Dans un cauchemar, seul celui qui rêve a peur

Oui, il y a bien quelque chose de déprimant et d'agaçant dans cette mièvre mécanique où à chaque début d'année on se souhaite bonne année. Un rituel automatique avec des bisous, des c?urs, des v?ux, des étoiles et de longues prophéties indigestes sur le vivre heureux avec le temps présent et des souhaits d'amour à la confiture de Nutella.Pourtant, en Algérie, cela a beaucoup plus de sens qu'ailleurs, car 2019 est placé sous le signe de l'incertitude. Personne ne sait ce qu'il va se passer, et au sommet même de la nation, rien n'est réglé, avec une élection pas du tout évidente, reportée ou pas, sans savoir si l'actuel Président va se représenter, sans même savoir dans quel état de santé il est, sans même savoir s'il sait lui-même dans quel état de santé il est pour pouvoir décider s'il doit se représenter, se reporter ou se reposer. Pis, on ne sait pas quel est le poids de son entourage, ce cercle vicieux qui semble vouloir maintenir un statu quo et perpétuer le non-être, d'autant qu'avec la dernière sortie de Ghoul qui nie avoir parlé de report, alors qu'il l'a fait, on comprend que les décideurs, sans savoir qui ils sont réellement, ont encore changé d'avis.
Le reste découle logiquement de cette instabilité au sommet de la pyramide, avec guerre potentielle pour la succession, violence et corruption à tous les étages, le tout alimenté par des finances publiques en chute libre, compensées par le recours devenu suicidaire à la planche à billets, qui va à un moment se faire sentir sur l'inflation et une nouvelle dévaluation du dinar, achevant de miner le pouvoir d'achat des Algériens. Et, bien sûr, avec la possibilité d'une émeute globale et populaire pour protester contre l'inaction du gouvernement, payé avec notre argent pour imprimer de l'argent, ce que chaque Algérien pourrait faire chez lui. Bonne année ' Il faut avouer que même si on se réfugie chez soi avec son amour, sa télévision, son four à micro-ondes et son cadre doré du Président, ça va quand même être difficile.