Algérie

Dans les coulisses des QG des candidats


Dans les coulisses des QG des candidats
Permanence de Bouteflika : Objectif, les réseaux sociaux10h du matin. La permanence électorale du candidat indépendant Abdelaziz Bouteflika, située dans le quartier chic de Sidi Yahia, à Hydra, est telle une ruche en ce jour férié. A l'entrée de la petite villa, un agent de sécurité oriente les visiteurs vers la réception où les sonneries du téléphone ne s'arrêtent pratiquement pas. Le siège ne désemplit pas. Une équipe de la chaîne saoudienne « Al-Arabya » est venue faire un reportage sur le QG. Le directeur de la communication, Abdeslam Bouchouareb, qui a eu à occuper cette fonction lors des précédentes campagnes de M. Bouteflika, se charge de diriger une armada de personnes. La stratégie de la direction de la communication du candidat Bouteflika repose sur trois leviers : les jeunes, le web et une organisation sans faille. En pratique, elle s'articule autour de six grands pôles principaux. « Le premier est celui qui a la lourde tâche de préparer tout ce qui concerne le matériel de campagne, les slogans, les affiches, les flyers, les T-shirts et autres supports », explique M. Bouchouareb. Le deuxième synthétise, de manière non exhaustive, le bilan des précédents mandats du candidat et fournit le détail des réalisations par wilaya. « Ce pôle travaille en collaboration avec le pôle Internet et les réseaux sociaux », précise le DG de la communication. Un pôle des relations avec la presse, destiné à recevoir les demandes d'accréditation et d'interview, a été également mis en place. Il prend aussi en charge le passage des représentants du candidat sur les différentes chaînes de télévisions et radios, dans le cadre de l'expression directe, mais aussi dans le cadre des débats organisés par les médias. Le pôle nouvelles technologies de l'information et de la communication est chargé d'alimenter le site officiel du candidat Bouteflika ainsi que ses comptes sur Facebook et Twitter. En ce sens, le responsable de la cellule « veille » et du site officiel du président candidat a fait savoir que le nombre de visiteurs du site officiel dépasse les 257.986. « Le site est alimenté en bilans, en réalisations, en photos des différents meetings. Notre objectif est de transmettre toutes les informations sur le déroulement de la campagne électorale en temps réel. Pour ce faire, un nouveau module vient d'être mis en place. Il s'agit de couvrir l'événement en ligne, en direct », précise le responsable, qui affirme que les internautes sont très sensibles, ce qui nécessite une vraie communication. Et aux commentaires critiques des internautes, le jeune informaticien signale que le site « répond par des photos de l'événement, à savoir les meetings ou par les bilans ».Chaîne « Wiam », les précisions du DGPour mieux gérer sa communication, le staff de Bouteflika a lancé une web TV nommée « El Wiam » qui occupe le 2e étage de la villa, ainsi qu'une web-radio. Les deux chaînes permettent aux téléspectateurs et aux auditeurs non seulement de suivre les réalisations du président Bouteflika et d'être au courant de son programme pour les cinq prochaines années, mais aussi l'actualité de la campagne. Dans les bureaux d'« El Wiam », plusieurs cellules ont été mises en place. Asma, une jeune journaliste, travaille à la cellule « visionnage ». Elle est là tous les jours de 8h à 19h pour faire le visionnage des vidéos. Le rédacteur en chef, chargé des flashs d'information en langue tamazight, explique que 18 équipes sont mobilisées au niveau national. « Il s'agit des équipes régionales chargées de couvrir les meetings des représentants du candidat Bouteflika et de faire des reportages sur ses réalisations. Dans les régions du Grand Sud, chaque wilaya dispose de ses équipes. On a aussi un réseau d'information en arabe, français, anglais, chaoui, mozabite et en kabyle », signale le rédacteur en chef. Le fer de lance de la chaîne « Wiam », ce sont des journalistes de l'ENTV. « Six journalistes de l'ENTV ont rejoint la chaîne. Ils ont fait un choix personnel par conviction politique. Ils ont pris un