Algérie

Dans ses yeux, une inoubliable pépite argentine



L'Institut Cervantès d'Alger a accueilli la projection du long-métrage Dans ses yeux de Juan José Campanella, dans le cadre du 2e Festival du cinéma latino-américain. Ce film noir, adapté du roman d'Eduardo Sacheri, est une pépite d'un 7e art argentin en plein essor.Pour la deuxième soirée du Festival du cinéma latino-américain organisé par l'Institut Cervantès d'Alger, le choix s'est porté sur un film qui a marqué les cinéphiles et raflé de nombreuses distinctions dont l'Oscar du meilleur film étranger en 2010. En 1974, Benjamin Esposito, un juge d'instruction campé par le charismatique Ricardo Darin, échoue à résoudre un crime atroce commis contre une jeune institutrice.
Vingt-cinq ans plus tard, il entreprend l'écriture d'un roman sur cette affaire classée, ce qui le replonge dans son enquête et ravive son obsession pour ce meurtre et, notamment, sa fascination pour l'amour et l'obstination du mari de la victime.
Dans un aller-retour entre 1999 et 1974, à une époque où l'Argentine s'apprêtait à plonger dans le cauchemar de la dictature militaire, Dans ses yeux se déploie sur plusieurs registres. Sa réalisation classique n'empêche aucunement l'avènement d'une esthétique singulière qui doit beaucoup à l'intensité de la narration et l'interprétation tout en reliefs des acteurs. Le cinéaste parvient à aspirer littéralement le spectateur dans ce drame multidimensionnel, allant d'une double histoire d'amour saisissante (celle de la victime et de son époux et celle d'Esposito et sa cheffe) à la radioscopie politique d'un pays malmené par l'Histoire, en passant par l'efficacité d'un polar palpitant.
Foncièrement psychologique, ce film noir, soutenu par un rythme dense, ne laisse aucun moment de répit au spectateur qui est pris dans un suspense quasi-étouffant concernant un meurtre d'autant plus insoutenable que Ricardo Darin ne se contente pas d'incarner un fonctionnaire de la justice défié par un crime impuni, mais composera un personnage complexe et ténébreux pour qui la vie de la victime devient un temple de beauté profané. On entre ainsi de plain-pied dans l'enquête et le final du film, aussi surprenant que tragique, constituera un dernier coup de maître du réalisateur.
A noter que le Festival du cinéma latino-américain se poursuit tous les jeudis à 18h à l'Institut Cervantès. Ce 14 février, le public a rendez-vous avec le film brésilien Dirval discos (2002) d'Anna Muylaerts qui se déroule fin des années 1990 à Sao Paolo où un jeune hippie aménage un magasin de disques dans la maison qu'il partage avec sa mère. Cette dernière, ne prêtant plus attention aux tâches ménagères et à la cuisine, il cherche à embaucher une femme de ménage qui accepterait d'être payée chichement.
Une jeune fille finit par se présenter au domicile et prend le poste avant de disparaître le lendemain en laissant une petite fille dont elle leur demande de prendre soin pour quelques jours. Mère et fils s'attacheront très vite à l'enfant, puis découvriront qu'il s'agit de la fille kidnappée d'une riche famille de la campagne...
Sarah H.


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