolation singulière, des signes de pauvreté et de misère apparents, on comprendra alors d'où vient, en partie, cette étiquette d'indigence qui colle aujourd'hui à la wilaya.Ce sont des numéros peints grossièrement sur les portes en fer forgé ou sur les murs aux façades inachevées et sur les fenêtres closes qui différencient les maisons presque identiques. Ici, il n'y a pas de plaques portant les noms des rues. Il faut être guidé par un des habitants pour pouvoir trouver son chemin. Hormis deux écoles primaires, dont la clôture extérieure de l'une d'elles a été transformée en dépotoir sauvage, il n'existe aucune autre infrastructure d'utilité publique.
Le cachet rural a fini par prendre le dessus sur celui de la cité. De petits troupeaux de chèvres et de moutons circulent librement en suivant un chemin habituel à travers les rues du quartier. Ces bêtes représentent, pour beaucoup de familles, une raison d'être, un capital inestimable à voir les soins dont elles sont entourées. Les terrasses des maisonnettes, avec toutes ces tôles en zinc, en eternit, les fûts métalliques, les barres de fer, des planches en bois, des pierres taillées, des briques et des parpaings, des ustensiles en plastique et autre bric-à-brac récoltés par les propriétaires, ressemblent à des dépôts de ferraille et donnent au quartier le cachet d'un bidonville.
C'est l'inscription «A vendre», très répandue d'ailleurs, qui a attiré notre attention. On la retrouve sur les murs et / ou sur les portes de la plupart des maisons, peinte en caractères difformes et dans des couleurs tape-à-l''il. Est-ce là un signe révélateur qui exprime l'envie de tout ce monde de quitter ces lieux où règne une misère poignante' C'est éventuellement ce que pourrait penser un étranger au quartier. Mais il se trouve que la réalité est tout autre. «Les maisons ont été revendues à plusieurs reprises déjà. Leur prix dépasse aujourd'hui 50 et 60 millions de centimes. Après leur récent raccordement au gaz de ville», ce prix va sûrement augmenter, assure Benalia, un habitant du quartier. Les regards vifs, qui démasquent du coup tout étranger au quartier, ne cachent pas leur curiosité. Les chuchotements vont alors bon train à propos de tout fait nouveau qui viendrait à casser la routine du quotidien. «Ici, rien ne se passe, hormis les disputes et les va-et-vient des nouveaux propriétaires, comme vous pouvez le voir, chacun vit en reclus. Rares sont les artères où règnent des relations de bon voisinage», témoigne Mahi notre accompagnateur, un jeune de 25 ans qui gagne sa vie en revendant de la pièce de rechange d'occasion et qui habite le quartier depuis trois ans. «Il n'y a rien dans ce quartier pour distraire les jeunes, en dehors de quelques cafés et de rares salles de jeux, sinon de rester près de chez soi, si toutefois on ne dérange pas le propriétaire de la maison mitoyenne», ajoute notre interlocuteur, qui déplore «le manque flagrant de transport en commun dans ce quartier. Il faut aller jusqu'au grand boulevard pour prendre un taxi à 100 DA ou bien attendre le taxi collectif pour voyager comme dans une boîte à sardines», ajoute notre guide. Le jeune homme déplore le fait que de nombreux jeunes versent dans la drogue et l'alcool, dérivant chaque jour, un peu plus, dans la délinquance, pour «tuer le temps». «Les débouchés professionnels sont rares et il faut dire que nous, jeunes, souffrons de la déperdition scolaire, entre le travail de la terre, le commerce informel et la maçonnerie, les alternatives sont quasi inexistantes pour la majorité d'entre nous», ajoute-t-il.


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