congé ou un congé sans solde », souligne le directeur de la chaîne, Lotfi Cheriet. L'ancien directeur de l'information de l'ENTV insiste pour dire que « Wiam » « n'est pas une chaîne de propagande, mais d'information pour notre candidat ». De même pour radio « Wiam ». « C'est une radio destinée aux jeunes Algériens en Algérie et à l'étranger », précise-t-il.Permanence de Hanoune : occuper le terrain pour mieux s'imposerLe calme règne en cette fin de matinée au siège du Parti des travailleurs transformé en QG de campagne de la candidate Louisa Hanoune. La salle de conférences a été aménagée en dépôt des programmes de la candidate. Une jeune fille pliait les prospectus. « On va les diffuser dans les marchés, les stations de bus et les quartiers, dans le cadre des rencontres de proximité », intervient un membre de la direction du PT, Rachid Zaret, seul responsable rencontré sur les lieux. « La campagne électorale, c'est le terrain. A quoi sert-il d'être au bureau ' Tous les membres du staff de campagne sont pratiquement occupés par l'organisation des meetings et des rencontres de proximité », fait-il savoir. Deux jeunes militants rejoignent le siège. L'un porte un pull rouge floqué du portrait de la candidate. Ils sont chargés du collage des affiches. Reste qu'un petit bureau est aménagé pour la cellule informatique. Face à son micro, un jeune veille à l'alimentation de la page Facebook et du site officiel de la candidate. Dans une autre salle, un autre jeune militant du parti, venu de la wilaya de Bordj Bou-Arréridj, est plongé dans la préparation de son intervention à la télévision.Permanence de Belaïd : Quand la mère du candidat fait le buzz12h. Au deuxième étage de la permanence du candidat du Front El Moustakbal, Abdelaziz Belaid, située à Chevalley, les bureaux de la commission de la communication. Ici, 14 personnes s'affairent sous la responsabilité de l'ex-journaliste à l'ENTV, Ahmed Bensabbane. La grande salle, aménagée en centre d'opération, grouillait de monde. Ils étaient près de 20 jeunes, la plupart des étudiants. Ces jeunes sont chargés du suivi de la campagne sur les réseaux sociaux, le Net et la presse en ligne. En ce jour, des jeunes, les yeux rivés sur leurs micro-ordinateurs, sont chargés de diffuser les premières photos du meeting de leur candidat. Sihem s'occupe de la programmation des intervenants du Front Al Mostakbal dans les créneaux TV et radio ainsi que des émissions spécialisées. Dans les bureaux adjacents, d'autres jeunes recoupent les articles publiés dans la presse nationale. « Les réseaux sociaux sont un outil technologique efficace, notamment Facebook, qui est largement consulté par les jeunes. On a investi cet espace pour exposer le programme de notre candidat », indique le responsable de la communication, Ahmed Bensabbane, qui affirme qu'un plan de travail a été établi après la décision du Conseil constitutionnel de retenir la candidature du président du Front El Moustakbal. « Notre stratégie porte essentiellement, sur le travail de proximité à travers les moyens numériques », précise M. Bensabbane. Et ça porte, à en croire le responsable de la cellule Internet, Chafik Batatache. « La page Facebook du candidat Belaïd a enregistré 7.000 fans en 48 heures », affirme-t-il. Et d'annoncer le lancement imminent d'une chaîne TV sur YouTube. « Le portail de notre candidat a été classé comme 2e vidéo sur YouTube », signale encore M. Batatache. Le portail fait découvrir le parcours du candidat, depuis son enfance. En outre, la photo de sa mère, portant l'affiche de son fils, a fait le buzz du web. Mais ces jeunes ne se sont pas limités à la diffusion de l'information. « On fait des reportages télévisés et on publie les coulisses des meetings et des activités de notre candidat. On a enregistré 1.540 visiteurs par jour et 1.200 adhérents quotidiennement », lance fièrement le responsable de la cellule Internet. A l'occasion, tous les meetings du candidat sont diffusés en temps réel. Cerise sur le gâteau, le candidat s'est offert une page en langue tamazight. Résultat : 5.000 visiteurs ont cliqué sur la page, selon M. Batatache.Permanence