Danse contemporaine. Compagnie Nacera Belaza
Créer l?instant A aujourd?hui, Nacera Belaza dispose en effet d?une notoriété internationale établie qui la situe parmi les chorégraphes novateurs mais aussi « profonds ». Ses créations se distinguent autant par le sens de la recherche formelle que par leur contenu. Les mouvements des corps sur scène n?obéissent pas simplement à des considérations visuelles mais émanent d?une véritable approche spirituelle qui s?explique aussi par le parcours de leur créatrice. Née dans une famille algérienne émigrée en France, Nacera Belaza a poursuivi des études de lettres qui ont renforcé sa passion de la littérature et de la philosophie. Aussi, peut-on dire qu?elle appartient à cette catégorie de chorégraphes qui se livrent à une véritable écriture de la danse, pensant chaque séquence du spectacle comme le chapitre d?un livre dont les mots se traduisent en gestes, expressions et déplacements. Elle se livre d?ailleurs volontiers à l?écriture réelle, reliant son art à la réflexion sociologique ou éthique. On peut citer ainsi son essai publié en 2005 dans la revue Esprits sur le corps au Maghreb ou encore ses participations à divers ouvrages collectifs. Depuis 1987, année où elle créa sa propre compagnie, elle s?en est tenue à cette démarche avec déjà onze créations à son actif. Ce qui la distingue également, c?est le fait qu?elle soit une des rares chorégraphes en vue à être autodidacte, n?ayant jamais subi de formation académique ou autre en la matière, devenant danseuse par la force d?une passion arrachée à la tradition, apprenant par elle-même son métier de chorégraphe. Elle intervient également dans d?autres arts, ses interventions chorégraphiques au théâtre ou au cinéma étant appréciées des metteurs en scène comme Alexis Llyod pour son film Le miroir (2001), Ayad Ziani-Chérif pour ses pièces Les martyrs? (2002), Nedjma (2003) ou El Machina (2006) ou encore Gianni Fornet pour Sans tuer, on ne peut pas (2007)? De même, elle enseigne régulièrement son art et elle a animé plusieurs ateliers de formation-création (Algérie, Egypte, France, Hollande, Maroc, Palestine, Suisse, Tunisie?) au profit de jeunes danseurs ou créateurs. Elle a conçu plusieurs spectacles au titres évocateurs : Chacun sa chimère (1992), Périr pour de bon (1995), Point de fuite (1997), Le sommeil rouge (1999), Le feu (2001), Paris-Alger (2003), Le pur hasard (2005), Un an après, titre provisoire (2006) et Le cri (2008). C?est ce dernier spectacle qu?elle est venue présenter à Alger. Amorcé durant l?été 2007 à Alger avec de jeunes danseurs et un musicien d?Alger, à partir d?un programme de formation-création, Le Cri a poursuivi sa maturation en France. De sa belle écriture, Nacera Belaza, affirme à propos de ce cri : « Une de plus grandes libertés n?est-elle pas de refuser le mouvement pour créer l?instant ? Il me semble traiter à travers cette pièce d?un mouvement qu?on pourrait qualifier d?originel puisqu?on le retrouve dans bon nombre de danses traditionnelles, une sorte d?imperceptible balancement intérieur qui croît à mesure qu?il envahit le corps, comme pour lui donner une dimension supplémentaire qui l?ouvre davantage au monde. » Le spectacle commence par « un profond soupir » ajoute-t-elle, nous laissant imaginer justement que les premières danses humaines, originelles donc, seraient parties de cet épanchement de l?âme à travers le corps. En ouverture, la compagnie Vent de Sable donnera Silence, on tourne. Nacera Belaza espère renouer avec le public chaleureux qui l?avait accueilli les premières fois. En attendant de reprendre la tournée qui mènera sa compagnie en divers points de France puis, en octobre, au Festival Tangente de Montréal et à Beyrouth en novembre. « Le cri ». Compagnie Nacera Belaza. TNA. Square Port Saïd. Vendredi 21 et Samedi 22 mars à 19 heures.
Posté Le : 20/03/2008
Posté par : sofiane
Ecrit par : Slimane Brada
Source : www.elwatan.com