Algérie

Dans les dédales de Ghardaïa



Très tôt, par une fraîche matinée de novembre, nous quittons le tumulte d'Alger, pour nous engouffrer, plus au sud, dans le Titteri, d'où, nous gagnerons plus tard les portes du Sahara.A l'approche de Médéa, une nouvelle infrastructure impose le respect; il s'agit des tunnels autoroutiers consécutifs, longs, chacun de 2,5 km et qui grimpent à près de 800 m au dessus de l'oued Mouzaia. Ils relient Sidi Madani dans la wilaya de Blida à El Hamdania dans la wilaya de Médéa. En fait nous roulons sur les premiers kilomètres de l'autoroute du sud Chiffra-Berouaghia, dont une bonne partie a été réceptionnée immédiatement après la crise sanitaire, entre 2019 et 2020. Réalisée par un groupement d'entreprises nationales et étrangères, cette autoroute, d'une distance de 53 km, permet une jonction rapide entre le Nord du pays et les localités du Sud. Cette voie d'accès rapide est composée de 57 ouvrages d'art, 10 pénétrantes et deux tunnels de 4,8 km, reliant la Chiffa à Berrouaghia. Très rapidement nous gagnons donc Benchicao qui domine fièrement les localités d'Ouled Brahim, El Omaria et Sidi Naâmane. L'horizon s'ouvre, désormais, sur Djelfa. A cette hauteur, nous ne sommes plus qu'à 80 km de Boughezoul, une région sur laquelle les plus hautes autorités du pays misent énormément car appelée à être la nouvelle ville, aux potentialités incontestables qui lui conféreront le statut de centre d'excellence et offrant à la fois un espace de compétitivité destiné à l'investissement et un pôle d'attraction destiné aussi bien aux populations des hauts plateaux qu'à celles du nord. Une nouvelle ville qui prévoit d'accueillir à l'horizon 2030, une population d'environ 400.000 habitants et assurer un marché d'emplois pour plus de 122.000 personnes. A la proche périphérie de Djelfa et aux abords de la route, des sacs en plastique amochent le paysage, pourtant féerique, où, des pins d'Alep et autres résineux plantent majestueusement le décor.
Djelfa est toute proche, couverte en cette matinée de novembre, de nuages bienfaiteurs. En fait, les aménagement apportés à l'axe nord sud qui mène d'Alger jusqu'au confins de la frontière algéro-nigérienne, aux confins d'Ain Guezzam, rendent les déplacements étonnamment rapides, aussi bien pour les personnes que pour les marchandises; c'est la route nationale n°1, laquelle est souvent empruntée par les convoyeurs Prégabaline, cette drogue du pauvre dont le trafic prolifère aux frontières algéro-Libyennes mais qui est mis en échec par les services de sécurité, notamment la gendarmerie nationale qui fait régulièrement cas de saisies importantes de plaquettes de ce médicament, détourné de son usage médical et devenu un produit très prisé dans les milieux de la toxicomanie et de la drogue.
Les tentatives d'acheminement, du sud vers le nord, de cette substance sont souvent mises en échec par les gendarmes qui cueillent les dealers aux postes de contrôle routiers.
La vallée du M'Zab
En route vers Ouargla puis El Oued, comme ultime étape, notre première escale est Ghardaïa. La capitale de la vallée du M'Zab que nous atteignîmes au couchant, présente des accès, où, sable et roches immaculés se côtoient. Dans l'entre de la médina oasienne nous gagnâmes le quartier Theniet El Makhzane qui débouche, au bout de quelques mètres, sur le centre ville, où est érigé un écran géant qui distille les joutes de la coupe du monde abritée cette année par le Qatar. Mondial de football oblige.
En contre bas, le lit de l'Oued qui avait gonflé un certain mois d'octobre 2008, rappelle les inondations meurtrières qui avaient dévasté la vallée du M'Zab. Le canal de l'oued est finalement dallé et les habitations qui longeaient jadis de près les berges, ont été définitivement effacées. Jalousement gardée par des remparts à l'architecture séculaire et qui lui donnent un cachet unique, la cité millénaire revit et se réapproprie l'un des ses atouts maîtres, le tourisme. «La saison touristique qui va du mois d'octobre au mois d'avril bat son plein. Elle voit une remarquable affluence de visiteurs étrangers, sur impulsion du ministère du Tourisme.» Rappelle à juste titre le guide touristique Slimane Fekhar qui, au même titre que ces confrères ont les carnets de rendez vous avec les touristes surbookés.