de Benflis : Pas de place : À l'improvisationAu siège de campagne du candidat indépendant Ali Benflis, situé à Ben Aknoun, tous les membres du staff sont déjà dans leurs bureaux. Le directeur de campagne, Abdelkader Sallat, ministre de la Justice du temps du gouvernement Benflis, est en réunion dans son bureau au deuxième étage. « Il risque de tarder. Aujourd'hui, il a un programme très chargé et ne pourra pas vous recevoir », informe son secrétaire. Le bureau de la direction de l'information est au premier étage. Les murs des couloirs de la villa sont couverts de portraits du candidat. Chaque étage abrite une direction. La direction de campagne, tenue par M. Sallat, chapeaute trois sous-directions. « Une sous-direction chargée de l'information, à sa tête Lotfi Boumghar, qui accompagne notre candidat dans ses meetings, pour l'encadrement de la presse, une sous-direction de la mobilisation et une autre pour la logistique », explique le coordinateur chargé des relations avec les unités de wilaya, Amor Laïd Khelifi. Pas de répit pour ce cadre retraité qui répond aux communications, se charge de l'organisation des interventions dans les médias audiovisuels publics et la coordination. La revue de presse est déjà prête dans un document plastifié. « On rejoint le bureau vers 8h pour faire le point sur la situation qui est suivie de près heure par heure », précise M. Khelifi. Les soutiens à l'ex-chef de gouvernement sont nombreux. Cela va d'anciens ministres et hauts cadres de l'Etat aux retraités de l'armée, comme cet ex-un pilote de chasse de la première promotion qui a participé le 19 juin 1965 « au redressement révolutionnaire » du président Houari Boumediène. L'ancien secrétaire d'Etat chargé de la Communauté nationale établie à l'étranger et ancien ambassadeur, Halim Benatallah, apparaît le visage souriant. Il confie que beaucoup d'anciens cadres d'Etat partagent les idées d'Ali Benflis. « On veut aujourd'hui matérialiser les idées par la compétence », intervient Laïd Khelifi. « Nous sommes tous d'anciens cadres, nous sommes là pour l'encadrement et l'orientation des jeunes », précise-t-il. « Pourquoi exigez-vous la présence de notre candidat sur le plateau, on vous a déjà expliqué qu'on a désigné un représentant ' », crie presque au téléphone l'ex-pilote, chargé des émissions audiovisuelles. Au sein de l'équipe Benflis, on ne badine pas avec la communication.Un casting pour les communicantsLes responsables de la direction de la campagne électorale ont procédé à un casting pour le choix des communicants chargés de porter sur les ondes les messages du chef. « L'essentiel, c'est l'aptitude à la communication. On a sélectionné des communicants de toutes les région afin de toucher toutes les catégories de la société », souligne M. Khelifi. Et ça marche, selon le coordinateur, d'autant qu'au sommet, la campagne de Benflis fait bouger les lignes. L'ancien chef de gouvernement est allé jusqu'à confier l'élaboration de ses discours à des experts en économie, en industrie et en droit. « Ali Benflis est rentré officiellement chez lui en 2004, mais il est resté en contact avec des économistes, des juristes. Il a mis en place un programme riche et complet, après 10 ans de réflexion, de consultations et d'étude. Il a pensé et rédigé un programme sur des données réelles, car il y a une différence entre les données académiques et celles du terrain », explique M. Khelifi. Cellule des moyens de communication électronique. Amine est responsable du site officiel du candidat. La fatigue se lit sur son visage. « Oui, il y a de la pression. On est mobilisé 24 heures sur 24. On doit suivre de près les meetings pour la diffusion des vidéos, des photos et des flashs d'information en direct et être à jour mais aussi actualiser le site qui constitue une source d'information même pour les médias », signale ce détenteur d'un master en intelligence artificielle, affirmant que près de 7.000 personnes visitent le site quotidiennement. Sur l'autre face de l'Internet, Mohamed Mekhalif gère les réseaux sociaux. Ce jeune licencié en droit a lancé en 2011 plus de 12 pages