Algérie

Dans les rues d'Alger à la veille d'une guerre DES CITOYENS REAGISSENT AUX MENACES D'ATTAQUES CONTRE LA SYRIE



Dans les rues d'Alger à la veille d'une guerre DES CITOYENS REAGISSENT AUX MENACES D'ATTAQUES CONTRE LA SYRIE
Les gens ne sont pas insensibles à ce qui se passe en Syrie«Le monde est face à des cinglés qui veulent gérer la planète à distance avec des manettes comme de simples joueurs de playstation.»
En cette fin du mois d'août, Alger se réveille avec nonchalance, l'air marin vient titiller les façades resplendissantes des immeubles datant de l'époque coloniale qui viennent de s'offrir un lifting. Lentement, les quartiers de la capitale, connue pour sa luminosité, s'animent après une nuit de léthargie. Ce n'est pas l'élection du nouveau secrétaire du parti majoritaire, le FLN, ni la maladie du Président, encore moins la rentrée scolaire qui branchent les Algériens. Il y a un tout autre sujet, fait de peur et d'inquiétude: les bruits de bottes en Syrie. En ce matin de vendredi, jour de prière, le sujet qui est sur toutes les lèvres n'est autre que cette guerre annoncée contre la Syrie. On en parle à la maison, dans la rue ainsi que dans les cafés. Cette brûlante actualité sans jeu de mots ne laisse pas indifférente la rue algérienne. En allant à la rencontre des badauds, nous constatons une désapprobation inconditionnelle des citoyens algériens.
Ainsi, pour la majorité d'entre eux ce n'est pas la première fois que les Etats occidentaux imposent, somme toute, leur diktat. Ikram, journaliste dans un quotidien francophone estime que «l'intervention programmée contre la Syrie n'est qu'un prétexte marquant un retour de l'impérialisme sous une autre forme». «Figurez-vous, attaquer un pays qui est le berceau de la civilisation arabe et qui a une histoire quasi-trimillénaire c'est tout simplement écoeurant» s'exclame-t-elle ajoutant que «les armes chimiques sont des prétextes pour attaquer un pays qui demeure une menace pour la sécurité d'un autre pays que l'on appelle Israël».
Pour cette journaliste «les dirigeants occidentaux se ressemblent tous, Obama ou Bush, c'est la même chose! D'ailleurs, il faut appeler un chat un chat Obama a déçu le monde arabo-musulman», tranche la journaliste. Tarek S., 20 ans, lycéen à Kouba sur les hauteurs d'Alger, nous apostrophe avec un ton engagé et affirme: «Je refuse l'ingérence dans les affaires intérieures de la Syrie. Ceci est une affaire entre les Syriens; comme on dit chez nous, le linge sale se lave en famille et uniquement en famille.» Enthousiaste, ce lycéen ajoute: «Toutes ces déstabilisations ne datent pas d'aujourd'hui, elles ont commencé en Tunisie puis en Egypte.»
De son côté, Mourad, 27 ans, résidant à Kouba n'y va pas avec modération en soutenant que «le monde est face à des cinglés qui veulent gérer la planète à distance avec des manettes à l'image de simples joueurs de playstation». Très au fait de l'actualité internationale, Abderezzak, 20 ans, jeune étudiant en Sciences politiques a une autre vision des choses. Son analyse est que «les premiers responsables de cette catastrophe sont d'abord certains pays arabes complices des puissances occidentales». C'est donc un éclairage différent que nous livre cet étudiant qui n'oublie pas de souligner qu'«une majorité de pays occidentaux méprisent et foulent aux pieds le droit international. Quant aux pays arabes tels que le Qatar et l'Arabie Saoudite au lieu d'être en première ligne pour défendre la Syrie, ce sont les premiers à l'enfoncer» avant de conclure que «c'est vraiment malheureux pour le peuple syrien!» conclut-il. «Pourquoi l'Occident parle-t-il sans cesse des droits de l'homme hormis lorsqu'il s'agit bien entendu de la question palestinienne'», s'interroge Toufik, étudiant en droit, âgé de 25 ans. Très peiné par le spectacle qui se déroule en Syrie, Saïdi, 21 ans, étudiant en physique à l'Université des sciences et technologies de Bab Ezzouar à Alger, pense que «l'ingérence étrangère dans les affaires d'un Etat souverain est tout simplement inexcusable». Aussi, déduit-il que «nous sommes face à la réédition du même scénario qu'en Irak. En taxant de hors-la-loi ce pays et de dictature impitoyable. Or, aujourd'hui, qu'est-il advenu de ce berceau de l'humanité' Un pays éclaté en mille morceaux».
Dans ces témoignages, il ressort globalement que la rue algérienne est contre l'invasion de la Syrie par les puissances étrangères, non pas en soutenant forcément le régime du président syrien, Bachar Al Assad, mais c'est parce que les arguments avancés par les puissances occidentales sont fallacieux. Cela d'une part. D'autre part, ces attaques, ces bombardements et ces invasions sont toujours dirigées contre des pays musulmans. Cependant, parmi les avis recueillis dans la rue algérienne, il y a ceux qui estiment que la faute n'est pas uniquement due aux puissances occidentales, mais également à certains régimes arabes. «Ce sont certains régimes qui prêtent le flanc en se laissant envahir l'un après l'autre sans exprimer de solidarité entre eux alors qu'ils avaient les moyens de dire stop au vu de leurs ressources naturelles». C'est cette situation qu'exprime dans ses propos Mustapha, ouvrier qualifié, âgé de 37 ans. «Les pays arabes sont en pleine déliquescence car ils se sont éloignés des valeurs religieuses.
De plus, ce qui est scandaleux, c'est que les Arabes sont désunis alors que nous devrions nous entraider, on est loin du compte!» affirme-t-il. «Je prie Dieu de protéger le peuple syrien qui est le digne fils d'une très grande civilisation qui rayonne toujours. Pour moi, ce qui est dit sur la Syrie n'est qu'une manipulation orchestrée par la diplomatie américaine», termine-t-il. Cette rencontre des citoyens dans les rues d'Alger s'est terminée par les propos de Malek, originaire de l'est du pays qui déclare sans ambages et avec un grand sourire n'avoir aucun avis sur la question dans la mesure où toutes ces problématiques politiques demeurent floues pour lui. «To be or not to be, that's is the question», conclut l'étudiant en littérature anglaise.


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