Algérie

Danse avec «l'élu»



A l'étranger, il y a de cela un certain temps, on avait beaucoup parlé d'une nouvelle maladie, «la déprime des politiques » qui a vu, du coup, nombre de responsables, surtout des élus, des pourtant bien élus, raccrocher leurs gants. Pourquoi 'Ils sont découragés, suite à la dégradation de leur image dans l'opinion. Ils sont gagnés, à l'heure de la mondialisation et des crises nouvelles qui se multiplient, par un sentiment d'impuissance. Ils ne veulent plus risquer, à tout moment, des mises en cause pénales pour des accidents ou des fautes, même involontaires. Ils se trouvent confrontés à des attaques « en dessous de la ceinture ». Ils ont le sentiment d'avoir sacrifié inutilement leur vie privée à un parti. Ils sont submergés par le cumul des mandats ou des postes. Ils vivent dans un monde cruel où l'amitié est absente et le machisme (pour les dames) est une règle. Ils subissent la pression médiatique. Ils ne supportent pas la défaite. Ils se voient obligés (pour les députés) d'être des « assistantes sociales » dans leur permanence. Et, enfin, ils se sentent inutiles face à des citoyens qui veulent surtout qu'on leur rende service : un boulot par-ci, un logement par-là…
La liste des griefs n'est nullement exhaustive, mais déjà le fardeau paraît si lourd que l'image de l'élu s'en est trouvée magnifiée (sic !) encore beaucoup plus. Gloire aux martyrs de la citoyenneté agissante !
On en est arrivé à se demander pourquoi, en Algérie, cette maladie n'existe pas. On n'en décèle même pas des symptômes infimes. Rien ! Oualou ! Nada ! Nothing ! Pourtant ce ne sont pas les partis, les élections et les élus qui ont manqué. Ne sont-ce donc pas les mêmes hommes et les mêmes valeurs ' Ou, alors, la situation est-elle différente '
On peut, cependant, esquisser, un diagnostic de la « non-déprime » de nos politiciens. La dégradation de leur image dans l'opinion ne les décourage pas. Au contraire, l'opinion des autres ne joue de rôle que lors des scrutins (en encore !). Heureusement que la nouvelle loi électorale a limité les mandats. La mondialisation ' C'est quoi ce truc-là ! Du « pipi de chat » à côté de « l'impérialisme », du « sionisme », du « néo-colonialisme », de « l'invasion culturelle » et du « complot extérieur ». La responsabilité pénale pour les accidents et autres dérives ' On a tout le temps de voir venir (avant, il y avait l'immunité parlementaire, dorénavant, il y aura l'immunité politicienne toujours compréhensive). Les attaques au-dessous de la ceinture. Elles flattent l'ego. On en re-veut ! Il n'y a de sentiment d'avoir sacrifié inutilement sa vie privée à un parti que lorsqu'il n'y en a qu'un seul dans sa vie. Dès l'instant où il y en a bien plus dans la même année, il est certain que la vie en privé est bien remplie et joyeuse. Le monde cruel ne les effraie pas, eux-mêmes l'étant. La pression médiatique ' Derrière chaque journal il y a un élu affairiste de surcroît (avant, on disait un colonel ou un général), n'est-ce pas ' Egalité parfaite. Les défaites politiques n'existent pas en Algérie. Il n'y a que des revers et des retraits et il y a, toujours après, un « troisième set » et/ou des héritiers. Les élus ne risquent pas de jouer aux assistantes sociales, les permanences n'existant (presque) pas. Quant à l'inutilité face aux citoyens qui passent leur temps à demandes des services, il y a là, les walis et les walis délégués et, depuis peu, les « médiateurs ».
Il faut donc le dire. En Algérie, il n'y aura jamais de « déprime des politiques », qu'ils soient élus ou… désignés. Bien ou mal. Pour eux (et elles), c'est « l'allégresse permanente »… et, souvent, de l'« humour » gros et gras en permanence… en campagne ou dans l'hémicycle. C'est ne plus (pas) « être dedans » qui fout la déprime. Donc, un jour ici, un jour là, mais jamais un jour sans. C'est toujours mieux et c'est toujours plus : un système vicieux pour un cercle vicié qui n'en finit pas de tourner depuis des décennies… et de se mordre la queue.
La médication pour avoir des politiques normaux, c'est-à-dire « déprimés » comme dans tout le reste du monde : bien élire les élus et ne plus les « désigner ». Encore faut-il trouver en face un peuple d'électeurs qui ne soit pas lui-même en pleine « déprime ». Les législatives du 12 juin vont-elles changer les comportements des élus et impulser de bons exemples ' Il faut l'espérer.


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