Belles mélodies
Dans la quiétude du soir, nous sommes orientés vers Bounoura, située à l'est de la ville et en contre bas de la cité Beni Isguen. Toutes deux cités séculaires classées au patrimoine mondial de l'Unesco. Ici les maisons d'hôtes rivalisent en termes d'accueil et de prestations en directions des visiteurs. Nous arrêtâmes notre choix sur le Gîte Tarist, une maison traditionnelle qui offre hébergement, restauration et visite guidée. Dans l'ombre tiède des palmiers, un méchoui est servi aux convives qui pourront se délecter en soirée d'une ambiance artistique, bercée par les sonorités langoureuses du Oud; un instrument, dont le fief de fabrication n'est autre que la ville de Laghouat, dans le strict respect d'un legs artisanal ancestral. L'on en joue des aires qui empruntent des mélodies de l'ouest algérien voire du répertoire marocain.
Les touristes nationaux ou étrangers trouvent ici quiétude et sérénité, loin des grandes métropoles modernes. Ghardaïa, renoue avec le tourisme. Ils sont de toutes nationalités, en majorité français, mais également espagnols, polonais, russes, américains...à s'y rendre. Pour les neufs derniers mois, les touristes nationaux sont au nombre de 36 463 alors que les touristes étrangers de 1235. C'est là une croissance en nombre de touristes de 8,4% par rapport à la même période en 2021, ce qui confirme le regain de dynamisme pour le tourisme à Ghardaïa. C'est là un bon début qui confirme les attentes des professionnels du secteur touristique qui ont affiché un grand optimisme quant au succès de la saison du tourisme saharien qui s'étalera jusqu'au mois d'avril 2022, après le recul de la pandémie de Covid-19 et la reprise des vols et des transports terrestres. Relève-t-on.
La saison de cette année devrait contribuer considérablement à la relance du tourisme et permettre de compenser les pertes financières subies par de nombreuses agences de tourisme et de voyages, induites par la pandémie de Covid-19 et entraînant l'arrêt des activités, pour certaines et faillite pour d'autres. Devant ces enjeux, Ghardaïa est en première ligne, car au-delà d'être elle-même une destination touristique, elle est l'une des principales cités aux portes du Sahara.
Vieux Ksar
Dans la capitale de la vallée du M'zab, le tourisme bat, désormais, son plein. Le jour est prétexte quant à lui, à des visites guidées dans les dédales de la vielle ville, dont les principaux accès sont équipées de caméras afin de mieux suivre l'itinéraire des touristes, dont le séjour est discrètement sécurisé. «Nous sommes séduits par cette région très attachée à ses traditions. Nous n'avons jamais vu pareil endroit au cours de nos différents périples à travers le monde. C'est impressionnant», confient des touristes polonais, ravis par la magie des lieux et encore imprégnés des parfums et des couleurs dont recèlent les échoppes du souk de Ghardaïa, véritable vitrine de l'artisanat local qui est d'une grande richesse.
Nous poursuivons notre périple le long de la RN 1 pour nous projeter sur Ouargla pour atteindre enfin le mystérieux Souf. Sur notre chemin, tout invite au voyage et à la découverte. Aux avants postes de Ouargla, Temacine au vieux Ksar fait un clin d'oeil au voyageur. El Oued Souf enfin se révèle enfin. La ville aux mille coupoles est devenue tentaculaire bien que le centre urbain garde intact ses repères comme le souk ou encore les vielles arcades commerçantes, longeant l'artère principale. Au delà des remparts de la ville soufie, une mer de sable infinie s'offre à l'oeil nu.
Dans ces paysages dunaires des professionnels du tourisme et autres safaris proposent leurs services aux visiteurs, notamment des bivouacs en plein Sahara, mais leurs proposent également des séquences de montées d'adrénaline en les invitants à monter à bord de véhicules 4X4 qui chevauchent les montagnes de sables et défient l'apesanteurs, en bravant des côtes et des descentes à forts dénivelés. El Oued recèle surtout d'un patrimoine culturel et artistique indéniable qu'entretiennent avec amour les soufis.


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