Facebook dédiées à son candidat. Il alimente, en coordination avec 20.000 autres fans de Benflis, les pages Facebook. « On fait la revue de presse, on consulte les commentaires des faceboockers, on défend le programme du candidat. On mène une vraie bataille électorale », confie Mohamed. L'une des jeunes bénévoles a les yeux constamment rivés sur l'ordinateur. Dans la grande salle, seuls les cliquetis des claviers brisent le silence. Sarah, master en électronique, Mohamed Zakaria, étudiant en sciences politiques, et Idir Nacer, étudiant en génie civil, mènent leur première expérience politique. « Nous sommes chargés de la défense du programme de notre candidat, la préparation des spots et le montage des vidéos. Notre objectif est de mieux faire connaître le programme. Actuellement, on enregistre plus de 167.000 visiteurs de la page officielle Facebook de notre candidat », précise Mohamed Mekhalif. Et pour clore la journée, tout le staff de campagne est réuni le soir pour un débriefing. On fait également le compte des dépenses.Permanence de Rebaïne : Le financement, un véritable handicapIl est 18h. Au siège du parti situé à Alger-Centre, qui fait office également de permanence du candit Ali-Fawzi Rebaïne, l'ambiance est morose. Les locaux sont presque vides. Dans un bureau, une jeune fille fait face au seul PC de la permanence. Le directeur de campagne, Djamel Amaouche, est pris par les appels téléphoniques. A l'exception d'un téléphone fixe et d'un fax, aucun équipement moderne ne meuble les lieux. « Notre staff est composé des directeurs de campagne dans chaque wilaya ainsi que de porte-parole du candidat », précise Toufik Ben Allou, le responsable de la communication. Ce dernier évoque le manque de moyens et reconnaît que l'absence de fonds « est un véritable handicap pour le fonctionnement de la campagne électorale ». Faute d'argent donc, le parti a dû recourir aux affiches de la précédente élection. Evoquer alors les experts et autres communicants dans ces lieux devient saugrenu. « Notre candidat est un militant très connu, notamment en matière des droits de l'Homme. Il n'a pas besoin d'experts ou de conseillers pour l'orienter dans ses discours, parce qu'il est sincère et convaincu. C'est le discours du c?ur qu'il tient », tempère son responsable de communication. Toutefois, un site officiel et une page Facebook ont été lancés depuis le début de la campagne électorale afin de renforcer les moyens de communication et le contact avec les citoyens. « Tout est virtuel dans les réseaux sociaux, mais ça nous permettra de connaître les avis des uns et des autres », conclut le responsable.Permanence de Touati : Le « classique »Les outils utilisés dans la campagne électorale dépendent-ils de la culture du parti, de ses moyens financiers ' A La direction de la campagne électorale de Moussa Touati, rien ne vaut le contact direct avec « le terrain », c'est-à-dire avec les citoyens. En effet, le Front national algérien (FNA) s'est contenté de mettre en place une cellule technique, dans un petit bureau, au niveau du siège du parti qui fait également office de permanence électorale, situé à Alger-Centre. Un informaticien, qui a exercé dans un quotidien national, gère cette cellule en coordination avec Mounir Athmani, un militant chargé de l'accueil, de l'orientation et du suivi. Un calme assourdissant règne au QG. « Notre priorité est le travail de proximité, c'est-à-dire le contact direct avec les citoyens. Notre candidat Moussa Touati est un homme connu et ses positions aussi. Nous sommes des militants de terrain pas de bureau », réplique le directeur de sa campagne, Abdelkader Boujouras. Toutefois, le coordinateur de la cellule technique fait savoir que le site officiel du candidat du FNA sera lancé incessamment sur Internet avec un nouveau look. « Il a été modifié et modernisé. Trois pages ont été également lancées sur Facebook. En 48 heures, on a enregistré 500 visiteurs. L'une des pages constitue un lien entre les bureaux de wilaya, pour faciliter le contact et la coordination », précise M. Athmani.


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