Algérie

Dans une salle remplie de travailleurs du port d'Oran



Dans un discours de plus d'une heure, marqué par des digressions improvisées et des échanges avec la salle, le chef de l'Etat a joué sur plusieurs registres pour convaincre les Algériens de voter.Si l'on pouvait tenter une comparaison avec le 24 février 2009, date référence du dernier discours du président Bouteflika à Arzew, avec celui qu'il a tenu jeudi, l'on ne retiendrait que le lieu : une salle omnisports savamment remplie de travailleurs du port d'Oran, de Naftal et de certains complexes de Sonatrach.
La comparaison, en effet, s'arrêterait là, car aussi bien dans l'ambiance entourant un tel événement et aussi bien dans l'attitude extérieure du chef de l'Etat, tout était diamétralement différent. Déjà, les prémices de cette atmosphère avaient été perceptibles avec, dans le programme de la visite, la disparition du traditionnel bain de foule ou de l'accueil populaire. Il a fallu attendre l'arrivée à Arzew, aux abords de la salle omnisports, pour trouver enfin des citoyens venus acclamer le chef de l'Etat et noircir quelque peu les rues et trottoirs clairsemés.
Autre signe révélateur, c'était le nombre peu important de barrières généralement utilisées pour canaliser et contenir l'engouement de la foule.
Mais pour autant le dispositif sécuritaire était très impressionnant et visible à tous les instants. Dans la salle omnisports, alors que le Président n'était pas encore arrivé, c'est un Sidi-Saïd qui endossera le rôle de ?chauffeur de salle? allant de gradins en gradins, soulevant les bras pour susciter des applaudissements. D'ailleurs, ce dernier aura bien eu droit à des ovations des travailleurs du port d'Oran, présents en masse, et ceux des complexes de Sonatrach et de Naftal tous mobilisés en cette veille du 24 Février. L'ambiance avait quelque chose de jour de matches de football, avec holà et des tribunes s'opposant à coups de slogans et d'applaudissements.
Assurément les travailleurs du port d'Oran tenaient à marquer leur territoire vis-à-vis de leurs ?camarades travailleurs?. L'on entendra alors des ?Ahay ! ahay, ya Naftal Ahay?.?. À un moment, un responsable du port qui souhaitait s'installer parmi les travailleurs sera presque éjecté par les sifflets et les gestes lui enjoignant de partir. L'arrivée du chef de l'Etat sera marquée par l'ovation d'une salle debout, au premier rang de nombreux ministres et personnalités comme le vice-président du PT, Abadou, Zahouania et les présidents du club du MCO sans compter des walis venus de l'Ouest avec les anciens comités de soutien. Le Président s'avancera d'un pas lent et difficile levant le bras pour saluer à son tour la salle. Puis quelques secondes après prenant place avec précaution sur le siège qui lui était réservé.
Les traits relativement pâles, le chef de l'Etat fera un long discours, avec de nombreuses interruptions dues aux réactions et autres acclamations des nombreux présents, l'obligeant d'une voix, par moment à peine audible, à demander le silence et écouter ses propos. La voix enrouée, butant parfois sur certains mots, le Président ne sortira que rarement de son discours écrit. L'une de ces rares fois, fut lorsque fusera du parterre où se trouvaient toutes les délégations officielles ?un quatrième mandat !? Ce qui lui fera dire ?seul Dieu est éternel?. Comme la salle ne s'y trompait pas, l'on entendra aussi ?e'chifa chifa??. Durant la visite sur les différents sites où il devait effectuer des inaugurations, les lieux étaient quasi désertés d'autant plus qu'ils se situaient dans des zones peu habitées comme le pôle universitaire de Belgaïd en pleine campagne ou encore le site de la pose de la première pierre pour un programme de 21 000 logements. Alors que la presse guettait les moindres réactions ou commentaire du chef de l'Etat, le plus souvent ce furent des échanges à voix basse entre ce dernier et les ministres des secteurs concernés. Au Centre national de développement des satellites, le président Bouteflika demandera d'une voix fragile une accélération de la mise en service du satellite de télécommunication Alcomsat1.
Quant à la presse, une fois de plus elle fut soumise à des conditions de travail drastiques qui ont eu pour conséquence d'entraver son travail, lorsqu'il ne lui fut pas tous simplement recommandé de rester dans les bus pour un meilleur déroulement des inaugurations, ?de toute façon, il ne fera aucune déclaration et il ne dira rien?, nous a-t-on lancé étrangement.
D. L


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